JO 2018: Martin, t'es où? Aux Jeux, la réalisation télé rend-elle le biathlon incompréhensible?
TELEVISION•Bon, sur les épreuves type poursuite, le réalisateur s'en sort. Mais sur les épreuves contre-la-montre...J.S.-M.
L'essentiel
- La réalisation des premières épreuves du biathlon a fait polémique, en France mais pas seulement.
- Le réalisateur ne filmait pas les favorites et ne donnait que très peu de repères chronométriques.
- Il a semble-t-il progressé depuis.
De l’un de nos envoyés spéciaux à Pyeongchang,
19/20 : c’est le score au tir de Martin Fourcade et d' Anaïs Bescond, ce lundi à Pyeongchang. Mention très bien et deux médailles : d’or (pour lui), de bronze (pour elle). Pas de récompense, en revanche, pour le réalisateur du biathlon. Mais tiens, cette histoire de notes nous a donné une idée.
Comme ses choix font polémiques, on va lui en donner aussi, des notes. Avec l’aide d’Alexandre Boyon, qui commente le biathlon sur France Télévisions. Et qui reconnaît ses progrès depuis le début des Jeux : « par rapport à la catastrophe du sprint féminin, c’était Spielberg ! » Notons Spielberg, alors.
>> Faire les bons choix éditoriaux : 9,5/20 - C’est mieux mais c’était facile, la poursuite.
De longues minutes à filmer seulement trois concurrentes, les trois premières à s’être élancé, lors du sprint individuel. Le réalisateur a rendu fou les téléspectateurs lors du sprint féminin, samedi. Et Alexandre Boyon :
« On se retrouve à faire de la radio… Sauf qu’on a des images. Et qu’elles ne sont pas en adéquation avec ce qu’on raconte. Si tu dis que la Française est bien placée et qu’on ne la voit pas, ça ne va pas du tout. Et je ne suis pas le seul à râler : les confrères russes et allemands, notamment, sont furax aussi ! » »
Précisons deux choses, à l’attention des téléspectateurs qui fustigent la « réalisation coréenne. » Elle ne l’est pas. Ce sont les Olympic Broadcasting Services (OBS), une agence du CIO, qui réalisent et diffusent les images, repris par les télés dans le monde entier. Ses réalisateurs ne connaissent donc pas forcément sur le bout des doigts les classements de la Coupe du Monde ni le taux de réussite d’Anastasiya Kuzmina au tir couché. Ce qui peut se comprendre.
Net progrès sur la poursuite, ce lundi. « En même temps, c’est simple à réaliser : tu filmes les gars qui sont devant, c’est le premier arrivé qui gagne », rappelle Alexandre Boyon. Le « vrai test » pour le réalisateur, selon lui, ce sera l’individuel (mercredi 12 heures pour les femmes, jeudi 12 heures pour les hommes) : un format contre-la-montre, comme le sprint.
>> Donner suffisamment de repères chronométriques : 12/20 - En net progrès
Dans un contre-la-montre, précisément, il faut des données chronométriques. Et là, c’est le drame. Quasiment pas de datas, comme le disent les commentateurs dans leur jargon. Donc on ne pige rien. Et Alexandre Boyon se fait trasher sur les réseaux sociaux.
Mea culpa du commentateur, et explications :
« Comme c’est la première fois que je commente du biathlon, je me suis dit "peut-être que je ne suis pas au niveau ?" Mais beaucoup de collègues me disent la même chose : sans data, c’est intenable. C’est comme si tu commentais un contre-la-montre sur le Tour sans temps de référence ! » »
On a plus vu les fameux datas sur la poursuite - mais il suffisait de regarder les écrans pour comprendre que notre Martin national était devant. Là encore, ce ne sera pas la même histoire sur l’individuel…
>> Les petits clins d’œil qui font plaisir à l’antenne : 6/20 - C’est pas encore ça
Le génie d’un réalisateur, ce qui fait la diff' dans le métier, c’est le coup d’œil. Ne pas louper la petite image glanée par un cameraman : le petit signe de l’athlète à son staff, ou la crise de larmes à l’abri des regards. Et à ce niveau-là non plus, ce n’est pas la folie… Alexandre Boyon :
« Un truc qui m’a tout de même frappé, sur les épreuves de poursuite : il ne montre quasiment jamais l’anneau de pénalité ! On ne voit pas une seule star en train de réaliser son tour de pénalité, c’est dommage… » »
Heureusement, on a vu le porté de drapeau de Martin Fourcade en franchissant la ligne d’arrivée. En même temps, c’était difficile de le louper…