Nicolas Hourcade: «Ces écarts de comportement apparaissent plus intolérables aujourd’hui»
FOOTBALL – Ce sociologue spécialiste du «supportérisme» revient sur l’ampleur pris par l’affaire de la banderole…Propos recueillis par Alexandre Pedro
Nicolas Hourcade est un sociologue qui s’intéresse aux différents mouvements de supporteurs. Pour 20minutes.fr, il décrypte les arcanes du kop Boulogne, une nouvelle fois pointé du doigt après l’affaire de la banderole anti- Ch'tis…
Pourquoi tant de réactions ? Ce n’est pas la première banderole de ce genre que l’on voit dans un stade ?
Elle prend une plus grande portée parce qu’elle intervient lors d’une finale, au stade de France, en présence du Prédisent de la République. Depuis quelques mois, le monde du football est plus réactif aux injures, notamment racistes. Les affaires Ouaddou et Kébé en témoignent. Quand on dit que les propos racistes augmentent autour des terrains, c’est faux. Joseph Antoine Bell (gardien noir de l’OM à la fin des années 80) recevait des bananes de la part des supporteurs adverses. Mais aujourd’hui vient se greffer le contexte d’une société travaillée par les inquiétudes sécuritaires. Tous ces écarts de langage et de comportement apparaissent alors plus intolérables
Quelles sont les différentes composantes de la tribune Boulogne ?
La tribune Boulogne est complexe. Les Boulogne Boys, le groupe ultra, forment le groupe le plus connu. Ils sont dans un modèle de supportérisme à l’Italienne d’animation de la tribune avec des tifos et des banderoles. Les «Indépendants» représentent une tradition plus anglaise, basée sur les chants et, pour certains, cette tradition s’accompagne sur la recherche de la violence. Les effectifs des durs, parmi ces deux groupes, peuvent varier de 40 à 300 personnes selon les circonstances. Ce sont eux qui dominent la tribune.
Sociologiquement, quels sont les individus qui composent le kop Boulogne?
Les effectifs du Kop viennent surtout des classes populaires et moyennes. Contrairement à sa réputation, Boulogne est loin d’attirer seulement des fascistes purs et durs. La dimension politique de Boulogne se comprend en terme de territoire. Pour s’opposer aux bandes des « cités », le kop de Boulogne s’est constitué comme un territoire interdit aux «racailles».
Est-ce l'un de ces groupes qui a déployé la banderole?
Je ne sais pas, mais ceux qui ont fait ça ne sont sans doute pas inconnus au kop.
Où en sont les dirigeants du PSG dans leur relation avec le Kop Boulogne?
Les dirigeants entretiennent le dialogue ce qui n’est pas critiquable. Par contre ce dialogue n’est pas toujours clair et ouvert.