JEUX OLYMPIQUESJason Lamy-Chappuis, le plaisir avant les résultats

JO 2018: Lamy-Chappuis vous déçoit? Il y a méprise, Jez est avant tout (re)venu pour le plaisir

JEUX OLYMPIQUESJason Lamy-Chappuis ne réalisera pas les meilleurs JO de son histoire, mais il n'est pas venu à Pyeongchang pour ça...
Jez' a retrouvé le sourire
Jez' a retrouvé le sourire -  Newspix24/SIPA
William Pereira

William Pereira

De l’un de nos envoyés spéciaux à Pyeongchang,

« Il y a un peu moins d’adrénaline. » Il faudra un jour que Jason Lamy-Chappuis se fasse une raison : le cockpit d’un avion a beau lui procurer de formidables sensations, la carcasse métallique de l’engin l’empêchera toujours d’embrasser l’air libre. Pour renouer avec les éléments, il fallait donc sortir de sa retraite sportive et renfiler la combinaison de saut à skis.

C’est chose faite début avril 2017, alors que le champion olympique 2010 vient de boucler ses études de pilote de ligne. Le meilleur moment, à en croire l’intéressé, que nous interrogions à l’automne : « J’ai fini ma formation au printemps dernier, j’ai eu tous mes diplômes. Il y a un petit peu d’attente pour se faire embaucher, le timing était parfait. Et là je me suis dit "c’est un signe. C’est un signe". »

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La vérité, c’est que la flamme s’était déjà rallumée en cabine, et on ne parle cette fois pas d’avion. « Le fait d’être consultant TV [pour Eurosport], de commenter les courses de mes copains, je vibrais avec eux en fait. Et du coup il y avait ce petit manque de pouvoir vivre des émotions avec eux », avouait-il. C’est cocasse. En 2015, Lamy-Chappuis a arrêté pour se consacrer à ses études (« la formation de pilote est mon deuxième rêve et si j’attendais trop longtemps avant de me lancer, ça allait devenir trop difficile »). Là, il appuie sur pause parce qu’après, il sera aussi trop tard pour reprendre le combiné. Foutu temps qui passe.

Là pour l’ambiance des JO, pas les résultats en indiv'

D’ailleurs, n’était-il pas déjà trop tard ? À 31 ans, le sauteur-skieur a du mal à retrouver un niveau qui lui permettrait de jouer les premiers rôles. En Coupe du monde, il n’a marqué que dix points, soit une centaine de moins que ses potes du relais, Maxime Laheurte, François Braud et Antoine Gérard. Sur l’épreuve du petit tremplin des JO de Pyeongchang, non plus, Jez n’était pas à la fête : 31e. Pénalisé par un saut insuffisant par rapport aux leaders, il n’a eu d’autre choix que de se mettre dans le rouge pour essayer de revenir sur la manche de ski de fond, en vain. Le boss de l’équipe de combiné, Jérôme Laheurte, jure que son poulain est sur la pente ascendante. « Depuis le mois de janvier on a eu le temps de faire un bon stage de préparation. Là il a plus confiance en plus, il a l’esprit des JO ça va lui donner le supplément d’âme dont il a besoin. »

Plus que les résultats, c’est précisément pour l’ambiance olympique que le porte-drapeau de Sotchi​ a décidé de rempiler (même s’il reprendrait bien du rab de top 10 en individuel). « Il est là pour s’éclater, pour vivre ça encore », confirme Laheurte. Et Jez d’ajouter :

« « J’ai l’excitation d’un petit jeune oui, depuis mon retour. J’ai de l’expérience mais aussi l’excitation comme si c’étaient mes premiers jeux. Je pense que ça, ça m’a beaucoup aidé à revenir à haut niveau parce qu’aux entraînements, c’était dur. » »

Avec Jez', le groupe vit bien

Le bonhomme n’est pas dupe quant à son niveau, surtout depuis cette chute automnale coupable d’avoir retardé sa progression sur le tremplin. En individuel, et malgré un stage pré-olympique encourageant, ce sera donc compliqué pour lui. Sur le plan sportif, il n’est plus le leader omnipotent de l’équipe de France, mais un membre à part entière dans un collectif attendu sur le relais (« ils sont trois à faire des top 10 régulièrement en Coupe du monde mais sur l’expérience et un bon saut je peux apporter autant, sur le finish aussi »).

En revanche, Lamy-Chappuis est convaincu d’avoir un rôle à jouer dans la vie de groupe. L’or olympique est au sport ce qu’une décoration est à l’armée : quand vous l’avez, on la ferme et vous écoute.

« « Leader moral ? Ouais peut-être, en tout cas si je suis revenu c’est pour l’équipe. J’ai essayé d’apporter mon expérience, surtout aux jeunes, de leur expliquer comment ça allait être pendant les jeux, les règlements avec les sponsors par exemple… Et de les préparer parce que j’ai envie qu’ils soient bien, qu’ils soient pas surpris, car on a tous à apprendre des plus anciens. Moi j’ai appris des plus anciens en 2006 j’ai envie d’avoir ce rôle d’apporter mon expérience et d’être bien au sein du groupe. » »

Un peu comme le porte-drapeau de délégation qu’il a pu être en 2014, mais seulement à l’échelle de son microcosme. C’est plus tranquille et moins chronophage. Jérôme Laheurte : « il y a quatre ans, il avait une pression monstre parce qu’il était porte-drapeau, il avait eu des soucis qui ont fait que… (Il se reprend) Aujourd’hui il défend pas un titre. » À Pyeongchang, il est venu l’esprit léger. C’est toujours pratique, quand on veut s’envoler.