Coupe de France: On a parlé à l'homme qui reconstitue les exploits des Herbiers avec des Playmobil
FOOTBALL•La demie entre les Herbiers et Chambly est déjà lancé dans le monde des Playmobil...Propos recueillis par William Pereira
En avant les histoires. C’est facile mais on ne pouvait pas introduire le personnage phare de cette demie de Coupe de France entre les Herbiers et Chambly sans évoquer la célèbre devise de la marque Playmobil. Par « personnage phare » on ne désigne ni un joueur, ni un coach mais Patrice Doussin, brocantiste spécialisé dans la vente de Playmobil et la reconstitution des plus beaux exploits des Herbiers en Coupe de France à partir de figurines retapées. Auxerre, Lens et maintenant Chambly, tout le monde y passe. Ça méritait bien un entretien où il est question de genoux cassés, de père Noël et d’alcool vendéen.
aÀ quel moment vous vous êtes dit « tiens, et si je transformais des Playmobil en joueurs de foot des Herbiers » ?
Techniquement, je n’ai rien inventé, ça existe déjà. Les thèmes habituellement abordés sur la retouche de figurines c’est plutôt les rois de France ou l’époque napoléonienne, mais c’est pas ma came. Je préfère le foot. À la base, je suis vendeur de Playmobil d’occasion, j’en récupère partout où je peux en récupérer. Le foot, j’ai commencé l’année dernière avec le match contre Guingamp. Ça avait été exposé dans un bar. Et puis j’ai fait pareil avec Auxerre, Lens et maintenant Chambly.
Il paraît que vous en avez même fait pour les supporters Chambly justement ?
Oui. Ce que j’apprécie avec cette « notoriété », c’est que maintenant j’ai des contacts avec des gens de Chambly, limite des amis. Avant la demie à la Beaujoire, on a prévu de se voir et je vais leur apporter les figurines, une bouteille de Troussepinette qui est un alcool vendéen, eux vont m’offrir une écharpe. Enfin bref, ça sera sympa.
Parlons vrai, parlons technique. Quelles créations ont été les plus difficiles à réaliser ?
Le plus dur à faire, ce sont les cheveux et les barbes. Là j’ai fait deux dirigeants des Herbiers dont l’un a les cheveux blancs coiffés en arrière, j’ai beaucoup travaillé dessus, j’ai passé un temps abominable sur les détails. Parce qu’il faut que ce soit précis, ce sont des gens connus dans le bar où je suis exposé, il ne faut pas avoir l’air ridicule. Quand les clients ont vu la figurine, ils l’ont tout de suite reconnu, c’est ma récompense. L’autre dirigeant, plus petit et plus bedonnant, j’ai un peu forcé sur les traits du visage et lui ai coupé les pieds pour marquer la différence de taille.
Vous martyrisez aussi les genoux des Playmobil, paraît-il…
Contrairement à un footballeur, un Playmobil a les jambes raides donc si on veut les plier, il faut les casser et les recoller. Plier les genoux des joueurs, c’est compliqué à faire. Après il faut masquer tout ça au mieux pour que ça ne se voit pas en photo. Mais une fois qu’on a fait ça il ne faut pas les offrir à des enfants, on ne peut plus jouer avec (il rit).
« « Ma dernière création, c’est l’équipe des Herbiers au grand complet. Il me fallait 29 personnages en rouge. Par chance, il se trouve que j’avais ma caisse de père Noël. » »
Ils en pensent quoi de tout ça, les joueurs ? Ils vous reconnaissent ?
Les joueurs ne me connaissent pas personnellement pour la plupart. Ils savent que j’existe mais ne me connaissent pas trop. C’est sympa, comme ça je reste dans l’ombre. J’en ai vu un ce matin [vendredi] qui m’a encore dit que c’était très bien et que ça le faisait marrer. L’humour reste le truc principal. Je veux que ça soit drôle. Mes créations sur le foot ce n’est pas avec ça que je gagne de l’argent, c’est par passion. Autant que ce soit drôle.
Quelle est votre dernière création ?
C’est l’équipe des Herbiers au grand complet. Il me fallait 29 personnages en rouge. Par chance, il se trouve que j’avais ma caisse de père Noël. Bon, là ma caisse est presque dépouillée mais quand l’exposition sera terminée, il y a des figurines devenues footballeurs qui redeviendront des pères Noël.
Vous travaillez pas mal sur les arrière-plans, les tribunes. Ça représente quoi en termes de boulot ?
Pour les arrière-plans sur mes photos je ne fais pas vraiment de montages, je n’ai pas de logiciels de montage, je prends le fond en photo, je l’imprime et je prends par-dessus une photo avec les figurines. Ou bien je me débrouille avec Paint. C’est très préhistorique, je sais [Patrice ne sait pas qu’à 20 Minutes, on utilise beaucoup trop Paint].
Parlons encore technique. Est-ce que vous seriez capable de faire un joueur en train d’exécuter un passement de jambes ?
Tout est réalisable, même un passement de jambes mais ça demande un degré de compétences supérieur au mien. Il y a une jambe raide et l’autre pliée, sans compter qu’il y a l’équilibre à assurer. Dans la démesure, je sais que des Espagnols ont fait le stade du Real Madrid avec plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Je pourrais faire le Stade de France avec 80.000 spectateurs, c’est réalisable, il suffit d’en avoir les moyens. J’avais pensé à faire le stade des Herbiers, buvettes comprises, mais le club n’avait pas l’air plus enthousiaste que ça. Il faudrait que j’achète des tribunes, qu’il y ait un minimum de budget pour soutenir un projet de ce genre.
Combien de temps vous passez sur ces travaux ?
On ne se rend pas forcément compte du travail que ça demande. Par exemple, les gens ne se rendent pas compte qu’un Playmobil à short noir et chaussettes rouges, ça n’existe pas, qu’il faut les peindre. Généralement, je commence à travailler à 3 ou 4h, je fais une pause et me repose jusqu’à 7-8h, je vais au PMU pour m’imprégner de l’ambiance… Vivement qu’on gagne la Coupe de France que je reprenne un rythme de travail normal (il rit). Mais je veux bien pousser jusqu’au 9 mai sans problème.