Patrick Chila: «Battre les Chinois chez eux? Impossible»

Patrick Chila: «Battre les Chinois chez eux? Impossible»

TENNIS DE TABLE- Patrick Chila, pongiste de l'équipe de France, disputera à Pékin ses cinquièmes Jeux Olympiques.
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

Il est au tennis de table ce que Jeannie Longo est au cyclisme. Le doyen de son sport en équipe de France et depuis hier, l’un des athlètes français les plus assidus aux Jeux Olympiques d’été. A 38 ans, Patrick Chila, a décroché à Nantes son billet pour ses cinquièmes Jeux. Pour le pongiste de l'AS Pontoise Cergy TT, ce seront les derniers.


«Depuis vos premiers Jeux, en 1992, vous avez connu des qualifications moins éprouvantes…

C’est certain. Je termine 9e du tournoi et les 11 premiers sont qualifiés. Je crois que je suis rarement passé aussi près de l’élimination. En quart de finale, face au Serbe Karakasevic, je suis mené deux sets à rien et je réussis à faire tourner le match. Et puis au tour suivant, j’ai dû battre Damien Eloi… C’est difficile parce que c’est un super pote, mon témoin de mariage, le parrain de mon deuxième enfant. Pour aller aux Jeux, on est parfois amené à faire des choses qui ne nous plaisent pas.

A Pékin, vous pensez battre les Chinois ?

On est lucide: ce sera extrêmement difficile de décrocher une médaille. Voire impossible. Si on a une infime chance, ce sera par équipe. Depuis quelques années, mes partenaires de l’équipe de France et moi avons beaucoup reculé au classement mondial. Atteindre les quarts de finale serait déjà beau. Malheureusement, aux Jeux, seule la médaille compte. Si on veut se consoler, on peut se dire qu’il n’y aura que trois Chinois dans le tableau des Jeux contre huit aux championnats du monde (rires).

Comment expliquez vous votre longévité à ce niveau ?

J’en suis moi-même surpris. Contrairement à ce qu’on entend, le tennis de table est un sport très physique. En général, on ne dure pas autant de temps. Mais j’ai un jeu qui me permet de durer. Je joue des deux côtés (coup droit et revers). Je ne suis donc pas très mobile. En tout cas moins qu’un joueur qui prend tout en coup droit, comme le faisait Jean-Philippe Gatien. Et puis je n’ai jamais été vraiment blessé. Il y aussi un petit facteur chance.


Cette fois-ci, ce seront vos derniers Jeux ?

Oui, c’est sûr. Je n’ai pas fixé la date de ma retraite, mais je sais qu’après Pékin, j’arrêterai l’équipe de France, pour laisser la place aux jeunes. En revanche, je ne mettrai pas un terme à ma carrière. Je continuerai à jouer en club. Je viens d’ailleurs de signer deux ans avec le club de Levallois. »