PROJETMarseille capitale du sport ou capitale de la com'?

Marseille capitale du sport ou capitale de la com'? Bilan sans langue de bois d'une année sportive

PROJET«20 Minutes» fait le bilan du projet «Marseille capitale du sport», qui s'est terminé ce week-end...
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • 420 évènements, quelques gros coups comme le Tour de France ou les demi-finales du rugby, quelques échecs, aussi, comme la demi-finale de Coupe Davis...
  • L'année Marseille capitale du sport se termine. Y-a-t-il eu assez de retombées pour les sportifs marseillais?

La capitale des capitales. La culture en 2013, le sport en 2017, et bientôt le tourisme ? A Marseille, on aime beaucoup les labels. Belle idée ou belle arnaque, cette capitale du sport ? Le projet touche à sa fin, avec comme dernier événement d’envergure les championnats du monde de squash, ce week-end.

Petite indiscrétion maison : le service des sports de la mairie de Marseille est justement en train de réaliser un sondage auprès des organisateurs d’événements labellisés. 420 championnats, courses et « contests » en tout genre, du Top 14 au paddle-yoga, du Tour de France au ju-jitsu brésilien. Richard Miron, l’élu en charge des sports, l’assure : « Les chiffres sont très très très très positifs » (quatre fois, oui).

Près de la moitié du budget en communication, selon nos infos

En attendant la publication de ce bilan officiel, on a tâté le terrain auprès de quelques organisateurs, directement. Premier coup de téléphone à la Fédération française de danse, organisatrice du championnat du monde de danse sportive. Alors, heureux ? Sans exagérer, on a alors trois bonnes secondes de « euuuuuuh » au bout du fil. Et ensuite (sic, comme on dit) : « Disons que bon oui euh pour nous la capitale du sport ça a apporté de la visibilité, mais bon disons que ça ne s’est pas vraiment traduit en termes de fréquentation. » Déception, donc.

Même question à Jean-François Caujolle, patron de l’Open 13 de tennis : « Soyons francs, ça n’a rien changé pour nous en termes de fréquentation. » Mais « c’est normal », ajoute-t-il immédiatement : « On est un événement bien installé ! Je pense que Marseille capitale du sport a par contre été un coup de booster pour de petits événements, et ça, c’est super ! »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Difficile, pour l’instant, de « chiffrer » ce coup de booster, pour un projet qui présente au total plusieurs dizaines de millions d’euros d’argent public :

  • Tout compris, le budget sports de la mairie se chiffre à 90 millions d’euros en 2017, contre plutôt 70 les années précédentes.
  • Le Conseil départemental a investi 15 millions « dans la politique sportive ».
  • La Région a mis quatre millions d’euros sur la table pour labelliser des projets.

Le festival « Marseille capitale du sport », en lui-même, a coûté quatre millions d’euros à la Ville, selon un rapport, encore confidentiel, que nous nous sommes procurés. Sur ces quatre millions, 1,5 est consacré à l’information et la communication. « Près de la moitié du budget en communication, tout est dit », s’agace Benoît Payan, leader de l’opposition socialiste au Conseil municipal. « La com', ce n’est pas un gros mot, s’énerve l’élu de la majorité LR Richard Miron. A quoi ça sert de faire des choses si on n’informe pas les gens ? C’était un des objectifs de Marseille capitale du sport ! Que les gens s’approprient le truc… La preuve, c’est qu’on avait des événements qui n’étaient pas labellisés qui nous demandaient le logo… "Mais oui, allez-y, c’est super !" »

Marseille (enfin) dans les bons réseaux

« C’est clair, les retombées réelles seront plus médiatiques qu’économiques », confirme l’économiste du sport Lionel Maltese. Il fait un bilan tout en nuance de l’opération :

« Ça peut changer la perception du sport à Marseille, sur le sport en entreprise par exemple, on voit des boîtes qui ont développé leurs pratiques ! Quant aux événements comme le Tour de France, il faut voir si ça fait venir des licenciés. Et est-ce que certains projets peuvent se pérenniser ? Red Bull revient, on voit aussi que la capitale du sport soulève certains leviers… Par exemple, la demi-finale de Coupe Davis au Vélodrome, ça ne s’est pas fait, mais Marseille est rentrée dans ces réseaux-là… » »

Effectivement, la mairie sait (et veut) désormais monter, même en urgence, un dossier de candidature. D’ailleurs, après un lobbying intensif, elle a obtenu un match du tournoi des VI Nations, en février prochain (bon, celui contre l’Italie, hein…). Mais pour Benoît Payan, c’est un peu comme le Tour de France : « Bien sûr qu’on aurait eu le Tour sans la capitale du sport ! On parle de la deuxième ville de France ou d’une sous-préfecture corrézienne ? »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

On ne veut pas insulter nos amis corréziens, mais on se dit parfois qu’il serait plus simple de trouver une piscine dans un état correct à Brive-la-Gaillarde ou à Ussel qu’à Marseille… C’est l’autre cheval de bataille de l’élu socialiste Benoît Payan : les infrastructures sportives. « On a fait dans les strass et les paillettes, mais la mairie ferait mieux de réparer les stades et les gymnases dont les toits fuient, et les piscines, évidemment… »

Plongée dans les chiffres des piscines

On l’a fait, répond Richard Miron : « Si on regarde le budget des investissements, avant on mettait entre 10 et 12 millions par an… Là, on a mis cinquante millions sur trois ans, c’est un héritage très concret, très solide ! »

Quant au dossier des piscines, il plonge dans ses fiches pleines de chiffres : « On a mis 3,5 millions à Vallier, un million à la Pointe Rouge, près de trois millions à La Granière, égrène-t-il (citation non exhaustive). Les choses se sont améliorées ! Je ne dis pas que tout est fini, hein, on a encore des progrès à faire… » En 2018, Marseille, capitale des piscines ?