Près de deux mois après le coup de gueule poussé en vidéo, vu plus de 32.000 fois sur Facebook, la situation sportive du FC Saleichois ne s’est pas améliorée. Au contraire. Le club du petit village haut-garonnais de 400 habitants n’a toujours pas gagné un match en Promotion première division de district, la douzième et avant-dernière division française, où l’équipe commingeoise a été promue bien malgré elle à l’intersaison.

Relancé en 2015 après 20 ans de sommeil, le FCS a même très lourdement chuté samedi au Fousseret (14-0), chez le leader invaincu. Quand on n’a que 23 licenciés, les blessures et les absences de plusieurs joueurs, qui alternent selon les week-ends entre foot et rugby dans le club ariégeois voisin de Prat-Bonrepaux, pèsent très lourd.

« Nous n’étions que 13 sur la feuille, avec un défenseur qui jouait seulement le quatrième match de sa vie, détaille le gardien Nicolas Worms. Mais les mecs d’en face, qui étaient au moins trois niveaux au-dessus, nous ont respectés. D’habitude, après la rencontre, on boit un coup et on rentre. Là, on en a bu plusieurs et on a bien discuté. » Depuis la fameuse vidéo et la médiatisation qui a suivi, le regard sur l’équipe a changé, assure le portier de 35 ans, également responsable de la communication numérique du club, à forte tonalité humoristique.

« « Il y a un truc en plus. Tout le monde nous parle de la vidéo, nous considère comme des gars sympas. Ce que nous sommes je pense, car nous ne sommes ni violents, ni mauvais perdants. » »

D'ailleurs, la dernière production publiée ce mardi matin confirme ce penchant pour l'autodérision.

Même le district de la Haute-Garonne a tenu à distinguer le FCS lors de son assemblée générale, à la mi-novembre. Le club n’avait pourtant pas épargné cette instance qui, dans le cadre de la fusion des districts, a mélangé dans une même poule des clubs issus du Midi toulousain (40.000 licenciés) et d’autres, bien plus faibles, en provenance du Comminges (4.000 licenciés). Dont Saleich…

« Maurice Desseins, le vice-président du district Haute-Garonne qui dirigeait auparavant le district du Comminges, a contacté notre président et lui a dit que ça lui ferait plaisir que je vienne à l’AG, explique Nicolas Worms. A la fin de la réunion, notre vidéo a été diffusée et on nous a même remis un trophée. D’habitude, lorsque des gens reprochent des choses au district, cela passe par des menaces et des insultes. Là, nous avons procédé différemment, ça les a touchés. »

Un groupe de réflexion « pour étudier le cas des clubs comme le nôtre »

La galère actuelle des Saleichois n’est donc peut-être pas vaine, puisqu’un groupe de réflexion a été monté avec les districts environnants « pour étudier le cas des clubs comme le nôtre ». « Il y a de la sincérité dans leur démarche », veut croire Nicolas Worms.

En attendant, le FCS se prépare de nouveau à souffrir samedi, lors de la réception du RC Muret, troisième de la poule. Mais pour l’instant, le groupe vit bien, comme on dit quelques échelons plus haut. « Quand nous sommes rentrés du Fousseret samedi, nous avons rigolé entre nous. Nous sommes voisins pour la plupart d’entre nous et nous sommes des amis d’enfance, on ne peut pas se faire la gueule pour ça », développe le gardien, qui espère que l’harmonie continuera à résister aux vents contraires.

« Nous allons serrer les dents, il y a quand même quelques équipes jouables dans la poule. » Celles de la seconde moitié de tableau en fait, toutes issues de feu le district du Comminges. Saleich espère donc accrocher quelques victoires d’ici la fin du championnat, avant une probable relégation. « A priori, les deux derniers descendent. Je ne me fais pas d’illusions et c’est d’ailleurs ce que veulent la plupart des membres du club. Au moins, nous aurons une saison prochaine plus tranquille. »

Un budget de 9.000 à 10.000 euros

D’ici là, le FCS ne rendra pas les armes et continuera à donner le change, au moins sur les réseaux sociaux. Et si quelques entreprises locales souhaitent donner un coup de main à un club au budget lilliputien, puisque compris entre 9.000 et 10.000 euros, elles sont les bienvenues. « Nous voulons tous la même chose, conclut Nicolas Worms. Que le FC Saleichois continue. »