FC Nantes: Oui, oui, il y a des similitudes avec Leicester, mais non, le FCN ne sera pas champion
FOOTBALL•Le parcours étonnant des Canaris n'est pas sans rappeler celui des Foxes, champions d'Angleterre en 2015-2016...David Phelippeau
L'essentiel
- En 2015-2016, le Leicester de Claudio Ranieri avait défié tous les pronostics en s'offrant le titre de Premier League.
- Cette saison, le technicien italien semble se reposer sur les mêmes principes avec le FC Nantes.
- Cela ne signifie pas que les Canaris seront champions, évidemment.
L’impossible pourrait-il se dérouler en France comme il a eu lieu en mai 2016 en Angleterre. Claudio Ranieri peut-il refaire le coup ? Mai 2016, le Leicester du « Mister », prévu pour jouer le maintien en Premier League et composé de joueurs pas programmés pour être pros (selon certains observateurs), devient champion d’Angleterre. Contre toute attente, il devance les mastodontes Manchester City, Manchester United, Arsenal et Chelsea. Depuis le début de la saison, l’excellent parcours du FCN (5e de L1 après 9 journées) de Claudio Ranieri est escorté par cette analogie avec les Foxes.
Non, le FC Nantes ne sera pas champion de France car le PSG est intouchable. Non, le FC Nantes ne sera pas champion car contrairement au Leicester de 2015-2016 (Mahrez, Kanté, Vardy…), les Canaris possèdent beaucoup moins de talents dans leur effectif.
En revanche, la recette utilisée par Ranieri avec les Foxes ressemble étrangement à celle qui permet aux Canaris de squatter le Top 5 de la Ligue 1. Explications.
Du gardien de but à l’avant-centre, ça défend. A l’instar de Nantes en ce début de saison, Leicester 2015-2016 évoluait le plus souvent en 4-4-2 ou 4-4-1-1, avec Vardy en pointe et Okazaki derrière, « une sorte de 5e milieu de terrain », selon Philippe Auclair, correspondant de RMC en Angleterre. « Cette équipe défendait brillamment, poursuit-il. Même Vardy, l’avant-centre, faisait un énorme pressing. Elle s’appuyait sur un schéma tactique rigide. » Florent Toniutti a beaucoup analysé le jeu des Foxes pour son site Chroniques Tactiques. Bilan : « Ils défendaient bas avec des lignes très regroupées. Ils concédaient beaucoup de tirs, mais peu d’occasions franches. »
Récupération et projection très rapide vers l’avant. Les deux spécialistes sont aussi en phase sur ce point. Auclair : « Cette formation était très forte dans l’impact physique avec notamment sa charnière centrale [Morgan et Huth / Djidji ou Pallois et Diego Carlos] et elle était capable de partir en contres ultrarapides. Ce n’était pas du grand foot, pas Barcelone. Il n’y avait pas beaucoup de prises de risques dans le jeu, mais attention, ce n’était pas non plus du béton frileux… » Toniutti corrobore : « Leicester sortait très vite en contre-attaques, avec à la récupération une paire de milieux très bonne (Kanté et Drinkwater]. Kanté a été le joueur le plus important. Il servait de joueur de récupération et de transition. Il fut l'élément clé du titre. » Leicester a tourné à un peu plus de 40 % de possession de balle par match, Nantes (après neuf journées) flirte avec les 41 %.
Efficacité, efficacité… « Leicester était l’équipe de Première League qui faisait le moins de passes en 2015-2016 », se souvient Toniutti. « Mais, quand elle attaquait, ça y allait, rebondit Auclair. Leicester avait un taux de réussite très important devant le but. Il n’y avait pas beaucoup de vendanges. » Tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?
Le meilleur exemple était Vardy. Le 28 novembre 2015, il bat le record de buts consécutifs en Premier League, détenu jusqu’ici par Ruud van Nistelrooy, en marquant pour la onzième fois en autant de journées face à Manchester United.
Ranieri ne change pas une équipe qui gagne. A Leicester, le technicien italien s’est appuyé sur un groupe de joueurs trés restreint. « A mon sens, il a joué à contre-emploi, explique Philippe Auclair, qui connaît très bien l’Italien. Il a une réputation de bricoleur, de coach capable de changer de système. Mais, à Leicester, il n’a ni changé de système, ni changé de joueurs. La deuxième saison, il a voulu changer trop changer les choses, il s’est retrouvé avec le vestiaire à dos. »
Même son de cloche du côté de Florent Toniutti : « Il y avait très peu de turn-over. Les mêmes joueurs entraient en jeu en cours de match. » A Nantes, en ce début de saison, au gré des blessures et suspensions, Ranieri a évidemment changé certains joueurs, mais il semble faire confiance à un noyau d’une quinzaine d'éléments. Pourtant, pas alignés à leurs places, Djidji et Lucas Lima par exemple continuent à « dépanner » respectivement aux postes de latéral gauche et de milieu de gauche. Pourquoi changer puisque ça gagne ou tout au moins ça ne perd pas?