Dortmund-Monaco: Est-il vraiment possible de jouer le match un jour après l'explosion?
FOOTBALL•Difficile d'imaginer que des joueurs visés par une attaque jouent un match moins de 24 heures après les faits...William Pereira
De notre envoyé spécial,
Officiellement, le quart de finale aller de Ligue des champions opposant le Borussia Dortmund à l’AS Monaco se déroulera mercredi à 18 h 15. Mais au fond, ce report de court terme soulève une question majeure : peut-on imaginer que des hommes visés par une attaque aux explosifs soient en état de disputer un match de football, aussi important soit-il, moins de 24 heures après les faits ? Rien n’est moins sûr.
« Plus personne ne pensait à jouer au football »
Si la question se pose, c’est que la vie des joueurs du BVB a été mise en danger par une explosion, qui, selon les informations de la police, visait clairement l’équipe. Les yeux dans le vide, l’air hagard, comme perdus - à l’instar de Pierre-Emerick Aubameyang qui n’a pas pu aller bien plus loin qu’un « ça va » quand il a été interrogé sur les faits - les hommes de Thomas Tuchel n’avaient pas la mine à défendre leur couleur un jour plus tard.
Confirmation du directeur général du club allemand, Hans Joachim Watzke. « Toute l’équipe est en état de choc. Ce sont des images que l’on ne peut pas s’enlever de la tête. » Le portier Roman Bürki confirme : après un tel choc, « plus personne ne pensait à jouer au football. » Le gardien suisse a également raconté une partie de la scène à Blick.ch.
« « Après l’explosion, nous nous sommes tous baissés dans le bus, ceux qui pouvaient se sont couchés par terre. » »
Le chaos, la peur de mourir, et donc, un coéquipier touché par des éclats de vitres. Seul joueur atteint par l’attaque, Marc Bartra a été directement évacué en direction d’un hôpital du coin, où il a été opéré dans la soirée d'« une fracture du radius » au poignet droit, selon son club.
Plus que la question du match, c’est aussi celle du trajet entre l’hôtel et le stade qui peut poser problème. Les joueurs parviendront-ils à remettre un pied dans leur bus sans penser à ce qui s’est passé la veille ? Accepteront-ils ne serait-ce que l’idée de rejoindre le Signal Iduna Park dans les mêmes conditions que mardi ? Difficile à (pré) dire.
Le président du Borussia croit ses joueurs capables de surmonter l’événement
Du côté de l’AS Monaco, et en dépit de quelques bruits de couloirs signalant la volonté du club monégasque de remettre le match à plus tard, on croit (un peu) à la tenue de la rencontre mercredi. « C’est difficile de parler au nom du Borussia. Mais c’est une situation qui est très compliquée. C’est très difficile mais j’ai vu la déclaration du président de Dortmund qui a dit que ses joueurs étaient choqués mais prêts à jouer », a déclaré le directeur de la communication de l’ASM, Bruno Skropeta, dans les colonnes de L’Equipe.
Ce dernier fait allusion aux propos tenus par le boss de Dortmund, Reinhard Rauball, qui a déclaré mardi soir que :
« « les joueurs vont réussir à dépasser cela et à jouer. Le pire, ce serait que ceux qui ont mené cette attaque arrivent à leurs fins ». »
L’argument tient la route. Mais il émane d’un homme à qui l’on ne demandera pas d’aller au charbon mercredi après-midi. Pas dit qu’il soit donc entendu par les joueurs. Pas plus que les autorités allemandes, qui, à l’occasion d’une conférence de presse mardi soir, ont promis que la sécurité aux abords du stade serait assurée à l’occasion de la rencontre.