INTERVIEW« Pour certains, je suis sans doute trop lisse », raconte Laurent Nicollin

Montpellier: « On ne partait pas la fleur au fusil, mais presque », raconte Laurent Nicollin

INTERVIEWAlors que le MHSC est candidat à une qualification européenne, Laurent Nicollin évoque sa première saison seul aux commandes du MHSC...
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • «Beaucoup de gens pensaient qu’on allait se casser la gueule », évoque Laurent Nicollin après l’été douloureux et mouvementé que le MHSC venait de passer.
  • « Pour certains, je suis sans doute trop lisse », précise-t-il, au sujet de son tempérament moins volcanique que son père, décédé en juin 2017, dont il a pris logiquement la succession.
  • « On fait des miracles dans un stade où les gens ne veulent plus venir », évoque-t-l au sujet du stade de la Mosson, alors qu’un projet de nouveau stade est annoncé mais son financement toujours en discussion.

Laurent Nicollin est devenu cet été le patron du MHSC, après le décès de son père, le 29 juin 2017. Alors que Montpellier, candidat pour l’Europe, accueille Bordeaux dimanche, l’ancien président délégué a accordé une longue interview à 20 Minutes.

Vous attendiez-vous à vivre une telle saison ?

Notre budget n’est pas très important (43,5 millions d’euros), on avait perdu notre président, notre meilleur buteur [Steve Mounié, parti à Huddersfield], avec un nouvel entraîneur. On ne partait pas la fleur au fusil, mais presque. Beaucoup de gens pensaient qu’on allait se casser la gueule. Aujourd’hui, la seule déception serait de finir au-delà de la huitième place. Si on n’est pas européens, il y aura des regrets mais on aura donné le meilleur de nous-mêmes.

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Pourtant c’était mal parti. Avez-vous eu peur en début de saison ?

Peur, non. Inquiet oui. La défaite à Dijon (2-1) ne m’avait pas plu du tout, ni les choses qui s’étaient passées dans le vestiaire. Ca s’est confirmé contre Nantes (0-1). Avec Michel [Mézy] et Bruno [Carotti], il a fallu recadrer tout le monde. J’ai demandé aux joueurs de changer d’état d’esprit, d’arrêter de se braquer sur des détails débiles et d’être solidaires.

De façon générale, on a l’impression que le club a changé. Le climat y est plus serein.

On essaie d’être un peu plus dans la zénitude. Ça m’empêchera peut-être pas des gueulantes, mais il faut le faire à bon escient, je préfère anticiper les choses. On en rigole parfois avec Michel Mézy. Quand on perd contre Rodez lors du premier match amical, on sait qu’on aurait morflé dans la voiture du retour. C’est une autre période qui nous a fait avancer. C’est peut-être un peu plus lisse aujourd’hui. Pour certains, je suis sans doute trop lisse.

Que change cette première année, seul aux commandes ?

Mon ordinaire n’a pas changé. Il est le même depuis quasiment 17 ans. Je suis dans le même fonctionnement d’échange avec Michel Peybernes [directeur administratif et financier], Bruno Carotti [directeur sportif], Michel Mézy [conseiller du président] et mon entraîneur. La différence, c’est qu’il n’y a plus un président actionnaire au-dessus de moi. Il n’y a plus la grosse couverture de cette protection médiatique qu’était Louis Nicollin. Parfois, il nous poussait vers la falaise, parfois il nous retenait. Maintenant on est tout seuls pour ne pas tomber. Et bien sûr, il y a le côté affectif, la perte de mon père.

Vous l’évoquez avec beaucoup de pudeur…

Parce que ça ne regarde que moi. Chacun a perdu un proche, un membre de la famille. C’est quelque chose de personnel. Je n’ai pas à faire pleurer dans les chaumières.

Cette saison, c’est aussi la réussite d’un très bon recrutement ?

La cellule de recrutement bosse très bien depuis sept à huit ans. On fait avec nos moyens financiers. On ne peut pas mettre neuf ou dix millions d’euros sur un joueur. On privilégie les joueurs libres ou les bons coups. Nos cinq scouts vont voir les matchs de L2. Mais il faut les signer en janvier. Après tout le monde est dessus et c’est trop tard. On a également une stratégie sur un ou deux ans pour ne pas bloquer des postes auxquels peuvent prétendre des jeunes issus de notre formation.

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Trois historiques, Laurent Pionnier, Souleymane Camara et Vitorino Hilton sont en fin de contrat. Seront-ils reconduits ?

On verra. Si Michel Mézy, Michel Der Zakarian ou Bruno Carotti me disent qu’il faut les prolonger, je le ferai. Pour leurs qualités de footballeurs, pas parce que ce sont des supers mecs. Ils le sont, ça ne changera rien à leur situation. Soit on leur proposera une saison supplémentaire, soit d’intégrer le club où ils auront toujours une porte ouverte. Pour le moment, rien n’est encore entériné. Cette saison, l’un d’entre eux est titulaire [Hilton], l’autre rentre en jeu régulièrement [Camara]. Il y aurait une certaine logique à les prolonger. Le troisième [Pionnier] ne joue pas donc je ne sais pas.

Jérôme Roussillon a un bon de sortie à condition que le club s’y retrouve financièrement. D’autres joueurs pourraient-ils partir ?

A ce jour, il n’y a aucun joueur sous contrat dont on souhaite se séparer. Après, c’est le football moderne et tout joueur est susceptible de pouvoir partir avant la fin de mon contrat. Du côté des recrues, il nous faut deux, trois joueurs pas plus. Il est facile de voir les postes à pourvoir. En fonction des éventuels départs, on verra s’il faut recruter davantage.

Où en est le projet du stade ?

La volonté du maire et la nôtre est commune. Pour le moment, on fait des miracles dans un stade où les gens ne veulent plus venir. Si on veut profiter des jeunes joueurs qui ont gagné la Gambardella qui vont arriver à maturité, avoir d’ici quelques saisons une équipe qui sera dans les huit premiers tout le temps, il nous faudra un nouveau stade. Notre développement économique ne passe que par là. Un lieu de vie avec brasseries, restaurants, boutique… Je suis persuadé qu’on tournera à une moyenne de 17 ou 20.000 personnes à chaque match. J’espère qu’on l’aura en 2022 ou 2023. C’est la France, il faut des procédures, des études, des contre-études… A condition bien sûr que ce qu’il nous rapport permette l’équilibre financier, que ce qu’on va payer en redevance et crédit ne nous étrangle pas financièrement. Si je dois payer cinq millions d’euros de location, je préfère rester et mourir à la Mosson, sans être tributaire d’une descente en L2 qui serait fatale pour le club.

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Quelle sera sa capacité ?

La volonté du maire est qu’il contienne plus de 30.000 places. Nous on était plutôt parti sur 25.000 pour créer une ambiance chaude. Mais on est toujours en discussion. On y mettra le musée, c’est certain. Ce sera une façon de rendre honneur à Louis Nicollin.

Le voisin nîmois est bien placé pour accéder en Ligue 1. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

(pince sans rire) Je suis ravi que le Stade de Reims [1er du classement] remonte en Ligue 1 car Jean-Pierre Caillot [ son président] est un ami.