OM: Leader, passeur, buteur mais surtout modeste... Luiz Gustavo est le joueur le plus classe de Ligue 1
FOOTBALL•Luiz Gustavo est venu en Ligue 1, il a vu et a (déjà) vaincu...William Pereira
On dit souvent que les grands joueurs de football n’ont pas besoin de temps pour s’adapter à un nouvel environnement. Il semblerait que Luiz Gustavo, encore buteur à Metz en milieu de semaine, soit de ceux-là. Quatre mois qu’il traîne sa moustache à Marseille et le voilà déjà patron du milieu de terrain, voire patron tout court de l’OM, nouveau dauphin du Paris Saint-Germain en Ligue 1.
« Je suis content qu’il s’intègre dans un championnat étranger après avoir passé autant de temps en Allemagne », se réjouit son ancien entraîneur à Wolfsburg, Valérien Ismaël, toujours partant pour parler foot teuton. Intégré est un euphémisme. Il conviendrait plutôt de dire que le trentenaire a fait de notre championnat sa chose. Vous nous croyez pas ? Faisons le point. En un tiers de championnat, Gustavo a :
- Marqué quatre buts
- Porté le brassard de capitaine
- Bu le PSG (Kylian Mbappé peut en témoigner)
- Son propre chant de supporters. Non, non, ce ne sont pas de conneries. La preuve.
« Luiz Gustavo, de Marseille à Janeiro », voilà pour les paroles de cette création presque originale (il s’agit d’une reprise de « Freed from desire » de la chanteuse italienne Gala, base du légendaire « Will Grieg is on fire » des nord-Irlandais pendant l’Euro 2016) du groupe de supporters des South Winners 87. Un de ses membres raconte.
« « C’est une chanson inventée par plusieurs South Winners 87 dans le bus du retour de Bordeaux. Et ils ont essayé de le lancer en tribunes face à Guingamp et ça a tout de suite pris. Ca vient du fait que Gustavo c’est à la fois LE guerrier que l’on aime à Marseille mais aussi tellement technique et précieux. » »
Modestie et autorité naturelle
Bref, Luiz Gustavo, c’est la méga-classe. Et ce ne sont ni ses fautes, ni son record de cartons rouges en Bundesliga (huit) qui y changeront quoi que ce soit. Valérien Ismaël : « Luiz Gustavo, c’est quelqu’un qui a une autorité naturelle, sur le terrain ou dans le vestiaire, quand il rentre, on sent que c’est lui le patron, le leader. Et puis il y a son jeu… »
Tête levée, buste droit et l’air calme, tel un Napoléon de l’entre-jeu. Pas étonnant finalement, venant d’un homme qui parcourait 30 bornes à cheval dans le Brésil profond étant adolescent, avant de s’investir totalement dans le football. Vous en connaissez beaucoup, vous, des joueurs de Ligue 1 capable de se balader à cheval ?
Et si ça ne vous suffit pas, sachez que chez Gustavo, les paroles suivent les actes. Son interview dans L’Equipe du 13 novembre est une mine de phrases qu’on a envie d’encadrer dans la chambre du premier joueur talentueux daignant prendre le boulard. Par exemple :
« « [Je préfère] récupérer le ballon [que marquer d’une belle frappe]. Je n’ai pas besoin d’être le meilleur, le capitaine, etc. J’ai seulement besoin d’avoir la certitude que je fais de mon mieux. Ce qui me rend heureux c’est ça : ni le pire, ni le meilleur, mais que ce soit moi. » »
Modeste, discret, mais pas timide pour un sou. Dans un reportage de la chaîne brésilienne SporTV, son frère Jardel (aucun lien), de quatre ans son aîné, raconte ces fois où le petit Luiz s’incrustait dans les parties de foot organisées avec ses potes. « Il allait au contact, il n’avait peur de rien, pas même de la différence de taille », en rit encore Jardel. De quoi façonner un homme.
Sa sérénité a déteint sur Zambo-Anguissa
Forcément, aujourd’hui, il n’y a pas grand-monde pour emmerder le milieu défensif et son mètre 87. « Ca ne chambrait pas sur sa moustache, non », confie Ismaël. « Il a une voix grave, il est grand, ça en impose. Il a aussi un calme naturel que ce soit sur ou en dehors du terrain. C’est impressionnant. Et puis Il a gagné la Ligue des champions donc il s’en sert au quotidien, il en parle. » Son coéquipierZambo Anguissa, transcendé par l'arrivée du Brésilien n'en disait pas moins en zone mixte après la derrouillée infligée à Caen au Vélodrome (5-0), le 5 novembre:
« « Je prends du plaisir à ses côtés, il a tellement d'expérience, il me parle beaucoup. Je me sens relâché, je sais que je peux faire des efforts et qu'il va m'aider, sur le plan offensif ou défensif. Si j'hésite à monter, il me dit "je suis là, vas-y". Ce sont des petits détails mais ils comptent énormément, ça va tellement vite. Il essaye de parler français et j'apprends le portugais. » »
Logique. Pour être un bon leader, il faut pouvoir communiquer. Gustavo avait réussi à maîtriser l'Allemand assez rapidement et remet donc ça avec le Français. Mais pour Valérien Ismaël, il ne s'agit pas simplement du pragmatisme d'un meneur de troupes ambitieux. « Parler la langue d’un pays c’est faire preuve de respect envers le pays dans lequel on vit. Il montre dans son envie de parler français qu’il adhère à la vie française et veut s’y inscrire dans la durée. C’est noble de sa part. » Chic type, on vous dit.