JEUX OLYMPIQUESVIDEO. Larmes, joie... On vous raconte la soirée du clan de Perrine Laffont

VIDEO. JO 2018: Les larmes du coach, la joie des parents... On vous raconte la soirée du clan de Perrine Laffont

JEUX OLYMPIQUESOn a vécu les trois « run » de Perrine Laffont au milieu de son clan...
William Pereira

William Pereira

De l’un de nos envoyés spéciaux à Pyeongchang,

Le sport est cruel. Au moment où s’effondraient les espoirs du clan d’Andi Naude en même temps que celle-ci sortait de piste sur le dernier run de la finale de ski de bosses dames, celui de Perrine Laffont exultait. « Championne du monde », crie maladroitement une voix que l’on est incapable d’identifier, tandis que le père de la nouvelle héroïne française serre chaleureusement la main des journalistes ayant fait le déplacement. Les cris se succèdent, les visages se détendent et les drapeaux tricolores s’agitent dans tous les sens, brisant de plein fouet les flocons qui tombent sur le Phoenix snow park, l’un d’entre eux se permet même de nous gifler comme si le vent glacial ne s’en chargeait pas suffisamment bien. Mais c’est pour la bonne cause : une jeune Ariégeoise de 19 ans vient d’apporter à la France sa première médaille d’or aux Jeux olympiques de Pyeongchang.

Un déguisement de coq, la crispation de la mère et la lucidité du père

Une heure auparavant, l’ambiance était bien différente. Madame Laffont, seule au milieu de la foule face au mur de neige, observe, inquiète, les run des concurrentes. Elle se faufile entre deux supporters américains un peu trop grands chantant à la gloire des leurs pour jeter un œil sur l’écran géant et s’enquérir des scores adverses. Perrine a terminé sixième de la première manche et l’enthousiasme n’est pas au plus haut. « Il faut qu’elle prenne ça comme une épreuve de Coupe du monde. Il ne faut pas penser à autre chose », nous dit-elle, avant de s’éclipser quelques instants plus tard.

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Le reste du clan n’est guère plus bruyant. Les drapeaux flottent timidement autour de la mascotte des supporters, un homme intégralement déguisé en coq qu’on n’a pas eu le courage de prendre en photo – une heure dehors, ça refroidit. Le deuxième run commence « allez Pépé, allez Pépé ! » crie-t-on à s’en briser les cordes vocales. En notre for intérieur de personnes sans âme, on se dit que c’est vain, qu’elle est si loin, qu’elle n’entend rien, la Pépé. Peut-être a-t-on tort. Laffont monte à la troisième place et l’ambiance grimpe d’un cran.

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« C’est maintenant, c’est maintenant ! » On se cherche, se prend dans les bras. Les médias nationaux et même étrangers sollicitent l’expertise de monsieur Laffont, dont les analyses sont d’une précision redoutable. La Kazakhe là ? « Son saut est pas mal, elle va faire un bon score ». Et boum, 77.40. La suivante ? « Non, ça ne sera pas suffisant ». Bingo, quatrième. Au tour de Perrine, qui dégaine le run de sa vie. La médaille est assurée. « Quelle que soit la couleur, c’est déjà une telle fierté, surtout à son âge. »

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Mais les ambitions du paternel grimpent quand l’avant-dernière concurrente, Justine Duffour-Lapointe, échoue d’un rien derrière sa fille. « Forcément, on a envie d’un peu plus que l’argent ». C’était une poignée de secondes avant de voir Naude sortir de la piste et de lever les bras au ciel, ému au point de ne pas trouver d’autres mots que « Ouais ! Ouais ! Ouais ! » pour exprimer son bonheur. Sa compagne, elle, tombe dans les bras du faux coq, soulagée, au bord des larmes. Perrine Laffont est championne olympique, bordel !

Les larmes du coach et la revanche par procuration

Par pudeur et pour éviter de louper la nouvelle championne olympique, on laisse ce beau monde se féliciter de cette victoire pour filer en zone mixte. En haut, Ludovic Didier, chef des skis de bosses, est sans doute le plus ému de tous.

« J’ai vécu ça en me disant là c’est juste le rêve qui devient réalité. Ça fait depuis gamin que je voulais faire du ski, depuis gamin que je voulais aller aux JO, depuis gamin que je voulais faire une médaille et voilà. Là, la médaille elle est faite et de la plus belle des manières. C’est tellement de fierté, d’émotions, de récompenses pour les choses qui ont été mises en place depuis quatre ans. On nous a beaucoup critiqués, que le ski de bosses c’était pas connu, que ci, que ça. » »

Ludo tient sa revanche, envers et contre tous. Il réalise, petit à petit, que sa disciple est en or et qu’elle a ouvert la voie pour la France en Corée du Sud. Il vient de gagner par procuration. Accoudé à la barrière qui nous sépare de lui, il se tait longuement avant de fondre en larmes. « Ça n’a pas été facile parce qu’on nous a pas donné les moyens de le faire. Quand Perrine est rentré en équipe elle était très jeune. À Sotchi il y a eu ce coup d’éclat et il a fallu le gérer. Quand tu te retrouves à 15 piges parmi les finalistes olympiques et après gérer cette pression olympique pour continuer à faire aussi bien, sachant comment elle est… On aurait pu ramasser une gamine à la petite cuillère parce que tout était trop beau… On a beaucoup travaillé avec sa préparatrice mentale aussi. Forcément, on est ému. »

Et la suite de la soirée, alors ? Elle se passera au club France pour Perrine. Ludovic Didier, lui, ne fera pas trop la fête. « On va essayer de profiter de la soirée avec le staff mais il faudra rester concentré pour la finale des garçons », conclut-il. Avec le même succès que la veille, si possible. Ça serait bien.