JO 2018: Echappée, suceur de skis et Froome... On a suivi le relais de ski de fond comme une course de vélo
JEUX OLYMPIQUES•Parce qu'on est vraiment un peu trop fans de vélo...William Pereira
De l’un de nos envoyés spéciaux, à Pyeongchang,
On va être honnête avec vous : le vélo nous manque. Alors quand, en escaladant la tribune de presse du domaine de ski de fond de Pyeongchang pour suivre la course, on se surprend à trouver des similitudes entre le relais et une étape du Tour de France, forcément, on accroche. Du départ de Jean-Marc Gaillard à l’arrivée en bronze d’Adrien Backscheider, on a saoulé tous nos confrères avec nos allusions au cyclisme. Et en gros, ça donnait « ça » :
Km 0 : Le départ réel est donné par Christian Prudhomme et le peloton s’élance à moyenne allure. C’est parti pour cette étape de montagne, avec un profil favorable à Romain Bardet. On y croit.
Km 4 : La Russie (Ilnur Zakarin) et le Kazakhstan (Aleksey Lutsenko) partent seuls. Personne ne réagit. C’est parti pour l’échappée du jour.
Km 36 : On attaque la deuxième difficulté de la journée, un col hors-catégorie. L’échappée a une énorme avance et l’Italie de Nibali durcit le ton en tête de peloton pour ne pas trop laisser partir les hommes de tête. La France (Bardet), tient le coup et franchit le sommet du col dans le groupe des favoris.
Km 72 : La pente s’accentue à nouveau, la sélection est faite. Derrière le Russe et le Kazakh, Nibali, Bardet et Froome (ici norvégien par dérogation) s’isolent. Face au retour des favoris, Zakarin n’a d’autre choix que d’accélérer. Son compagnon d’échappée et de partir très fort. « Lutsenko distancé ! On retrouve Thierry Adam sur la moto 6 ! »
Km92 : Les trois leaders rattrapent le Kazakh. La France prend beaucoup trop de relais, et comme le dit à juste titre un collègue « les Italiens prennent jamais de relais ». En connaisseurs, on ponctue ça d’un « suceur de roues ». Heureusement que Rui Costa n’est pas là.
Km 100 : Ce qui devait arriver arrive. Nibali plante une attaque après avoir profité du travail de ses partenaires, qui contrôlent l’écart à distance. Aucun écart n’est créé (à part le Kazakh lâché), l’attaque est vaine mais la course animée. Vive le Tour !
Km 128 : Alors là, on ne l’avait pas vue venir. Si fringant sur la montée précédente, l’Italien paye ses efforts et s’effondre complètement dans un Galibier enneigé comme en 1996. « Aie, aie, aie, la fringale », crie-t-on. Froome et Bardet fondent sur Zakarin.
Km 140 : Zakarin complètement décramponné. C’est parti pour un duel entre les deux hommes forts du jour. Enfin, ça, c’est ce qu’on croit.
Km 150 : Après un coup de moins bien au pied de la montée de l’avant-dernière difficulté, le Russe monte au train et revient progressivement sur le duo de tête. Bardet accélère et tente de lâcher Froome, qui est facile. On le sait, ça finira par coûter cher au Français.
Km 155 : Zakarin recolle au pied de l’Alpe d’Huez malgré le travail de Bardet ! Étonnant scénario. Et le Russe canarde dès les premiers virages du col mythique. Au bout de la quatrième attaque, le Français finit par être décramponné, épuisés par tous ces relais.
Km 160 : Attaque du Russe ! Incroyable, il prend cinq, dix mètres à Froome-Klaebo. Et si on assistait à la grosse surprise de la journée ? Ah non… L’écart est aussitôt comblé. On y a cru.
Km 158 : Froome était facile, on le savait. Il corrige son adversaire en plantant une banderille le cul vissé sur la selle et la tête baissée. « Il regarde son capteur de puissance en parlant dans l’oreillette, là », dit-on.
Km 160 : En deux bornes, et sans trop forcer, le grand favori creuse un écart tellement important qu’il se permet de se relever avant l’arrivée pour fermer son maillot et faire plaisir à son sponsor. À en dégoûter la concurrence. Bardet perd du terrain mais serre le poing, il sera sur le podium sur les Champs-Elysées.