«La surface de réparation»: Comment la crise au FC Nantes en décembre 2016 a (un peu) modifié le scénario du film
FOOTBALL•«La surface de réparation», tourné en partie à Nantes et en collaboration avec le club nantais, sort, ce mercredi, en salle...David Phelippeau
L'essentiel
- Le film « La surface de réparation », tourné à Nantes et en collaboration avec le FCN fin 2016, sort dans les salles ce mercredi.
- Ce long-métrage avait été tourné en pleine crise du club nantais… ce qui avait quelques conséquences sur le tournage.
Moteur, ça tourne. Stop. On arrête tout. Le film de Christophe Régin La surface de réparation, qui sort dans les salles obscures ce mercredi, a été réalisé en partie à Nantes et en collaboration avec le FCN*. Ce long-métrage, c’est l’histoire de Franck ( Franck Gastambide), un type un peu paumé qui vit depuis dix ans en marge d’un club de foot de province (le FC Nantes), dans lequel il n’a pas réussi à devenir pro, mais autour duquel il gravite toujours. Pendant le mois de décembre 2016, l’équipe du tournage a pris ses quartiers à Nantes.
Deux clubs de foot en France avaient été ciblés : le FCN et Montpellier. Les deux étaient d’accord pour servir de cadre au film. Ce sont finalement les Canaris qui ont été choisis par le réalisateur. « Nantes a dégainé plus vite, explique Marie-Ange Luciani, la productrice du film. Mais, c’est surtout le club de cœur au départ du réalisateur Christophe Régin. Le côté familial, centre de formation et beau passé ont aussi joué en la faveur du FCN… »
Des premiers repérages inquiétants
Les premiers repérages débutent en terres nantaises en fin d’année 2016. Le 5 novembre, Nantes-Toulouse (1-1), tous les responsables du film sont en tribune présidentielle. Juste avant le coup de sifflet final, une cinquantaine d’individus tentent d’accéder à la loge du président Kita pour en découdre avec lui. « On vient pour faire un repérage et là, ça déborde, raconte Marie-Ange Luciani. On entendait des insultes, des sifflets… J’avoue que ce soir-là, j’ai eu peur du mouvement de foule. » Et craint aussi pour l’avenir du film. En novembre, le Nantes de René Girard s’enfonce dans la crise. L’ambiance devient délétère au stade. L’équipe du film se pose beaucoup de questions. Des scènes sont prévues à la Jonelière, mais surtout à la Beaujoire.
« Le film a été en danger ! »
« Le FCN et la préfecture nous ont avertis des risques. Ils ne pouvaient pas nous assurer une protection de manière certaine. A la Beaujoire, on devait être une équipe de quarante personnes et installer du matériel coûteux. A un moment, le film a été en danger. On a pensé l’arrêter ! On s’est aussi demandé si le FCN n’allait pas nous dire de ne plus utiliser son image… »
Une scène devant le stade (vente de places à la sauvette) doit être filmée, celle-ci verra le jour lors d’un « vrai » match. En revanche, « pour raisons de sécurité », l’équipe du film sera contrainte de repousser certaines prises et même de changer tout simplement ses plans. « Un jour, de 17 heures à 6 heures du matin, on a reconstitué une ambiance de match à la Beaujoire avec 200 figurants dans et en dehors du stade », se souvient Luciani. La reconstitution implique la présence de baraques à frites, supporters, stadiers… Tout le decorum d’un soir de match. « Tout le monde a joué le jeu… »
Une scène dans un bar… plutôt qu’en Loire
Plus cocasse, et toujours en raison d’un climat tendu autour du FCN, une scène qui devait être captée en plein match au beau milieu de la tribune Loire… sera purement et simplement annulée. « On a fait autre chose, poursuit la productrice. Le réalisateur a été obligé de réécrire un peu l’histoire. » Le bar de supporters le Saint-Georges « remplace » la tribune Loire. « Cette scène [au Saint-Georges] avec Franck [Gastambide] et une jeune fille est belle au final… »
Le mois de janvier, escorté par les excellents résultats de Conceição [qui a remplacé Girard] sera beaucoup plus calme. « On a complété avec des vraies soirées de matchs à la Beaujoire, explique Luciani. Tout était rentré dans l’ordre. Et là, les images de la tribune Loire sont exceptionnelles ! »
*Contacté, le FCN n’a jamais rappelé.