Trail: «On remet des centaines de coureurs à flot»… Comment les rares spectateurs de la SaintéLyon jouent un rôle clé
COURSE A PIED•La 64e édition de la SaintéLyon aura lieu dans la nuit de samedi à dimanche. 17.000 coureurs vont avoir droit à une atmosphère particulière, entre silence et encouragements parfois improbables…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Parmi les 17.000 participants de la mythique SaintéLyon, 7.000 d’entre eux se lancent sur la redoutable formule solo de 72 km à partir de minuit samedi.
- Ceux-ci pourront compter sur des encouragements aussi rares qu’extrêmement chaleureux à des endroits inattendus en pleine nature, et au beau milieu de la nuit.
Ils seront 17.000 à s’élancer de Saint-Etienne, dans la nuit de samedi à dimanche (entre 23 heures et minuit), sur l’une des sept formules de cette mythique SaintéLyon. Les 7.000 courageux ayant opté pour la version intégrale du trail nocturne en solo (72 km, 1.730 m de dénivelé positif) ont déjà des certitudes. Ils vont être mis à mal par les conditions météorologiques, ils vont souvent se sentir bien seuls sur les sentiers des Monts du Lyonnais et leur salut viendra surtout de leur force mentale.
Car hormis au départ à Saint-Etienne, les trailers sont préparés à recevoir beaucoup moins d’encouragements que ne peuvent en avoir des novices se lançant sur n’importe quelle course de distance bien moins organisée en centre-ville. « Et encore, dans les années 1990, vous ne croisiez vraiment pas un chat sur la SaintéLyon à part aux ravitaillements, indique Michel Sorine, directeur associé de l’événement. Selon la météo, il y a parfois une effervescence spontanée dans certains villages mais aussi des clubs qui viennent systématiquement animer la course. »
« Saucisses de Morteau et vin chaud au menu » au kilomètre 23
Les coureurs auront ainsi du baume au cœur en atteignant le kilomètre 23 au niveau de la Croix du Balay. Une quarantaine de membres de l’association de marche et de trail Courir pour des pommes ne manquent jamais une édition de la SaintéLyon. « Notre rassemblement est devenu incontournable en servant de poste de secours, de renseignement et même de petite assistance », explique Olivier Paris, un membre actif du club du Pays du Gier, qui sera présent de 23 heures à 5 heures près du point culminant de la course. Le tout dans une sacrée ambiance festive avec braseros, boule à facette, musique… plus « saucisses de Morteau et vin chaud au menu ».
« On sait faire la fête au km 23 et les coureurs nous disent souvent qu’on les a reboostés au moment de la première grosse difficulté de la SaintéLyon », souligne Olivier Paris. Un peu plus loin, à Saint-Martin-en-Haut, les participants vont faire connaissance avec une autre ambiance chaleureuse. Les organisateurs du trail des Coursières seront en effet présent, juste avant le Signal. « On sait que les coureurs sont au creux de la vague quand ils arrivent chez nous, à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée, confie Erik Balmont, ultra-trailer ayant notamment fini la Diagonale des fous. Qu’ils ne s’inquiètent pas, on va leur redonner un coup de fouet. »
« C’est la soirée de l’année dans certains bleds »
Cloches, guitare, feu de camp, et ola à chaque passage d’un participant… Là aussi les 50 amateurs de course à pied présents vont détonner dans le calme de la nuit, au cœur des Monts du Lyonnais. « Exceptés les 200 premiers qui passent comme des fusées, tous ont besoin d’être aidés. Ils nous demandent des tuyaux pour la fin de la course. En leur expliquant qu’il ne reste que 50 m de dénivelé avant d’apercevoir les premières lueurs de la ville de Lyon, on remet des centaines de coureurs à flot. »
Finisher au mental l’année passée en dix heures, Adrien Gérinière fait partie de ceux-là. « On comprend que c’est la soirée de l’année en traversant certains bleds avec du monde dehors, y compris des enfants, au beau milieu de la nuit, apprécie ce Lyonnais de 33 ans. Même s’ils sont rares sur la course, la chaleur de ces encouragements compense l’arrivée vraiment décevante à Lyon. Tu fais un effort de dingue et par rapport au Run in Lyon qui se finit avec une foule énorme place Bellecour, là tu longes l’autoroute à la Mulatière avec quasiment personne pour te féliciter. » La solitude du coureur de fond dans toute sa splendeur.