On dit souvent que le football a la mémoire courte. Mais là, il va falloir penser à consulter sérieusement. Car il aura suffi à la Juventus de deux cleansheets consécutifs en Ligue des champions (contre le Barça et Monaco) pour se faire taxer d’équipe défensive. Comme si la Vieille Dame était la Grèce, Allegri, Otto Rehhagel et Higuain, Charisteas ( si vous avez pas la ref', tapez 'Euro 2004' dans Google). Depuis plusieurs jours, c’est ce que de nombreuses voix françaises veulent nous faire croire.

Oui mais non. La Juve est tout sauf une formation dont la stratégie première est la défense. Les chiffres (en Serie A) disent en tout cas le contraire.

• Deux buts marqués par match en moyenne
• 55 % de possession de balle en moyenne
• 15,2 tirs par match en moyenne
• Une série de 34 matchs avec au moins un but marqué entre la défaite 1-0 de Milan le 22 octobre 2016 et le 0-0 contre Barcelone le 19 avril 2017
• Un meilleur buteur à 24 buts (Gonzalo Higuain)

La Juve sait absolument tout faire

Evidemment, pour savoir tout ça, il aurait fallu analyser les Bianconeri dans leur globalité et non sur deux rencontres successives à l’extérieur, qui plus est contre les deux équipes les plus prolifiques d’Europe. Quel intérêt aurait eu Allegri à envoyer ses hommes au charbon au Camp Nou après avoir détruit Barcelone 3-0 au Juventus Stadium (pas mal pour une équipe défensive) face à une MSN qui avait remonté le PSG un mois plus tôt, ou d’ouvrir le jeu contre des Monégasques qui disposent de fusées sur les couloirs et en attaque ? Question rhétorique à laquelle Vincent Candela a accepté de répondre.

« « Il y a encore cette idée que la Juve, c’est le catenaccio. Mais c’est simplement une grande équipe avec beaucoup d’expérience et de rigueur tactique. Tout le monde défend dans cette équipe, mais ça ne veut pas dire qu’elle est forcément défensive. En Serie A, même si le championnat n’est plus ce qu’il était, vous voyez souvent la Juve attaquer à quatre ou cinq avec Higuain, Dybala, Pjanic et Mandzukic. » »

Finalement, la Juventus n’a fait, sur ses deux dernières rencontres européennes, que ce qu’elle devait faire. S’adapter. Car c’est bien là le vrai point fort de cette équipe. Savoir quand attaquer, quand défendre, et quand temporiser. Ce dont manque par exemple l’ASM, qui a tendance à ne savoir aller que vers l’avant, et le PSG, qui au contraire joue pépère pendant 90 minutes. Vincent Candela acquiesce.

« « C’est la marque des grandes équipes et des grands entraîneurs, accepter de s’adapter à telle ou telle situation, à tel ou tel adversaire. Les joueurs eux, savent ce qu’il faut faire au bon moment. En fait, ce n’est simplement pas le style de la Juve de garder le ballon 90 minutes. » »

On l’a d’ailleurs bien vu au Louis II la semaine dernière. Les 20 premières minutes ont été complètement dominées par les Italiens, qui ont eu énormément de corners et même une occasion nette pour Higuain qui aurait pu marquer de la tête très tôt dans le match s’il n’avait pas eu un physique de mangeur d’asado. Ensuite, quand Mbappé, Bernardo et Lemar ont appuyé sur le champignon, le bloc s’est resserré pour ne pas prendre le bouillon. Et c’est finalement sur contre-attaque que la Juventus a plié le match.

Trop de joueurs offensifs pour se contenter de défendre

Monaco a permis à son adversaire non pas d’exprimer sa capacité à défendre mais celle de neutraliser un adversaire de plusieurs manières différentes. Rares sont les équipes qui peuvent s’en vanter.

Enfin, en laissant de compter les concepts tactiques et autres réflexions poussées sur le jeu, il n’y a qu’à jeter simplement un œil sur la feuille de match pour balayer le peu de doutes qu’il peut rester : Dani Alves, Alex Sandro, Pjanic, Dybala, Higuain, Mandzukic, Cuadrado… Quel genre d’équipe défensive dispose d’un tel arsenal offensif ?