ARTS MARTIAUX MIXTESEt si Flessel aidait le MMA dans sa quête de reconnaissance en France?

Connaisseuse et ex-pratiquante... Laura Flessel pourrait bien aider le MMA dans sa quête de reconnaissance

ARTS MARTIAUX MIXTESSelon une information «20 Minutes», la ministre des sports devrait communiquer sur le MMA autour du mois de septembre...
William Pereira

William Pereira

Chacun son rôle dans la France de La République en marche : Emmanuel Macron part au clash avec le peuple pendant qu’ Edouard Philippe, distribue les pains sur un ring de boxe. Littéralement. Ça n’a jamais été un secret, le Premier ministre aime le noble art et il lui arrive même de s’entraîner avec l’ancien kickboxeur Jérôme Le Banner, lequel lui reconnaît même une certaine pugnacité. Edouard Philippe n’est pas le seul à avoir porté des gants rouges au sein du gouvernement. En visite dans un club de boxe d’Achères (78), fin 2018, Laura Flessel confiait au Parisien s’être servie de ce sport dans le cadre de sa préparation d’escrimeuse « pour le jeu de jambes ». Plus surprenant, elle a aussi testé les Arts Martiaux Mixtes (MMA) « pour l’agressivité ».

Quand Laura Flessel gagnait en escrime grâce au MMA

Info ou intox ? Ni une, ni deux, on se jette sur notre téléphone et on en touche un mot à une source bien informée sur les dessous de la discipline. On nous dirige vers l’un des tauliers du MMA en France, l’ancien judoka Bertand Amoussou. Ce dernier confirme et raconte.

« « C’est moi qui l’ai entraînée dans mon club, le Lagardère Paris Racing. A l’époque, ça faisait un moment qu’elle ne gagnait pas de tournoi, elle s’est dit que peut-êtrela pratique du MMA lui apporterait un nouveau souffle et elle a tenté le coup. J’ai mis en place quelques séances en accord avec son coach de l’époque. Quand j’ai démarré je ne savais pas où on irait et très vite ça a marché, elle a gagné un tournoi un mois et demi après, en Italie. On a beaucoup travaillé sur les distances. On a travaillé sur le fait de ne pas être dérangé par les petites distances, le fait de jouer un peu avec les épaules, de ne pas être perturbé par le contact. Il y a aussi eu un travail sur les déplacements, sur la motricité… » »

Et voilà comment, par la simple nomination de la médaillée olympique à la tête du ministère des Sports, le MMA a presque sans le savoir gagné une alliée de poids dans son interminable quête de reconnaissance en France.

Flash-back façon Westworld : Les compétitions de MMA sont interdites sur le sol français, comme c’est le cas en Norvège (anti-sports de KO) et en Thaïlande (qui veut à tout prix protéger la boxe Thaï). En jouant avec les subtilités de la loi, la première compétition du genre avait néanmoins pu être organisée fin 2015 dans l’enceinte du cirque d’hiver à Paris. Organisé en toute légalité et sécurité, le « Cage Encounter 4 » ravive alors les tensions entre pros et antis MMA et offre au débat une exposition nationale. Alors secrétaire d’Etat aux Sports, Thierry Braillard commande une mission parlementaire, finalement menée par le sénateur Jacques Grosperrin (LR) et le député Patrick Vignal (PS), dont la conclusion (datant d’octobre 2016) mène à la création d’un observatoire pour accompagner l’encadrement des Arts martiaux mixtes.

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Un peu plus d’un an après sa mise en place, ledit observatoire – où figurent présidents des fédés de judo, de karaté, de lutte, de la FFKMDA, sociologues, médecins et autres personnes ayant un avis pertinent sur la question - tient toujours. Contacté par 20 Minutes, l’ancien combattant Cyrille Diabaté y siège du haut de son statut de membre de l'AFMMA, plus grosse entité française de MMA qui réunit entre 80 et 85 clubs. S’il reconnaît que la présence d’une ancienne pratiquante de la discipline peut favoriser son émancipation, il loue davantage l’influence du rapport Vignal-Grosperrin que celle (restant à prouver) de Laura Flessel.

