Monaco (quasi) champion: Pourquoi l'égalisation de Bernardo Silva contre le PSG a été le but du titre
FOOTBALL•Le but de Bernardo Silva dans les arrêts de jeu du PSG-Monaco du mois de janvier a tout changé...W.P., avec A.H
L'essentiel
- Le PSG avait manqué l'opportunité de revenir à hauteur de Monaco le 29 janvier dernier
- Bernardo Silva avait marqué le but égalisateur à la 92e
- On vous explique pourquoi c'est le grand tournant de la saison monégasque
L’AS Monaco n’est pas champion de France, mais c’est tout comme. Sauf énorme surprise, les Monégasques feront la fiesta mercredi soir à l’issue de leur match en retard contre l’AS Saint-Etienne. Un sacre qui s’est dessiné tout au long de la saison grâce à un collectif et une certaine idée (spectaculaire) du football mais qui a réellement pris forme un soir de janvier, au Parc des Princes.
C’était le 29, pour être précis. Prenez un miroir et vous obtiendrez le 92, comme la minute à laquelle Bernardo Silva a décidé de dégoûter le PSG avec sa spéciale « retour dans l’axe + frappe du gauche ». Alphonse Areola est battu, Paris lâche deux points et manque l’occasion de revenir à hauteur des Asémistes. Le champion en titre ne reviendra d’ailleurs jamais « à la régulière » (seul le match en retard de l’ASM a un temps permis au PSG de recoller sur le leader avant de décrocher définitivement à Nice).
Bilan en L1 après Paris : que des victoires et un match nul
Autrement dit, le Portugais ne le savait pas encore, mais il venait d’inscrire le but du titre. Et on exagère à peine, d’autant qu’on n’est pas les seuls à le penser. Luc Sonor (ancien de l’ASM), Guy Lacombe (ancien des deux) et Vincent Guérin (ancien parisien), contactés par 20 Minutes, tirent dans le même sens.
Luc Sonor : « C’est un des tournants de la saison. A partir de ce match, tout le monde s’est mis à respecter Monaco, à se dire qu’ils pouvaient gagner la Ligue 1. Ne pas perdre en championnat contre Paris était un signe fort. »
Guy Lacombe : « Lorsqu’une équipe est championne, il y a des signes dans la saison, et clairement, ce match nul obtenu à la dernière minute en est un. Et cela a entraîné une forte confiance du côté de l’ASM et surtout de croire que le titre était possible. »
Vincent Guérin : « Un point obtenu de cette façon ça vous apporte plus de sérénité, de décontraction, de l’optimisme. »
La théorie est confirmée par les chiffres. Avant l’épisode du 29 janvier, les hommes de Leonardo Jardim avaient perdu trois matchs de L1 et concédé trois matchs nuls (quatre en comptant celui du Parc). Après ça ? Un sans-faute, à l’exception d’un petit accroc (1-1) à Bastia. Preuve qu’il y a bien eu un avant et un après Paris. Plus que le résultat en soi, c’est dans la révolte imminente des Monégasques après l’ouverture du score tardive d’Edinson Cavani sur penalty (81e) que se trouve la vraie victoire de cette équipe, qui a trouvé la force de se relever là où n’importe quel adversaire du PSG serait resté au tapis. Luc Sonor :
« « Ça a montré que c’était une équipe qui ne se relâchait jamais, qui ne s’avouait jamais vaincue. Ce but de Bernardo Silva, c’était une façon de dire "cette année, on est là pour contester la suprématie". » »
De l’auto-confiance, un message fort pour les adversaires et un nouveau statut pour le héros du soir. « Pour Bernardo Silva, ce but a été un accélérateur de particules positives qui permet de vous booster sur les matchs suivants. Ce qui a été le cas, même s’il est un peu moins bien en cette fin de saison », analyse Vincent Guérin.
Et si Paris avait gagné ?
Si l’AS Monaco a ressenti comme un gros coup de vent dans le dos, le PSG ne s’est pas forcément démobilisé après cette contre-performance, continuant à distribuer des tartes à tout le monde (sauf au TFC) jusqu’au drame du Camp Nou. Ce qui pousse Guérin à penser que si le but de Bernardo Silva a « été important », Paris a perdu le championnat ailleurs. « Le PSG n’a gagné aucun match contre le Top 3 et c’est sûrement à cause de ça qu’ils sont derrière l’ASM », martèle-t-il.
Pas faux. Mais un succès sur son plus grand adversaire direct aurait eu un certain impact psychologique sur les Monégasques. Une anecdote que nous a racontée Luc Sonor illustre d’ailleurs parfaitement la chose.
« « Lors de la saison 1991-1992, quand l’OM vient gagner chez nous à Louis-II (0-3), ça nous a détruits psychologiquement alors qu’on était à la lutte pour le titre. Ils nous ont planté des banderilles. » »
Et Guy Lacombe d’enchaîner. « Oui, s’ils avaient perdu, ils se seraient dit que ça aurait été compliqué de gagner le championnat. » Conclusion : amis monégasques, n’oubliez pas d’avoir une pensée pour ce but tardif de Bernardo quand vous alignerez les Super Bock pour fêter le titre.