Tour de France 2017: Bardet en feu, les chutes, la Sky affaiblie... Et si c'était un Tour de fou-furieux?
CYCLISME•Que celui qui s'est ennuyé pendant la première semaine lève la main...William Pereira
Vélo, dodo, vélo, dodo… et re-dodo. Lundi, c’est repos du guerrier. Nous qui passons la journée scotchée à un fauteuil, on s’en serait volontiers passés, mais c’est ainsi. Il faut bien permettre à ces héros sur pédales de reprendre des forces avant de repartir pour six jours de torture supplémentaires.
Car croyez-nous, en dehors des journées relativement calmes de mardi et mercredi, la fin de semaine s’annonce agitée sur les routes françaises. C’est à se demander si, au vu des huit premiers jours de festivités, on n’est pas parti sur les bases du Tour de France le plus ouf de ces dix ou quinze dernières années. Ouf au point d’entrer dans l’histoire. On rembobine, on fait le point et on s’explique.
Ce qui s’est passé jusqu’ici
Le prologue : Geraint Thomas roule sur Düsseldorf à plus de 52 km/h de moyenne, Froome reste en embuscade à 12 secondes met une demi-minute aux autres favoris. La Sky place également Kiryienka et Kwiatkowski dans le top 10 en plus de s’offrir une polémique sur des combinaisons dites aérodynamiques. Un peu plus tôt, Valverde s’est explosé contre une barrière de sécurité et était contraint de dire prématurément adieu au Tour. Tout ça sur 14 petits kilomètres.
Kittel écrase la concurrence : C’est assez simple. A chaque fois que l’Allemand a pu disputer un sprint, il l’a remporté. On n’a pas les mots pour décrire la première semaine de la plus grosse paire de cuisses du peloton si ce n’est « c’est fort ». Trois victoires d’étapes, et c’est pas fini.
Aru fait du Nibali sur la Planche des Belles Filles : On s’y revoyait déjà. Froome, La Planche et au milieu personne, pas même un Wiggins pour freiner les ambitions de son compatriote. Bref, on s’attendait à un coup de force des Sky. C’est finalement Fabio Aru qui a placé une banderille fatale à quelques encablures de l’arrivée histoire de gratter des secondes à Froome. Et de montrer qu’il faudra compter sur lui.
Sagan exclu, Cavendish blessé : On ne vous refait pas le dessin. Un sprint musclé entre rescapés d’une chute dans le peloton peu avant l’arrivée à Vittel a accouché d’un coup d’épaule de Sagan sur Cavendish façon Mario Kart. Le Britannique se voit éjecté dans les barrières et le Slovaque éjecté de la course pour mise en danger des autres coureurs. Et les appels de son équipe n’y changeront rien. On notera en parallèle les échanges sympas entre les deux hommes sur Twitter pour enterrer au plus vite la polémique.
Démarre s’offre une première victoire sur le Tour puis le quitte par la petite porte : Quand le chat dort, les souris dansent. Kittel, le Cav’et Sagan out, c’est Arnaud Démare qui profite du seul sprint accessible à un autre être humain que Marcel Kittel. Sa première sur le Tour de France, avec le maillot bleu, blanc et rouge. C’était beau, putain ! Plus que le brutal déclin qui suivra et le conduira à terminer hors-délais sur l’étape de Chambéry. Nono a entraîné trois équipiers dans sa chute, hécatombe à la FDJ. A Pinot de rattraper tout ça.
Porte et Thomas abandonnent sur chute, Quintana et Contador largués : Il aura suffi d’une vraie étape de montagne pour éliminer les trois quarts des favoris de la course au maillot jaune. Par principe, on n’élimine pas encore Nairo Quintana (+2’13), l’homme des troisièmes semaines. En revanche, Alberto Contador et ses cinq minutes de retard sur Froome peuvent déjà faire le deuil des Champs-Elysées en jaune, tout comme Geraint Thomas et Richie Porte, blessés et transportés à l’hôpital après avoir chuté dans les descentes du col de la Biche et du mont du Chat.
Ce qui nous laisse penser que la suite sera encore plus cool
Froome sera (presque) seul en haute montagne : « Geraint occupait la deuxième place au classement mais il est aussi un coureur clé pour moi dans la montagne. » Chris Froome le sait, l’abandon de son bras-droit va considérablement l’affaiblir lors de la dernière quinzaine du Tour de France. Cette fois, il va devoir défendre sa tunique dorée tout seul, comme un grand. Y parviendra-t-il ?
Bardet est génial : En attaquant dans la descente du mont du Chat, Romain Bardet a prouvé qu’il était le meilleur des favoris sur ce terrain. En résistant autant que possible sur le plat vers Chambéry, il a fait preuve d’une abnégation pleine de certitudes : le leader d’AG2R ne lâchera rien avant la montée sur les Champs. Et avec une équipe composée de gars comme Latour, Vuillermoz, Frank et Bakelants, on serait presque tenté de dire que Bardet est mieux entouré que Froome. Presque.
Aru et Fuglsang vont mener la vie dure au maillot jaune : On n’est pas loin de remercier Fabio Aru pour sa blessure printanière qui l’a contraint à ne pas s’aligner sur le Giro. Car à l’aune de la deuixème semaine de course, il fait figure de grand outsider de ce Tour. Offensif et audacieux, il attaquera Froome autant que possible pour essayer de la faire plier. Pour l’aider dans son entreprise de démolition, il sera épaulé par le redoutable vainqueur du Dauphiné, Jakob Fuglsang.
Il reste des étapes taillées pour la castagne : On pense tout particulièrement à celle du 14 juillet entre Saint-Girons et Foix. 101 km, trois cols de première catégorie. Si ça, c’est pas un appel à l’offensive on ne comprend plus rien au vélo. A surveiller également les arrivées à Peyragudes et l’Izoard et les risques de bordures dans le Sud-est.
Les rivaux de Froome doivent le distancer avant le CLM : Les Aru, Bardet, Quintana, Uran et compagnie seront donc contraints d’attaquer le maillot jaune à plusieurs reprises de sorte à avoir au moins une minute d’avance avant le chrono de Marseille. Toute avance inférieure ou nulle serait éliminatoire tant le Britannique leur est supérieur dans cet exercice. Tant mieux. C’est un peu notre assurance-spectacle d’ici la fin du Tour.