L'alpiniste Elisabeth Revol publie une «lettre d'adieu» à son compagnon de cordée sur Facebook
ALPINISME•Le Polonais Tomasz Mackiewicz, surnommé Tomek, n’avait pu être sauvé alors qu’il tentait avec l’alpiniste française l’ascension hivernale du Nanga Parbat…20 Minutes avec agences
Les mots sont forts et l’hommage magnifique, malgré la douleur d’avoir perdu un ami. L’alpiniste française Elisabeth Revol, rescapée de l’Himalaya en janvier, a partagé sur Facebook une « lettre d’adieu » adressée à son compagnon de cordée, Tomasz Mackiewicz. Ce Polonais n’avait pas pu être sauvé après leur ascension du Nanga Parbat au Pakistan.
« Jusque-là il m’était impossible d’écrire cette lettre… Tomek était l’un des hommes les plus libres et des plus indépendants que je connaisse. Il était hors normes. L’himalayisme qu’il pratiquait sur le Nanga en hiver était son art de vivre », écrit la rescapée de la "montagne tueuse" (8.126 m).
Elle avait dû redescendre seule
Les secours n’avaient pas été en mesure d’atteindre Tomasz Mackiewicz, surnommé Tomek, 43 ans, resté bloqué plus haut sur la montagne. Le Polonais tentait alors l’ascension hivernale pour la 7e fois, la 3e au côté d’Élisabeth Revol.
Au sommet, il souffrait de cécité des neiges et crachait du sang. Les deux compagnons de cordée avaient alors entamé « une fuite vers le bas », que la Française avait poursuivie seule pour rejoindre ses deux sauveteurs, Adam Bielecki et Denis Urubko. Les hélicoptères n’avaient ensuite pas pu aller chercher son compagnon de cordée.
« J’ai vécu des moments uniques avec toi »
« J’ignore le moment où tu as franchi la ligne extrême : si j’avais pu percevoir ce signe. Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à te perdre, à quel moment tu as franchi le point de non retour, si toi-même, tu l’as senti ? », s’interroge dans ton texte Elisabeth Revol.
« 90 mètres au-dessous du sommet, tu étais encore très bien, se rappelle-t-elle. Ensuite, on a peu parlé, mais pas moins ou pas plus qu’avant. On grimpait comme ça, concentré… je ne sais pas encore comment tout cela s’est passé pour qu’aujourd’hui on se dise adieu ».
« Aujourd’hui je t’écris une lettre d’adieu mais je préfère ne pas la terminer en te disant au revoir car c’est quelque chose qui m’est encore impossible. J’ai vécu des moments uniques avec toi, j’ai ressenti des choses extraordinaires et nous avons fait ensemble des choses belles et authentiques » ajoute l’alpiniste, avant de conclure : « Merci Tomek d’avoir été ce que tu as été. »