Mercato: Maintenant qu'il a signé à Arsenal, on peut enfin dire du bien d'Alex Lacazette?
FOOTBALL•Alexandre Lacazette s'est inscrit dans la lignée des meilleurs attaquants de L1...William Pereira
Il fallait bien que ça arrive un jour. Après tant de « parti pour rester », d’« affaire à suivre » et de « il ne partira pas cet été », Alexandre Lacazette va quitter l’Olympique Lyonnais à l’âge de 26 ans, contre 60 millions d'euros (dont 7 de bonus). Direction Arsenal, où l’international français fera connaissance avec Arsène Wenger, le boxing day, le beau jeu, la lose et tout plein d’autres trucs cools. Il laissera derrière lui un un pays orphelin d’un grand attaquant, mais qui ne l'a pas toujours reconnu comme tel.
Les chiffres et les lettres le disent: Lacazette est très fort
Grand attaquant, oui. N’ayons pas peur de le dire. Car si on écrivait il y a quatre ans – époque où l’on croyait plus en Benzia - que Lacaz’ devait « choisir entre un destin à la Benzema ou Govou », il ne fait plus aucun doute que le bonhomme a opté pour la première option. Non pas qu’il soit aussi fort que Karim (en même temps ils sont peu à pouvoir s’en vanter), mais le futur ex-Lyonnais, après avoir longtemps été taxé de joueur surcoté, donne aujourd’hui la sensation d’être complètement sous-évalué en France. Amateurs de chiffres, bonjour.
Lacazette à l’OL, c’est :
- 129 buts en 276 matchs (en jouant majoritairement sur les ailes jusqu’en 2013-14)
- Seulement 23 penaltys marqués (tut, tut les rageux)
- Un titre de meilleur buteur en 2014-15
- Un trophée UNFP de meilleur joueur la même année (dans le même championnat que Zlatan Ibrahimovic, donc)
- Un record personnel de 28 buts sur une saison en L1
Pour les littéraires que les chiffres ne sauraient convaincre, figurez-vous que le Dijonnais Fouad Chafik nous avouait plus tôt dans la saison avoir été bien plus impressionné par un Lacaz' que par d'autres grands noms de notre L1:
« « Le meilleur joueur que j'ai croisé? Sans discussion Lacazette. Il était sorti à la mi-temps (Dijon a finalement gagné 4-2, ndlr) et on s’était regardés avec les autres défenseurs en se disant « ouf ». Dans les déplacements, les contrôles, c’était au-dessus. De très loin. On en a reparlé après et tout le monde était d’accord. » »
On pourrait citer plein d'autres équipes qui se seraient bien passées de la présence du bombardier lyonnais. Toulouse, par exemple. Plein d'espoir et d'ambitions après avoir poutré Paris et Monaco au Stadium, le TFC accueillait des Gones en plein doute le 29 octobre 2016. Et s'est fait refroidir par un Lacazette retrouvé après sa blessure de Dijon (un doublé et un match de daron).
Effet immédiat pour l'OL, qui enchaîne derrière les bonnes perfs pendant un mois (jusqu'à la défaite contre Paris), toujours sous l'impulsion de son joueur-clé, qui, s'il a refusé d'en enfiler officiellement le costume (« je ne me vois pas dans le rôle de sauveur [...], je fais partie d'un groupe et j'ai envie d'aider mes partenaires », disait-il avant le retour contre l'Ajax), a assumé son statut de héros local cette année. C'est simple: sans Lacazette, on aurait pu rebaptiser le Guernica de Picasso « OL fin de saison 2017 » que ça n'aurait choqué personne (même avec, c'était limite).
Il n'y a qu'à (re)voir la prolongation contre le Besiktas ou l'aller face à l'Ajax en C3 - quand Lacazette n'était pas là - pour bien s'en imprégner. Le secteur offensif ne resemblait A RIEN, NIET, NADA sans son attaquant. Comme un grand, celui-ci a su se rendre vital de par son efficacité devant le but mais aussi dans le jeu, où son volume surhumain lui permettait de redescendre presque aussi bien qu'il n'attaquait. Quand c'est Cavani on crie au génie, quand c'est Lacazette on ne voit pas, on en demande toujours plus, comme on l'a d'ailleurs toujours fait avec lui. Et ce dernier de répondre aux attentes, parfois sans qu'on s'en rende compte.
Un dernier cap à franchir
Quand on lui reprochait de ne pas marquer assez lors de ses jeunes années (alors qu'il était en exil sur les ailes, lui l'avant-centre), il s'est mis à enquiller les buts. Quand on lui faisait remarquer chez les U19, U20 et espoirs qu'il n'était pas titulaire à cause d'un déficit physique, il a répondu en devenant un tank (toujours sujet aux blessures, certes). Si on est toujours les premiers à l'ouvrir, c'est toujours Lacaz' qui a le dernier mot.
Mais il manque encore un cap à franchir sur la voie de la reconnaissance pour l'avant-centre formé à Lyon, celui des très grands rendez-vous (on pense à son penalty raté contre la Juve). S'imposer à Arsenal et en Premier League dans l'une des meilleurs équipes du pays et l'un des meilleurs championnats d'Europe pourrait bien l'aider à y parvenir. Qui pourrait encore ignorer le talent d'un homme qui totaliserait une bonne vingtaine de pions en Angleterre? Pas grand monde. Pas même Didier Deschamps.