Real-PSG: Serrer les dents une demi-heure et c’est réglé? Comment Paris doit faire pour prendre une option
FOOTBALL•Si les Madrilènes passent au travers de la saison, c’est qu’ils ne jouent souvent qu’à mi-temps…Julien Laloye
De notre envoyé spécial,
C’est le sens de ces matchs-là. Plus on s’en approche, plus on raisonne en valeur pure, et moins cela paraît facile. Le Real Madrid est immonde deux week-ends sur trois, mais il a déjà commencé à nous jouer du violon. Deux roustades à la maison contre des faire-valoir en Liga (sept pions contre La Corogne, cinq contre la Real Sociedad), et tout d’un coup, le Bernabeu redevient plus menaçant que l’étoile noire. Marcelo, cheveux électriques et sourire confiant du type qui connaît ça mieux que personne : « On sait ce qu’on doit faire, on sait ce que c’est de gagner cette compétition ». Deux fois de rang, même. On en tremblote de frousse rien qu’en l’écrivant.
Surtout, garder la tête froide pour le PSG. Si le Real se retrouve à jouer sa saison en février, c’est qu’il a merdouillé quelque part. Plus précisément sur le chemin des vestiaires de la mi-temps. Avant, les Madrilènes représentent de loin l’équipe la plus performante du championnat espagnol, jamais menée au score à la 45e minute. Après, c’est Omaha Beach.
Le Real Madrid explose en vol aux alentours de l’heure de jeu
Si on ne prend en compte que les deuxièmes mi-temps en Liga, le Real se retrouve dans la deuxième partie du tableau, dans le viseur des relégables. Les chiffres exhumés par un twittos datent de la mi-janvier, mais le fond de l’affaire n’a pas changé : le Real Madrid explose en vol aux alentours de l’heure de jeu.
Francisco Carrasco, ancien international espagnol désormais consultant, résume les perspectives parisiennes : « Si le PSG arrive à résister en première mi-temps, il aura fait une grande part du travail. Après le repos, je pense que la rapidité de Neymar ou Mbappé peut faire très mal en contre-attaque. Mais attention, le Real Madrid se transforme en Ligue des champions. »
Ce que notre ami veut dire : le Real, dans ses bonnes périodes et ses mauvaises, incarne la Ligue des champions. Encore plus dans les mauvaises, devrait-on dire. Plus il est à la ramasse, plus le club madrilène est dangereux. Le sacre de 98 face à la Juve ? Les mecs n’étaient même pas sur le podium en championnat. Celui de 2000 au Stade de France ? C’était la victoire ou la Ligue Europa l’année d’après. Cela explique tout le tintamarre réservé habituellement aux remontadas. Et que je te chauffe le public en lui repassant les buts de la victoire de Cardiff avec l’hymne de la Ligue des champions en fonds musical à la fin du match contre la Real Sociedad, et que je ressors les stats de CR7 en Coupe d’Europe, et que j’assure qu’on va voir ce qu’on va voir, le PSG va faire dans sa culotte rien qu’en rentrant sur le terrain.
Le PSG a déjà été piégé dans les entames de matchs cette saison
Il faut dire que l’adversaire est bon client. Les Parisiens passent pour des rigolos en Espagne puis leur déliquescence en mondiovision au Camp Nou, et chaque supporter du Real doit penser sans trop le dire qu’il suffira d’un coup de pression de dix minutes pour faire pleurnicher Thiago Silva et ses coéquipiers. Si, en plus, ils ont vu comment le PSG s’était fait bouger dans l’intensité à Munich, à Marseille ou à Lyon, lors des seuls grands matchs où les joueurs d'Emery ont eu à se faire mal cette saison, on ne peut que leur donner raison.
aMais voilà. Tout ça n’est valable qu’une grosse demi-heure. Après, c’est le Real qui finit en crumble, selon les règles bien connues de l’effet domino
- Ronaldo, qui occupait de mauvaise grâce le côté gauche, se recentre progressivement
- Marcelo commence à monter en même temps que Carvajal (ou Nacho mercredi) en revenant défendre de moins en moins
- Kroos chargé de couvrir tout ce petit monde, décide qu’il en a plein les bottes et ne redescend plus non plus récupérer le ballon
- Casemiro essaie de compenser mais du coup il laisse Modric en galère de l’autre côté
- La défense centrale se retrouve livrée à elle-même à 30 mètres de ses buts
- Ramos se fait expulser sur une balle en profondeur ou alors Varane fait une connerie quelconque
- Zidane sort Benzema qui n’a servi à rien à part sur une remise sympa en première mi-temps pour faire rentrer Asensio qui ne servira à rien non plus à part sur une remise sympa mais trop longue
- Ronaldo s’énerve
- Le Real s’incline
- Le public siffle Benzema même s’il est déjà sorti
- L’élimination est proche
- C’EST LA CRISE
On résume et en rajoute, évidemment, mais on ne retire rien à la réflexion générale. Si le PSG parvient à résister à la furia assez longtemps sans prendre le bouillon, ce qui n’est pas acquis non plus quand on défend avec Kurzawa et le grand-papy d’Alvès sur les côtés, la suite pourrait être une boucherie interdite aux moins de 25 ans entre la jeunesse parisienne devant et la vieille garde madrilène derrière, avec supplément ketchup au retour.
« C’est l’intensité qui fera la différence »
Qu’en pensent les Parisiens, justement ? Ils semblent avoir prévu le coup. Marquinhos : « On connaît la force qu’ils ont chez eux, il faut aborder ce match avec de la personnalité. On doit montrer le même courage à l’extérieur qu’à la maison. C’est très important. » Emery : « J’espère un match très compétitif, et surtout avec beaucoup d’intensité. Quand tu as des joueurs à ce niveau, c’est l’intensité qui fait la différence et la capacité de surmonter individuellement les actions de un contre un. » L’entraîneur parisien répondait pour la 1500e fois à une question sur la remontada de l’an passé et la faillite mentale de son groupe. « La préparation de ce match a commencé au Camp Nou. C’était une mauvaise expérience, et on veut montrer que l’on a appris de ce jour. » Une saison pour préparer une demi-heure de jeu. On espère voir la différence.