Préparation invisible: Plus qu’un an avant la Ryder Cup à Paris, comment être au point pour le Jour J?
GOLF•«20 Minutes» vous aide à aborder l’évènement dans les meilleures conditions…Julien Laloye
L'essentiel
- La prochaine édition de la Ryder Cup aura lieu au Golf National en septembre 2018.
- C’est la première fois que la compétition aura lieu en France.
- Il reste un an pour convaincre le public français d’adhérer à l’événement.
Oubliez les JO d’hiver et la Coupe du monde en Russie. Le seul événement sportif qui compte en 2018, c’est la Ryder Cup de golf. Trois jours de panard absolu qui verront s’affronter les meilleurs joueurs européens et américains le dernier week-end de septembre. La petite sauterie se déroulera pour la première fois en France, sur le parcours du golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Vous vous en barbouillez le pourtour anal d’indifférence ? Heureusement, 20 Minutes est là pour rectifier ce coupable manque de jugeote. Suivez un peu notre calendrier et vous passerez la meilleure fin de semaine de votre morne existence.
En novembre > Dépasser les idées reçues
Le golf souffre d’une réputation de sport élitiste, réservé à la grande bourgeoisie étudiée par les Pinçon-Charlot ou aux bataillons de cadres travaillant dans la finance. Ça ne vous rappelle rien ? C’est exactement ce qu’on disait du tennis il y a 40 ans, une image qui a vécu. Aujourd’hui, n’importe qui peut prendre une raquette et se prendre pour Rafa Nadal sans avoir besoin de vendre un organe au marché noir.
Profitez donc des derniers feux de l’automne indien pour découvrir le practice du club le plus près de chez vous. Vous verrez, personne ne vient avec des domestiques et il se peut même que certains répondent à votre « bonjour » sans se demander si vous payez l’ISF. Et devinez quoi ? Vous en aurez pour 10 euros maximum, clubs fournis par la maison inclus. En revanche, 20 Minutes décline toute responsabilité pour la suite : l’addiction, le divorce, le chômage, la dépendance sexuelle (si vous devenez n°1 mondial).
En décembre > Mater des vidéos du miracle de Medinah
Il y a le choix en matière de grands moments dans l’histoire de l’épreuve, mais on n’a pas trouvé mieux pour convertir les esprits récalcitrants de la Ryder Cup. Nous sommes le samedi après-midi en 2012, quelque part dans l’Illinois, et l’équipe européenne est dans le bunker jusqu’à la mouise. Relégué virtuellement à 8 points, avant qu’Ian Poulter n’entre littéralement en fusion, permettant à l’Europe de tourner avec seulement quatre victoires de retard. Un déficit comblé lors des simples du dernier jour, pour une remontada digne d’un Barça-PSG.
On connaît au moins trois personnes qui n’en avaient rien à fiche de ce sport et qui ont passé la nuit devant leur télé, comme si Dieu leur était tombé dessus d’un coup. Si,après avoir tout lu sur « le miracle de Medinah », vous ne vous ruez pas sur les dernières places, c’est à ne rien y comprendre. A ce propos, 150 euros la journée de compétition, c’est donné. Combien de supporters de foot seraient prêts à mettre plus encore pour un vulgaire quart de finale de C1 qui dure à peine 1h30 ? A ce prix, en Ryder Cup, ça joue du matin au soir, de 8 heures à 18 heures.
En janvier > Apprendre à aimer l’Europe
Critiquer l’UE est peut-être la passion la mieux partagée par les Européens eux-mêmes. Pour cette raison,ça fait toujours un petit choc de voir des types agiter le drapeau bleu et jaune de l’Europe comme des possédés quand un joueur européen est à l’œuvre. La Ryder Cup est la seule compétition qui exalte le sentiment européen. D’abord, vous vibrez pour un joueur Nord-Irlandais que vous ne connaissiez pas il y a encore dix minutes, ensuite, vous oubliez que Martin Kaymer est Allemand à la base, quand même.
« Je ne suis pas le golf de très près, mais je trouve cette idée exemplaire pour les autres sports et domaines de la vie. C’est par ce biais que nous pourrions réussir à créer un espace public européen », déclarait un jour, Wolfgang Schäuble, ancien Ministre des finances allemand, en 2013. Vous êtes un Insoumis ? Il va falloir se faire violence, mais vous verrez, ça va bien se passer.
En février > Surveiller la guérison de Tiger Woods
C’est une petite vidéo de rien du tout, un simple swing du dimanche frappé au ralenti, mais elle a fait trembloter de plaisir le microcosme. Tiger Woods n’est pas mort pour le golf. Enfin, pas encore. Envoyée à la morgue à cause d’un dos en miette, la star ultime de ce sport n’a pas encore abandonné l’idée d’un retour sur le circuit. Les suiveurs non plus.
Un journaliste a interrogé Jim Furyk sur le sujet mardilors d’une conférence de presse organisée dans un hôtel classieux proche de la Tour Eiffel. Le capitaine de la Team USA ne lui a pas ri au nez : « Tiger est un atout majeur, que ce soit en tant que joueur ou en tant que vice-capitaine, et j’espère qu’il fera partie de l’équipe, d’une manière ou d’une autre ». C’est une perspective aussi excitante que lointaine, même si Woods n’a jamais aimé la Ryder Cup, et réciproquement. Son ratio dans l’épreuve est une catastrophe industrielle, si l’on compare à sa carrière individuelle.
En mars > Se renseigner sur le classement des Français
Cette Ryder Cuparrive un peu tôt pour le golf français, qui progresse en quantité (14 pensionnaires dans le top 400), mais pas assez en qualité. Seul Alexander Lévy apparaît dans le Top 100, mais à une place bien trop reculée (71e) pour prétendre à une sélection directe : huit joueurs sur les douze seront en effet retenus en fonction des classements européens et mondiaux sur l’année.
