XV de France: «Personne ne peut douter de la qualité de Guy Novès» selon l'ex-président du Stade Toulousain
INTERVIEW•René Bouscatel, président du Stade Toulousain de 1992 à 2017, vient au soutien de son ancien entraîneur Guy Novès, en difficulté avec le XV de France…Propos recueillis par Nicolas Stival
L'essentiel
- René Bouscatel a travaillé avec Guy Novès pendant 23 ans, au cours desquels le Stade Toulousain a remporté 13 titres.
- Pour l’ex-président du Stade Toulousain, le sélectionneur du XV de France et ses adjoints restent les hommes de la situation.
- Il s’interroge toutefois sur la confiance qui peut exister entre Guy Novès et Bernard Laporte.
Pendant 23 ans, de 1992 à 2015, le président René Bouscatel et l’entraîneur Guy Novès ont fait la paire au Stade Toulousain, avec neuf titres de champions de France et quatre Coupes d’Europe à la clé. Jean-Frédéric Dubois et Yannick Bru ont évolué comme joueurs (puis comme responsable des avants pour Bru) sous leur coupe. Mais le sélectionneur Novès (63 ans) réussit beaucoup, beaucoup moins bien à la tête du XV de France, avec ses adjoints Dubois et Bru.
Pas une raison toutefois pour changer l’encadrement des Bleus, selon l’ancien patron stadiste (71 ans), aujourd'hui à la tête d'une société de conseil, qui a cédé la place cet été à Didier Lacroix, au terme d’une saison très compliquée : « J’aurais pu lâcher [l’entraîneur principal] Ugo Mola l’an dernier quand les résultats étaient moins bons. Mais dans le sport comme partout, on alterne le bon et le moins bon. » Un message pour Bernard Laporte, le président de la FFR, dont il n'était pas vraiment le premier fan au moment de son élection ?
Guy Novès et son staff sont fortement mis en cause du fait des mauvais résultats du XV de France. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Personne ne peut douter de la qualité et de l’expérience de Guy Novès, mais aussi de Yannick Bru et de « Jeff » Dubois. Les résultats, malheureusement, sont ceux qu’ils sont. Mais quand j’entends tous les donneurs de leçons… Il y a de multiples raisons à ces soucis, c’est au staff en place de les résoudre. Quand on rencontre la Nouvelle-Zélande (18-38) puis l’Afrique du Sud (17-18), on s’expose à perdre. Avec un peu plus de maîtrise et de réalisme, on aurait peut-être pu l’emporter. C’est une mauvaise passe.
Ensuite, le match contre le Japon (23-23) fait tache, c’est sûr. Mais il faut le replacer dans un contexte où tout le monde, notamment le staff et les joueurs, se retrouve avec une pression qui n’a pas su être gérée.
Il ne faut donc pas tout chambouler après ces test-matchs de novembre…
Cela n’enlève rien à la qualité des trois hommes du staff. Maintenant, il faut aussi trouver des solutions. Les joueurs doivent se remettre en question, évoluer un peu plus en équipe, avec un peu plus de sérénité. Si on commence bien le Tournoi des VI Nations, cela peut tourner vite. Après, il y a la FFR et son président. C’est aussi à lui de prendre des décisions après avoir consulté tout le monde. Mais je ne crois pas que changer d’entraîneurs modifiera la situation, d’un coup de baguette magique.
Craignez-vous que Laporte décide de virer Novès et ses adjoints ?
Je n’en sais rien. Je connais suffisamment Guy Novès pour savoir qu’il n’abandonnera pas, qu’il a des certitudes. Mais il faudrait être dans le cœur et la tête du président de la Fédération. Tout est possible, mais encore faudrait-il avoir l’opportunité de trouver un nouveau staff avec un manager libre, compétent et qui puisse résoudre une équation à multiples inconnues. En tout cas, ce n’est pas en mettant la pression sur tout le monde qu’on réglera les problèmes.
Pas question d’homme providentiel, donc…
Je n’y ai jamais cru, pas même quand j’ai choisi Guy Novès au Stade Toulousain, il y a 25 ans. Les résultats, je ne pense pas qu’il les ait eus car c’était l’homme providentiel. Il a fait preuve de beaucoup de travail, de compétences et de complémentarité avec ses différents staffs. Dans le couple président – entraîneur principal, il faut une confiance absolue pour que chacun puisse œuvrer dans la sérénité. Le manager travaille sur le plan sportif et le président est là pour apporter son soutien à l’entraîneur jusqu’à ce qu’il considère que ça ne marche pas.
Tout n’a pas toujours été rose mais Guy a toujours pu travailler dans un climat de confiance. C’est la personne avec laquelle j’ai vécu le plus de temps, pendant 23 ans. On a partagé tellement de belles histoires, on en a traversé de moins belles, mais on l’a toujours fait la main dans la main.
Ce qui est valable en club est-il valable au sommet de la FFR, entre le sélectionneur et le président ?
Oui. Ou bien cette confiance existe, et il faut continuer, ou bien elle n’existe pas et c’est aux intéressés d’en tirer les conséquences. Il y a un gros chantier. Mais ce qui me fait sourire, ce sont les certitudes de certains anciens grands joueurs. Pas les entraîneurs, car ils savent ce que c’est. Mais quand j’entends certains spécialistes, entre guillemets, porter des jugements, ça laisse songeur. Ils ont dû oublier les problèmes qu’ils ont connus quand ils jouaient.