FOOTBALLIncroyable mais vrai... Ils ont vu Marseille s'imposer à Bordeaux

Bordeaux-OM: «On a entendu le bruit de la fracture!» Ils racontent la dernière victoire (fracassante) de Marseille à Lescure

FOOTBALLÇa fait 40 ans que l’OM n’a plus gagné à Bordeaux en championnat… Quarante ans !…
Clément Carpentier et Jean Saint-Marc

Clément Carpentier et Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • La dernière victoire de l'OM à Bordeaux en championnat a été marquée par l'impressionnante blessure de Jeandupeux.
  • Supporters et joueurs de l'époque nous racontent ce match, suivi par une série de 40 ans sans victoire de l'OM à Bordeaux.

Le bruit d’une jambe qui se brise. Celui d’une radio qui grésille. Les souvenirs du Bordeaux-Marseille de 1977 sont avant tout auditifs. Les Marseillais racontent une rencontre « anodine ». Les Bordelais un traumatisme. 20 Minutes passe en noir et blanc pour vous narrer le match où tout a basculé : depuis ce samedi 1er octobre 1977, l’OM ne s’est plus jamais imposé sur les bords de Garonne, en championnat en tout cas.

Tibia brisé, carrière terminée

Il était au premier rang : sur le terrain. Alors c’est d’abord vers Marius Trésor que l’on se tourne. Et il embraye, évidemment, sur « la blessure de Jeandupeux. C’est la seule fois de ma vie que j’ai vu une fracture ouverte. » Le tibia du Suisse est brisé en sept morceaux. Sa carrière est terminée. Et les 11.500 spectateurs de Lescure sont traumatisés. « Ça s’est passé juste devant moi, raconte Laurent, 11 ans à l’époque. C’était calme, à l’époque, dans le stade : j’ai entendu un bruit impressionnant ! »

Le même onze de départ, ici au Parc des Princes, également en 1977.
Le même onze de départ, ici au Parc des Princes, également en 1977. - AFP

Un sinistre « crac » : « J’étais derrière les grilles, sur la piste cyclable, avec mon père », poursuit un autre supporter Girondin, Christophe. Il n’avait que 9 ans, mais « s’en souvient comme si c’était hier, à cause de cette traumatisante blessure ! On a entendu le bruit dans tout le stade. »

Gilles était dans son lit, à Marseille, le poste de radio collé à l’oreille. Ce membre de la Vieille Garde, le noyau fondateur des Ultras, entend encore le jingle de la prise d'antenne :

« A chaque fois, on tremblait. Est-ce qu’il y avait but, est-ce que c’était chez nous ? On essayait de deviner, dans la seconde qui suivait la prise d’antenne, avant que le type ait eu le temps d’expliquer. S’il y avait une clameur : c’est qu’on avait pris un but ! Là, sur la blessure de Jeandupeux, tout le monde était affolé : « Ohlala, gros tacle de Marc Berdoll ! » On a su tout de suite qu’il avait la jambe cassée… »

A part ce tacle, les supporters des deux équipes ont du mal à se souvenir du déroulé précis de la rencontre. « Je me souviens de la blessure, oui… Mais j’avais oublié les buteurs », sourit Thierry, un autre Marseillais, lui aussi pendu à son poste de radio. On lui file un coup de main : ouverture du score, sur pénalty, de Giresse (alors Girondin, évidemment), égalisation de Berdoll, justement, de la tête. Et un but de Zvunka, quelques secondes seulement après la sortie sur civière de Jeandupeux.

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« A partir de ce fait de jeu, on était complètement détruits, livides, ça nous avait complètement anesthésiés », racontait à Sud-Ouest Jean-Marc Furlan. Et ça se voit depuis les tribunes de Lescure : « Après la blessure, le match était devenu complètement anecdotique », raconte Laurent.

Malédiction et superstition

Il l’était déjà un peu au coup d’envoi, d’ailleurs. « Il n’y avait pas d’animosité entre les deux clubs », ajoute-t-il. Marseille était cinquième de D1, Bordeaux douzième. C’était donc « un match quelconque » pour Marius Trésor. La rivalité est née plus tard, entretenue par Claude Bez et Bernard Tapie. Et marquée par cette étrange série… Presque une malédiction. Christophe, qui 40 ans plus tard porte toujours le Marine et Blanc :

« Jeandupeux, c’était notre meilleur joueur ! Alors cette série d’invincibilité… Ce n’est que justice après le vilain geste de Berdoll ! Mais j’ai peur pour cette année. Ça devient difficile, en plus ce sont les 40 ans… Je suis un peu superstitieux : J’avais une place pour le match, mais j’ai trop peur d’assister au drame ! »