Immersion totale et jouissive: comment l'émission «On Board» nous a réconciliés avec la F1
FORMULE 1•Si un jour on nous avait dit qu'on aimerait regarder de la Formule 1 à la télé...Aymeric Le Gall
L'essentiel
- Si l'on n'est pas fan, c'est très dur de regarder un Grand Prix de F1 sans s'endormir
- Canal + a acheté les droits de diffusion de la Formule 1 en 2013
- La chaîne a créé «On Board», une émission immersive qui révolutionne la manière de regarder ce sport automobile
La Formule 1, c’est pas bien. Oui, au risque de passer pour de gros snobs prétentieux sans le moindre respect pour la passion de certains de nos lecteurs, on vous le dit tout net, le championnat de F1 nous gonfle puissance 1000. Plusieurs raisons à cela.
> Un, il n’y a pas d’étapes de montagne.
> Deux, le dimanche matin (ou midi, ou début d’aprem), soit on dort soit on se prépare psychologiquement pour la sieste devant le Rennes-Saint-Etienne de 14h.
> Trois, parce que si on veut voir des bagnoles tourner en rond pendant des plombes, on préfère se poser au bord du périph’parisien avec un sandwich et un thermos de café. Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, niveau immersion y a pas photo entre les deux expériences.
Donc on n’aimait pas ça. Mais ça c’était avant. Avant que Canal + ne rachète les droits de la F1 et mette le paquet en termes de réalisation. En recherche permanente d’innovation, Canal, par la voix du grand maître de la réal’ François-Charles Bideau, a créé de toutes pièces un concept d’émission de F1 qui révolutionne purement et simplement la manière de regarder ce sport automobile. Son nom ? On Board. « A bord », en français. Si le titre parle de lui-même, on va quand même détailler un peu.
En vadrouille avec Lewis Hamilton
La chaîne propose au téléspectateur de vivre les Grands Prix (en rediffusion) comme s’il était embarqué dans chaque bolide en course sur le circuit. Le concept, plutôt simple sur le papier, n’avait pourtant encore jamais été utilisé nulle part sur la planète. Son but, rendre la course plus vivante que lorsqu’on la regarde en direct, via des caméras très éloignées du ras du bitume.
« Les grands prix sont filmés d’un point de vue extérieur et, à part à Monaco, les caméras sont très loin de la piste et on a parfois du mal a bien restituer la vitesse et la puissance des voitures, confirme François-Charles Bideau. En plus, il y a beaucoup de circuits où le spectacle n’est pas au rendez-vous car les dépassements sont impossibles, où on est juste là à subir les stratégies de changement de pneus, des arrêts au stand… C’est vrai que ça peut être rébarbatif pour le grand public. » Il fallait donc relifter tout ça.
Grâce à des caméras embarquées, nous voilà plongés tantôt dans la voiture de Lewis Hamilton, tantôt dans celle de Sebastian Vettel, et ainsi de suite. L’immersion, totale (et assez jouissive, il faut bien le dire) pour le spectateur, est renforcée par les échanges radio entre les pilotes et leurs équipes. Saupoudrez le tout de quelques explications narratives, histoire simplement de préciser le contexte de la course et de faire comprendre au spectateur les stratégies mises en place par les différentes écuries, et voilà comment vous obtenez une émission totalement révolutionnaire dans le monde de la F1.
Tout est parti d’une frustration. Explication du boss : « Comme l’utilisation des 'on board' est très codifiée par la FOM (Formula One Management, le promoteur de la F1, ndlr), on ne peut pas les utiliser ni trop ni trop longtemps lors du direct. Or, nous, on voyait les sensations que cela pouvait procurer de regarder une course sous cet angle de vue. On était peu frustrés à l’idée de ne pas pouvoir les utiliser pleinement. »
Alors, quand François-Charles Bideau (qui a réalisé pendant 10 ans le Grand Prix de Monaco) comprend qu’il peut finalement utiliser pleinement cette mine d’or audiovisuelle, l’idée a fait son chemin.
Il « suffisait » d’y penser…
« Tous les signaux de tous les ‘on board’ de chaque voiture n’étaient jamais distribués par satellite, donc on n’y a accès que si on le demande et uniquement sur site. Et c’est en ayant accès à tout ça, en regardant les vidéos plusieurs fois que j’ai eu l’intuition qu’on pouvait monter un programme qui avait du sens. J’ai donc fait un test en fin de saison 2013, j’ai fait enregistrer toutes les images ‘on board’ des pilotes lors du Grand Prix des Etats-Unis. On a amené tout ça à Canal, on les a montées et on a fait un pilote. » On Board était né.
Adopté d’emblée par les fans de pneus à gomme, l’émission est parvenue à séduire un public plus large. « On a vu que cet angle nouveau, cette manière de voir un GP en totale immersion plaisait aussi à des personnes qui ne s’intéressaient pas beaucoup d’intérêt (voire pas du tout, comme nous) à la Formule 1, poursuit le réalisateur. Le fait d’être dans la voiture avec le pilote, ça fait que le téléspectateur est scotché devant son écran du début à la fin de l’émission. »
Les fans, check. Les moins fans, check aussi. Et les pilotes dans tout ça ? Et bien eux aussi apprécient le concept. Mieux, ils y trouvent un intérêt réel. « Comme ce programme montre le pilotage pur de chaque pilote, ils arrivent à comprendre les réactions des voitures de leurs adversaires, confie Bideau. Par exemple, quand un pilote Ferrari regarde trois tours d’une Mercedes, il va se rendre compte que le voiture réagi différemment de la sienne. On le voit bien, dès qu’on leur montre ces images-là, ils sont très attentifs. »
Récompensés en 2015 par la FOM du prix du « meilleur broadcaster mondial de Formule 1 », FCB et ses équipes ne se sont pas plantées. Et nous, ben on a juste hâte de regarder le prochain épisode.