Bulldozer, bande de potes, réussite... On vous raconte le Monaco 2017 (vu de l'extérieur)
FOOTBALL•S’il vous plaît, dessine-moi Monaco 2017…William Pereira
L'essentiel
- L’AS Monaco est sans aucun doute l’équipe française de la saison 2016-2017
- On a demandé à quatre intervenants extérieurs (un joueur, un journaliste, un supporter de l’ASM et un autre du Borussia Dortmund) de nous raconter « leur » AS Monaco
Un titre de champion, une demi-finale de Ligue des champions, plus de 100 buts marqués cette saison, un football spectaculaire, des prix UNFP à gogo… Cette année, Monaco a envahi la France du football et cette derrière n’a rien pu faire pour l’arrêter.
Il faut être honnête, le champion de France 2016-2017 est l’un des plus beaux – sinon le plus beau – de la décennie en cours bien qu’inférieur en nombre de points et de titres cumulés que le dernier PSG version Zlatan. Principalement parce qu’il a justement mis terme à une hégémonie parisienne que tous jugeaient inébranlable. Bref, c’était le Monaco de 2017, et on a très envie de vous le raconter une dernière fois avant qu’il ne disparaisse, englouti par le mercato estival.
- Une bande de potes surdoués
« On est tous très solidaires. On est une bande de potes qui s’amuse sur le terrain ». En une phrase en conférence de presse d’avant 30e journée, Thomas Lemar avait confirmé l’impression qu’avaient les suiveurs du club tout au long de la saison. Jamais avare en vannes et sourires ultra-brite, l’équipe a plus que jamais donné un sens à l’expression « le groupe vit bien ». Mathieu Faure, journaliste à Nice-Matin, qui a suivi l’ASM toute la saison, confirme.
« « Les jeunes français, les Lemar, Mendy, Sidibé, Bakayoko, ils se sont côtoyés chez les espoirs, ce sont des potes, ils sont Français, sont dans les mêmes âges… Ils ont les mêmes codes. Et puis il n’y a pas de gros ego, de connard dans le vestiaire. » »
Forcément, tout ça a joué sur le collectif et le rendement de l’équipe. « On voyait bien qu’ils se trouvaient les yeux fermés sur le terrain », témoigne Fouad Chafikh, défenseur dijonnais qui a croisé le fer avec l’ASM. Mais la cohésion était déjà là avant. « Wallace, c’était le pote de Cavaleiro et Mattheus… Ils s’entendaient bien aussi. La différence c’est qu’ils avaient des pieds carrés », ajoute Mathieu Faure. Punchline.
a- Le football « trois étoiles Michelin »
La différence, c’est donc Falcao, Glik, Mendy, Sidibé et bien sûr Kylian Mbappé. « Tout a été dit sur lui mais je n’ai jamais vu ça. On tient certainement un Messi ou un Ronaldo et le voir sortir de chez nous c’est exceptionnel. Le gamin est champion de France et jouera sûrement le mondial à 19 ans limite dans le peau du favori », s’extasie Nicolas, supporter de l’AS Monaco, qui en profite pour en placer une sur Fabinho.
« Il est pour moi la réussite de l’ASM. Je suis extrêmement fier de Fabinho. Il est divin. Il faut en parler davantage », insiste-t-il. Le truc, c’est qu’il est assez compliqué de se concentrer sur le meilleur milieu central d’une équipe qui plante trois pions par match en moyenne. Surtout quand celle-ci nous avait auparavant habitués à une cascade de 1-0. Mathieu Faure :
« « C’est ce qui m’a principalement marqué. Les buts. L’année dernière on s’amusait à compter le nombre de fois où il y avait 0-0 à la mi-temps. Là, on comptait le nombre de buts sur les premiers tirs ou les dix premières minutes. Et à la fin, les 4-0 contre Bordeaux, les 7-0 contre Metz, c’est devenu normal. » »
Normal, mais inoubliable. « Cette équipe c’est du trois-étoiles Michelin, quand tu t’attends à retomber dans du moins bon au match suivant il est encore plus exceptionnel. Je n’oublierai jamais qu’on a atteint la barre des 100 buts inscrits », partage Nicolas, qui s’attendait à tout sauf à ça. Effet de surprise qui s’est étendu jusqu’en Europe. Manchester City et Dortmund en savent quelque chose.
Alexandre, supporter du Borussia a découvert le bulldozer asémiste dans son Signal Iduna Park : « on savait que ça serait difficile contre eux, mais j’ai été surpris de voir une équipe aussi impressionnante offensivement. Ils ont su hausser leur niveau de jeu quand c’était nécessaire. Quelque part oui, il y avait un peu du Borussia d’il y a quelques années », concède-t-il.
- La chance était du côté de Monaco
Beau joueur, l’habitué de la Südtribune ne se fait pas d’illusions sur le niveau de jeu du tombeur de son équipe en Ligue des champions. Mais ne lui demandez pas d’oublier l’attaque contre le car du Borussia à quelques heures du coup d’envoi du match aller (finalement décalé au lendemain). « On ne saura jamais à quel point cela a eu une influence, mais ça a forcément joué, oui », regrette-t-il.
Mathieu Faure aime rappeler de son côté que ce triste événement n’a pas été le seul – toutes proportions gardées – à avoir affaibli des adversaires qui s’apprêtaient à jouer Monaco. La fameuse chance du champion.
« « Avant les barrages de Ligue des champions, l’ASM joue contre un Villarreal décimé par les blessures. C’est un peu le départ de cette part de chance qui va les suivre, comme quand Verratti se claque juste avant le match à Paris. » »
- Un champion sympathique
On ne va pas vous sortir la vieille rengaine du PSG qui représentait le mal avec son diable d’arrogance Zlatan Ibrahimovic. Ce serait trop simpliste (et complètement faux). Mais la récente domination parisienne a automatiquement rendu sympathique toute équipe susceptible de la vaincre.
Et en venant à bout de l’hydre parisienne, Monaco a forcément vu sa popularité augmenter auprès des fans de foot français. Et même des footballeurs eux-mêmes. « Nous aussi les joueurs on attendait d’avoir un autre champion donc forcément on voit Monaco d’un bon œil », avoue l’international marocain. Et de conclure :
« « Sur le terrain, on sentait que c’était une équipe gentille. Dirar, qui est un ami, est un super gars. Mendy, on m’en a dit du bien, et le petit Mbappé on voit qu’il garde la tête sur les épaules. C’est une équipe qui joue sans prendre personne de haut. Quoi qu’il arrive ils voulaient toujours marquer plus, pour moi c’est une grande marque de respect pour l’adversaire. » »
Soit. Reste à savoir quand même si des équipes comme le FC Metz (12 buts) ou le Stade Rennais (10 buts, encore un match à jouer) n’auraient pas préféré se passer de tout ce respect.