VIDEO. JO 2018: «C’était la course la plus dure»... Perrine Laffont a surmonté une fatigue extrême pour décrocher l'or
JEUX OLYMPIQUES•Perrine Laffont a su dompter la fatigue pour décrocher son premier titre olympique…William Pereira
De l’un de nos envoyés spéciaux à Pyeongchang,
Ce devait être le soir de Martin Fourcade. Tout le monde l’avait prévu, les journalistes français les premiers. Si bien qu’en zone mixte, il n’y avait pas foule pour braver le blizzard et tendre le micro aux dépens de ses doigts à Perrine Laffont. Tant mieux pour nous, privilégiés que nous sommes. Tant mieux pour la nouvelle reine du ski de bosses féminin, qui n’a pas eu à répondre à d’interminables questions. Car c’est éreintée par une campagne olympique psychologiquement exigeante qu’elle a répondu, sourire timide en coin, à nos questions.
Il faut dire que « Pépé », comme son clan l’appelait affectueusement du bas de la piste, ne s’est pas arrêtée depuis son arrivée sur le site olympique.
« Il y a eu un moment de fatigue dans cette finale, c’est vrai. Depuis qu’on est arrivés on n’a pas arrêté, à chaque entraînement je voulais faire des pauses et les entraîneurs disaient non. C’était la course la plus dure que j’ai faite, aujourd’hui. » »
Mais bénie soit cette fatigue : Perrine Laffont jure que c’est grâce à elle qu’elle a pu réaliser cette troisième manche de rêve, celle qui lui a permis de tenir sa dauphine à un petit dixième de point. « Je pense que la fatigue m’a servie aussi. Dans mon premier run, j’étais nerveuse et cette fatigue m’a apaisée, je me suis dit, il me reste un run, tu en as toujours rêvé, fais-le. »
Libérée, délivrée
Au fur et à mesure que l’usure s’est installée, Perrine Laffont est montée en puissance, c’est un fait. Sixième au premier round, troisième au deuxième, puis, finalement, première au tout dernier, là où les choses comptent vraiment. Avec au bout, ce rêve pour lequel elle en a tant bavé. « C’est juste fou. Je l’ai rêvé tellement de fois, je me le suis imaginé tellement de fois, je l’ai visualisé tellement de fois et puis j’ai souffert aussi tellement pour ça aussi. Ça a été un sentiment incroyable. J’ai réalisé le rêve que j’ai eu depuis toute petite, que je travaille hyper fort depuis quatre ans. Sur le podium [de remise des fleurs], on se sent légère. Légère et satisfaite. »
Délestée du poids des attentes, délestée de la peur d’échouer comme à Sotchi, où les regards étaient braqués sur la surdouée de 15 ans déjà capable de dompter les bosses comme les meilleures. Aujourd’hui, Perrine Laffont est heureuse, mais elle refuse d’oublier l’échec russe de 2014. « Sotchi, c’est pas effacé. C’est peut-être ce qui m’a construit, ce qui m’a aidé à être championne olympique aujourd’hui, ça fait partie de mon histoire. » Et de l’histoire tout court, celle qui retiendra qu’une gamine de 19 ans aura été la première française parée d’or aux JO de Pyeongchang. « Une fierté supplémentaire », pour papa Laffont. « C’est toujours bien de débloquer le compteur, j’espère que ça va ouvrir la voie pour les autres », s’enthousiasme Ludovic Didier. Après avoir montré la voie lors de la cérémonie d’ouverture, c’est au tour de Martin Fourcade de suivre la voie tracée par la jeunesse.