Un Français peut-il se hisser à des hauteurs insoupçonnées d’ici septembre prochain ? Peu probable, très peu probable même. Mais cela ne dispense pas de se renseigner sur les positions de nos meilleurs représentants avant la saison des Grands Chelems, qui court d’avril à août.
En avril > Regarder le Masters d’Augusta
Bienvenue au Wimbledon du golf. Le Masters d’Augusta est le seul des Grands Chelems à se dérouler tous les ans au même endroit, en Géorgie, et son vainqueur repart avec la célèbre veste verte actuellement dans l’armoire de l’Espagnol Sergio Garcia. Il faudra se lever la nuit, mais c’est l’occasion de s’habituer : la Ryder Cup se joue une fois sur deux aux Etats-Unis.
Si vous n’y connaissez vraiment rien, profitez-en pour découvrir les joueurs qui vont nous enchanter en septembre. Côté américain, le génial Jordan Spieth, aussi précoce que Tiger Woods, ou le sosie de Bradley Cooper, l’imperturbable Dustin Johnson. Côté européen, le bûcheron McIlroy, au drive surpuissant, ou la dernière trouvaille espagnole, Jonh Rahm, ancien champion du monde amateur.
En mai > Penser à poser sa semaine dès maintenant
La compétition dure trois jours, on l’a dit, mais les mordus savent que la compétition commence dès le lundi, avec l’arrivée des joueurs et les premières parties d’entraînement, auxquelles assistent des milliers de supporters qui ont économisé depuis des mois pour être là. L’ambiance y est plus détendue, et certains se payent même leur quart d’heure de gloire, comme cet Américain qui avait donné une leçon de putting à McIlroy en 2012.
Dans l’ordre, donc :
- Regardez votre compteur de CP au boulot
- Ne cramez pas tout pour aller en Corse au mois d’août
- Négociez avec madame, monsieur, votre patron, vos collègues, votre baby-sitter
- Investissez un abri nucléaire pour être sûrs de pas être emmerdés le(s) jour(s) J
En juin > Découvrir le parcours grâce à l’Open de France
C’est l’un des tournois les plus cotés du circuit européen et il se déroulera sur le même parcours que la Ryder Cup. Son nom ? L’albatros. Sa réputation ? « Dur mais juste », a résumé un jour la légende Nick Faldo. Les deux capitaines l’ont (re) découvert cette semaine et ils ont été enchantés.
« « Le parcours de l’Albatros est à la hauteur de ce qu’on m’avait promis, soit un des cinq meilleurs golfs d’Europe, a confié Furyk, venu tapé quelques balles plus tôt cette année. L’ambiance va ressembler à celle d’un stade sur les derniers tours ». »
Le capitaine américain entend convaincre un maximum de ses joueurs de participer à l’Open de France pour se familiariser avec le Golf national. Ce n’est pas gagné, puisque les Américains jouent rarement ailleurs que chez eux. Peut-être une des raisons pour laquelle l’Europe n’a plus perdu à domicile depuis 1993.
En juillet > Apprendre quelques règles de bases
Le golf peut être un sport éminemment chiant, convenons-en, mais la Ryder Cup propose un format unique, un peu comme la Coupe Davis. Le vendredi et le samedi sont réservés aux doubles, notamment le foursome, où chaque joueur tape la même balle alternativement jusqu’au trou. Jean Van De Velde, retenu en 99, raconte :
« « Ça demande des stratégies uniques au niveau de la complémentarité. Et puis c’est comme un match de boxe, on compte les coups round par round. Le format est très prenant ». »
Le dimanche, c’est l’orgie absolue avec les douze simples lancés en même temps, le public qui se déplace en fonction des scores, et la dynamique qui change en fonction de la couleur du tableau (bleu si l’Europe mène la partie, rouge si ce sont les Etats-Unis). Pour ce qui est du choix des clubs sur le parcours, ça peut attendre les explications sur le tas. Sachez en gros que plus le fer est élevé, moins la balle va loin (mais plus elle est précise)
Exemple : Un fer 5 bien tapé = 180 mètres/Un fer 9 bien tapé = 130 mètres
En août > Guetter les dernières invitations
C’est un peu le fait du prince : les quatre derniers joueurs de chaque équipe sont choisis par le capitaine, et le capitaine seulement. Une règle qui permet de rattraper par la culotte ceux qui ont raté leur saison mais dont les services rendus dans l’épreuve rendent la présence indispensable (exemples parfaits, Ian Poulter ou Lee Westwood).
Ces invitations sont officialisées au dernier moment afin de garder une place pour un homme en forme, et c’est par ce biais qu’on peut espérer voir un Français arracher un strapontin. Victor Dubuisson, retenu en 2014, est parti à la pêche depuis (ce n’est pas une métaphore), mais le Cannois a le profil pour briller sans prévenir.Il n’a pas besoin de s’entraîner beaucoup pour bien jouer, et il avait enchanté son monde à l’époque.
Il ne pourra pas tabler, en tout cas, sur la mansuétude de Thomas Bjorn. Le capitaine européen nous a bien fait comprendre que la présence d’un joueur local ne rentrait pas dans son cahier des charges. « Mon but, c’est d’avoir la meilleure équipe possible. La nationalité d’un joueur, ça ne me préoccupe pas. Moi, je suis Danois, et j’aimerais aussi qu’un golfeur de mon pays joue cette magnifique compétition ! ». L’idée de prendre un joueur tricolore aurait du bon quand même : sur 80 000 spectateurs attendus chaque jour, il y aura une bonne moitié de Français.