VIDEO. Strasbourg-Guingamp: «Si j’en vois un prendre un coup, ça va vite me fâcher», prévient Anthony Gonçalves
FOOTBALL•Anthony Gonçalves fait partie de ces hommes de l’ombre qui ont découvert la Ligue 1 sur le tard, à 31 ans, avec le Racing club de Strasbourg, pour lequel il vient de marquer son premier but…Bruno Poussard
L'essentiel
- Après quinze ans à Laval et une carrière plutôt en Ligue 2, Anthony Gonçalves a découvert la Ligue 1 cette saison avec Strasbourg.
- Dimanche, contre Dijon en Coupe de France, le milieu de terrain a même marqué son premier but avec le Racing. Avec hargne, forcément.
«Je n’aime vraiment pas parler de moi, il faudra l’enlever ça ! » A bientôt 32 ans, on ne change pas Anthony Gonçalves en quelques mois de Ligue 1, avant la réception de Guingamp à la Meinau ce vendredi (20h45). Même devant ses équipiers Idriss Saadi et Bingourou Kamara venus discrètement l’écouter et le chambrer : « Le but, le but… ! »
C’est que dimanche, en Coupe de France (contre Dijon, 3-2, a.p.), cet homme de l’ombre a planté son premier pion avec le Racing, où il est arrivé à l’été 2016. Même s’il s’était déjà fait remarquer en convertissant son tir au but ponctué d’un joli geste (cf. vidéo ci-dessous) pour les fans strasbourgeois face contre Sainté en Coupe de la Ligue (1-1, tab 5-4).
aL’intéressé confie :
« Ce but compte parce qu’on a gagné derrière. Si j’avais marqué et qu’on ne s’était pas qualifiés, je m’en ficherais royalement. Ça fait plaisir car ça récompense nos efforts mais je ne cours pas après, je préfère largement faire une belle passe décisive à un collègue. »
Une découverte de la Ligue 1 sur le tard après 15 ans à Laval
Le milieu de terrain se défend de faire de la langue de bois, mais il s’est vite imprégné de l’histoire du Racing et, en bon travailleur, veut s’inscrire dans la lignée de tous ceux qui ont participé à ses remontées : « On écrit la suite de ce merveilleux bouquin. Aujourd’hui, si on arrive à se maintenir en Ligue 1, le Racing a de belles années devant lui. »
L’élite et ses grands noms, celui qui a passé 15 ans à Laval les découvre sur le tard. « Après, je ne trouve pas qu’il y a un monde d’écart entre les dernières équipes de Ligue 1 et les 4-5 premières de Ligue 2, analyse-t-il. On voit vraiment la différence avec les grosses écuries qui n’ont pas besoin d’appuyer sur l’accélérateur pour nous dépasser. »
« Pas prédestiné, mais toujours guidé par son tempérament »
Interrogé par le président Marc Keller avant son recrutement à Strasbourg, le technicien Philippe Hinschberger est celui qui l’a intégré en équipe une au Stade lavallois (avant de le mettre capitaine, quelques saisons plus tard) au milieu de dix jeunes du centre de formation en 2007, alors qu’Anthony Gonçalves jouait en équipe 3, en DH :
« Ce n’était pas le meilleur sur l’aspect technique, il a toujours franchi les paliers un peu à l’arrache mais sur les dix, c’est le seul qui a fait une vraie carrière en pro ! Il n’était pas prédestiné, mais il a toujours été guidé par son tempérament et ses valeurs d’engagement. »
Titulaire lors du match du « déclic » contre Marseille (3-3), il fait partie des joueurs de l’ombre qui comptent en ce moment dans le 4-4-2 en losange du Racing où il prend du plaisir, après avoir manqué de temps de jeu quelques semaines. « C’est quelqu’un qui ne lâche jamais, commente son partenaire Pablo Martinez. Il bosse, et aujourd’hui ça paie. »
« Quand on voit un mec partir au combat, on ne peut pas se cacher »
Au cœur du jeu, ce combattant à l’énorme engagement réussit à galvaniser les siens. L’intéressé – qui porte plus d’attention aux commentaires de ses partenaires que des réseaux sociaux – aime à dire qu’il « fait du Gonçalves ». La rédaction de 20 Minutes Strasbourg s’amuse – affectueusement – à dire qu’il est un chien sur le terrain. Pablo Martinez tranche : « C’est un leader. Quand il est sur le terrain, il donne la hargne à tout le monde. Quand on voit un mec partir au combat, à la guerre comme ça, derrière on ne peut pas se cacher. » Et Anthony Gonçalves de s’épancher sur son style :
« Quand je rentre, c’est pour défendre mes collègues. Je suis un joueur qui ne compte pas ses efforts et qui n’a pas peur d’aller au combat pour ses équipiers. Si j’en vois un prendre un coup ou ne pas être traité correctement, ça va vite me fâcher. […] Je ne compte pas mes allers-retours ou mes efforts, ça demande beaucoup d’énergie mais mon plaisir à moi, c’est de me sacrifier pour les autres. »
Un caractère à l’image du combattant qu’il est
Une telle activité qu’il a fallu canaliser avec le temps. « A l’époque, on avait deux milieux, et ils ne faisaient jamais plus de quatre matches d’affilée, avec les fautes et tout… », se souvient avec le sourire Philippe Hinschberger. L’entraîneur limogé du FC Metz en octobre le présente d’ailleurs comme un « homme de valeurs » et un « joueur dans l’affect. » Jusqu’à de petites crises :
« Je me souviens d’un vilain tacle après lequel je l’avais viré d’une séance. Il avait débarqué après pour s’en expliquer, mais je lui avais répondu que je n’avais pas le temps. Du coup, on a quand même passé un mois sans se dire bonjour ! J’avais fait passer le mot à un coéquipier que ce n’était pas à moi de faire le premier pas. Et il est revenu. C’est un gros caractère mais il accepte toujours d’être remis à sa place. »
Une frustration de découvrir la Ligue 1 sur le tard ? Même pas
Parti à 15 ans de chez lui pour le foot, le Chartrain d’origine n’hésite pas à dire qu’il a souffert pendant pas mal de temps de la distance avec sa famille et qu’il la ressort ainsi sur le terrain. En Ligue 1 comme ailleurs. D’ailleurs, se voir au niveau dans l’élite ne pourrait pas laisser un peu de frustration de ne pas y avoir goûté plus tôt ? Eh bien non.
« Je fais confiance au destin, répond-il simplement. Je savais que je ne pouvais arriver à la Ligue 1 qu’en intégrant un club avec l’ambition de monter. J’étais persuadé que je pouvais apporter à une telle formation. De toute façon, ce qui doit arriver arrive, mais je suis content que ce soit arrivé dans un club historique comme le Racing ! »