Paris 2024: Alors, on aura les JO mardi soir ? Ce qu’il va (normalement) se passer à Lausanne
JEUX OLYMPIQUES•Une grande nouvelle devrait être annoncée dès mardi soir…B.V avec N.C
Double attribution, 2024-2028, Los Angeles, Paris, Lausanne, Lima… C’en est un joyeux bordel, hein ? Alors que le vote pour l’attribution des Jeux de 2024 doit avoir lieu le 13 septembre prochain à Lima, tout pourrait être remis en cause mardi lors d’une session extraordinaire du CIO (comité international olympique) à Lausanne. On vous explique ce qu’il va probablement s’y passer et les conséquences des décisions qui y seront prises.
Qu’est ce qu’il va se passer à Lausanne ?
Si tout le monde de l’olympisme est à Lausanne mardi, c’est pour y étudier les dossiers des deux villes candidates à l’organisation des Jeux olympiques de 2024, Paris et Los Angeles. La commission exécutive du CIO est réunie depuis dimanche et jusqu’à lundi midi. Lundi après-midi, Thomas Bach accueillera les délégations de Los Angeles et Paris, cette dernière étant emmenée par le président de la République Emmanuel Macron, fervent supporteur de la candidature parisienne.
Puis mardi matin chaque ville passera un grand oral devant les membres du CIO suivi d’une séance de questions/réponses, durant au total 75 minutes. Emmanuel Macron devrait prendre la parole pour défendre le dossier parisien à l’heure du déjeuner.
Dans l’après-midi, et c’est là que tout bascule, un vote devrait être soumis aux membres du CIO qui pourrait changer la donne et offrir aux deux villes les Jeux olympiques.
Est-ce que Paris aura les Jeux olympiques mardi soir ?
Sauf immense surprise, oui. Mais reste à savoir lesquels. On devrait connaître mardi soir le résultat du vote du CIO sur la double attribution des Jeux 2024 et 2028 pour Paris et Los Angeles, sans savoir qui a quoi. Pour résumer, faute de candidats crédibles pour 2028, le CIO préfère proposer à une des deux candidatures de 2024, jugées excellentes, de se reporter sur quatre ans plus tard. Une sorte de gagnant-gagnant pas si simple que ça, puisque Paris et Los Angeles semblent d’accord sur le principe mais que les deux n’ont aucune envie de se coucher pour 2024.
« L’idée, c’est qu’il n’y ait pas de perdant, car ce sont deux excellents projets, explique Jean-Christophe Rolland, président de la Fédération internationale d’aviron et le seul Français à être président de Fédé internationale Le contexte géopolitique n’est pas évident en ce moment, alors pour le CIO sécuriser jusqu’en 2028, c’est tout de même une sacrée opportunité. »
Et une fois que c’est voté ?
Mardi soir, lorsque vous reviendrez tout juste de la plage ou du travail, Paris aura donc les Jeux olympiques. Mais va s’ouvrir alors une immense plage de tractations sur tout l’été pour savoir qui à ceux de 2024 et ceux de 2028. « Une fois cette double attribution décidée, l’enjeu va être de bien négocier pour avoir 2024, présente Christophe Rolland. Et là, toutes les forces seront utiles pour ça. »
On pense notamment à Mike Lee, le lobbyiste qui avait selon la légende tout changé pour Londres 2012. Surtout que Paris ne veut absolument pas de 2028. C’est en tout cas ce qu’affirme avec véhémence la délégation française depuis que l’idée d’une double attribution a germé dans l’esprit de Thomas Bach. « On peut gagner ou perdre, mais on reste sur 2024 », nous expliquait fin juin Tony Estanguet.
Bref, place désormais à deux mois de négociations et de lobbying. « Le but c’est de donner envie, enchaîne Rolland. Pourquoi mon projet il est porteur de quelque chose de différent, en quoi il va être plus marquant… Il faut se différencier. Et là-dessus Paris a des atouts ».
Dans une tribune publiée sur le site du JDD, le spécialiste du mouvement olympique Armand de Rendinger résumait ainsi la problématique :
« « On est désormais dans une partie tactique. Une phase de négociations serrées va s’ouvrir. Los Angeles a une approche plus diplomatique que Paris, qui se dit uniquement focalisée sur 2024. L’erreur serait d’entrer dans un bras de fer, sur le mode "c’est ça ou rien", surtout que le Comité olympique français est bien moins puissant que son homologue américain. L’enjeu est de trouver les arguments pour montrer que c’est tout l’intérêt du CIO d’attribuer les Jeux à Paris dès 2024. La ville qui sera choisie pour 2024 aura gagné la bataille du symbole. Mais celle de 2028 aura plus de latitude pour organiser les Jeux, car elle aura posé ses conditions bien en amont, non seulement avec le CIO mais aussi avec les fédérations sportives internationales ». »
Et alors, Lima en septembre ?
C’est dans la capitale péruvienne que sera officialisée la décision du CIO, Paris ou Los Angeles pour 2024, le 13 septembre prochain. Le gagnant aura donc 2024, le perdant 2028 et quelques avantages. On évoque notamment une compensation financière et une rallonge de 200 millions de dollars au milliard et demi-accordé pour l’organisation de l’événement. Armand de Rendinger évoque aussi une possible « nouvelle répartition des bénéfices et des pertes, et aussi un droit de regard sur le choix des disciplines sportives », tout ça pourrait donc se transformer en « victoire économique quand on fera les comptes à la fin […] ce n’est pas forcément la ville qui sera la plus heureuse à Lima qui restera la plus heureuse en 2028 ».
Dans un communiqué publié il y a quelques semaines, le boss de LA-2024, Casey Wasserman, avait ouvert en grand une porte en affirmant que « ce n’était pas maintenant ou jamais » pour sa candidature et que « Los Angeles ne veut pas mettre d’ultimatum au CIO ». L’air de dire que LA est prêt à attendre à quatre ans de plus ou une ruse politique pour faire passer Paris pour un bourreau ? Voilà, vous êtes en plein cœur des tactiques politiciennes qui vont rythmer l’été et déboucher sur une décision très lourde du CIO.
Pour 20 Minutes, Mike Lee résumait tout : « Une bonne campagne, c’est une campagne où l’on va jusqu’au bout. Où l’on pousse jusqu’au bout. Comme une course. Si on disputait un 1.500m, on pourrait dire qu’on est dans les 300 derniers. Il faut passer la ligne d’arrivée, qui est Lima. Rester concentrés. Cette course un peu différente à cause de la question de la double attribution. Ça change la teneur des discussions. Nous, on reste sur 2024. »
Mardi, le vote devrait entériner la fin d’une première campagne, avec une belle victoire au bout. Mais aussi le début d’une autre, qui s’annonce au moins aussi serrée.