« « Le dossier qui a été rendu au gouvernement par Vignal et Grosperrin, ce rapport-là a fait énormément de bien parce qu’auparavant, il n’y avait que la parole des détracteurs qui était entendue, notamment celle de Jean-Luc Rougé [boss de la Fédération française de judo] qui disait n’importe quoi, qu’on était des djihadistes, qu’il n’y avait pas d’aspect éducatif dans le MMA. Il y avait aussi les journalistes qui parlaient d’un sport où tout est permis. Les lobbys puissants, Rougé en tête, nous ont nui mais ça va mieux. Aujourd’hui Rougé n’a plus la même puissance car sa fédération se casse la gueule, les médias ont compris que le MMA est un sport à part entière, ça évolue. » »

Bertrand Amoussou lui, se veut plus optimiste quant à l’influence de la ministre des Sports sur le dossier. « Jusqu’à maintenant, Braillard, Fourneyron, les types faisaient pas la différence entre le MMA, le kickboxing, etc. Avec Laura Flessel, il y a forcément plus d’écoute. La volonté de la ministre joue en notre faveur, maintenant il faut voir où cela nous mène. » A priori loin, à en croire Diabaté. « A l’observatoire, a abordé pour le moment deux thèmes, la santé des pratiquants et la formation des éducateurs, des entraîneurs. Ce sont les deux points les plus importants même s’il y en a d’autres à venir. Ensuite, la ministre va pouvoir statuer sur la légalisation. Je pense qu’on aura une annonce autour de la légalisation du MMA avant la fin de l’année et peut-être même avant la rentrée. » Ni plus, ni moins.

La pratique oui, les compétitions non ?

Du côté du ministère, on assure qu’aucune décision n’a été prise. Les contours d’un encadrement de la pratique ont été dessinés et proposés à Laura Flessel, qui étudiera le projet dans les semaines et mois à venir. On parle de septembre pour une possible communication officielle sur le sujet. Pour le moment, l’ancienne escrimeuse n’a rien décidé, nous dit-on.

Point analyse de texte niveau Bac de Français : Le choix des mots est ici important. La légalisation évoquée par Cyrille Diabaté enveloppe toute la pratique, compétitions comprises, par opposition à l’encadrement prôné par le ministère qui se focalise sur la pratique éducative du MMA comme dans n’importe club de judo ou de boxe. Amoussou : « L’encadrement, c’est la formation des entraîneurs, la validation des acquis pour les profs qui enseignaient déjà le MMA. C’est ce qui permettrait de faire en sorte que les gens qui veulent pratiquer ce sport le fassent comme il faut. »

Mais peut-on réellement officialiser la pratique d’un sport tout en continuant d’en interdire les compétitions ? « L’un ne va pas sans l’autre donc je pense que ce sera dans le cahier des charges. On doit le prévoir », estime l’ancien judoka, tout en comprenant la délicatesse de la position dans laquelle se trouve la ministre.

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« Il faut être prudent sur ces sujets-là. D’un côté, il y a la pratique qu’il faut encadrer, c’est clair et net mais de l’autre il y a aussi l’image. Car il y a une confusion dans l’esprit des gens sur ce qu’est le MMA. Le problème c’est que les gens quand ils tapent MMA sur Internet, ils ne vont pas voir les sessions éducatives avec les enfants où ça se passe super bien, mais des vidéos de l’UFC, des vidéos où des gars se mettent des pains. 99 % des séances se passent très bien. Et l’UFC ? Ils ne sont que 500 dans le monde ! En France, sur 100 pratiquants, il y en a deux qui voudront faire de la compétition. »

La mission parlementaire rendue par Patrick Vignal et Jacques Grosperrin ne s’y trompait pas en évoquant la nécessité d’organiser une « diffusion valorisante des contenus techniques, éducatifs et pédagogiques de la pratique des combats pluridisciplinaires en France » pour les aider à se défaire de sa mauvaise réputation. Et Laura Flessel peut l’y aider.