Lille-Montpellier: Gérard Lopez, l'homme qui est en train de conduire le LOSC dans le mur
FOOTBALL•Le président du club nordiste voulait tout changer mais il est en train de conduire le LOSC vers la Ligue 2...François Launay
L'essentiel
- Arrivé il y a un an aux commandes du club, il voulait faire passer le LOSC dans une nouvelle dimension.
- Problème : Lille est avant-dernier de Ligue 1 à neuf journées de la fin.
- L’homme d’affaires hispano-luxembourgeois a accumulé les erreurs.
Et dire que l’union sacrée avait été décrétée cette semaine au LOSC. Formulé par Gérard Lopez, le président du club, lors d’une rencontre avec les supporters lundi à Luchin, ce vœu pieux s’est fracassé sur le mur de la réalité et de la stupidité de certains individus samedi soir à l’issue du nul contre Montpellier (1-1).
Quand une centaine de supporters nordistes a envahi la pelouse pour manifester sa colère et s’en prendre physiquement à certains joueurs de leur équipe, on s’est dit que plus rien ne tournait rond dans ce club, 19e de Ligue 1, qui court vers la relégation.
Ironie de l’histoire, dans l’amphithéâtre de Luchin lundi dernier, Lopez avait demandé aux supporters de secouer un peu plus les joueurs. Il ne pensait sans doute pas à ce genre de méthodes. Surtout que le patron du LOSC, copieusement insulté par les supporters, en a aussi pris pour son grade.
Gérard Lopez a fui… une fois de plus
Du coup, au vu de ce scénario gravissime, au vu de la crise dans laquelle se trouve le club, on pensait naïvement que le patron du club nordiste allait venir s’exprimer devant la presse dans un exercice de communication de crise. Las, l’homme d’affaires luxembourgeois, visiblement secoué par les événements, a envoyé au feu son bras droit Marc Ingla, directeur général du LOSC.
Une fois de plus, Gérard Lopez a fui. Rarement présent à Luchin, l’homme d’affaires, qui a racheté le club en janvier 2017 à Michel Seydoux, délègue beaucoup. Mais donne surtout le sentiment qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Surtout, celui qui avait mené l’écurie de Formule 1 Lotus à la quasi-banqueroute en 2015 pourrait bien connaître un scénario similaire avec le club lillois.
Des promesses vite envolées
Et pourtant, que la mariée était belle il y a encore quelques mois. Promis, juré avec Gérard Lopez, le LOSC allait entrer dans une nouvelle dimension. La preuve ? L’arrivée inattendue de Marcelo Bielsa, l’entraîneur argentin, aux commandes du club. Pour l’épauler, Luis Campos, l’un des meilleurs recruteurs de la planète qui avait fait ses preuves à Monaco.
Sur le papier, l’idée était alléchante : faire du LOSC une sorte de show room où les jeunes joueurs achetés à bas prix dans le monde entier, allaient progresser avec Bielsa pour mieux être revendus un an ou deux plus tard moyennant de jolies plus-values à la clé. On repassera pour l’amour du maillot mais après tout, le foot business n’est pas une maladie (quoique…)
Preuve que ce projet allait marcher, Lopez n’avait pas hésité à emprunter plusieurs dizaines de million d’euros à des fonds d’investissement attirés par un retour rapide sur… investissement. Sauf que rien, mais alors rien, ne s’est passé comme prévu.
Un bilan catastrophique
Bielsa ? Viré après trois mois alors que le club avait cédé à tous ses caprices (recrutement, loft des anciens cadres, aucun joueur d’expérience recruté…). Aujourd’hui, les deux parties s’attaquent en justice, la semaine dernière au tribunal de commerce, et dès mardi devant les prud’hommes. Drôle d’épilogue.
Les résultats ? Une catastrophe. Le LOSC se traîne depuis le début de saison dans la zone rouge sans donner le sentiment de pouvoir s’en sortir.
Les finances ? Un grand mystère. Si le club affirme depuis le début que le montage financier est inédit, ça ne semble pas voir convaincu la DNCG qui a interdit le club de recrutement cet hiver et attend toujours des garanties financières.
Les supporters ? Patients pendant de longs mois, ils avaient commencé à manifester leur colère avant la trêve hivernale avant d’exploser dans une rage folle samedi contre Montpellier.
Et on ne serait pas complet si on ne parlait pas dans cette saison noire de l'accident de la tribune d'Amiens où plusieurs supporters lillois ont été blessés même si évidemment le club n’est pour rien dans cette affaire…
On oublie aussi que le LOSC s’est brouillé avec pas mal de clubs français pour avoir brisé le tabou de recruter des jeunes joueurs dans l’Hexagone.
Bref, la méthode Lopez est une catastrophe et pourrait bien mener le LOSC vers sa première relégation depuis vingt ans. La seule bonne nouvelle est qu’il reste encore neuf matchs pour éviter le pire. Mais aller brûler des cierges à Notre Dame de la Treille, la cathédrale lilloise, ne sera pas de trop pour aider les derniers croyants.