France-Espagne: Entre les Bleus et la Roja, le rapport de force s'est (enfin) équilibré
Football•On n’ose pas le dire, mais on flippe un peu côté espagnol…Johan Tabau
16 octobre 2012. Dans l’ambiance étouffante du Vicente-Calderon à Madrid, Olivier Giroud vient d’égaliser face à l’Espagne à la 93e minute. A voir la joie des Bleus sautillant sur le pré, on croirait presque à un but en or en finale de la Coupe du monde. La presse française s’extasie de ce « jouissif » 1-1 et les supporters des Bleus s’enflamment.
Il ne s’agit pourtant que d’un point engrangé en vue d’une qualification pour le Mondial brésilien de 2014… Preuve en est que l’Espagne faisait trembler toute l’Hexagone et que mettre en échec le roi ibérique auréolé de deux championnats d’Europe et d’un titre mondial ressemblait à l’exploit du siècle. Quatre ans et demi plus tard, le vent a tourné.
Les Bleus sont vice-champions d’Europe et disposent d'un réservoir de joueurs à en faire sourire le plus rabat-joie des supporters. L’Espagne, elle, se relève tout doucement de deux échecs cuisants à la Coupe du monde 2014 et à l’Euro 2016. De l’autre côté des Pyrénées, on le sait, les Bleus ne font plus rire. Jaime Candil, journaliste espagnol à As:
« « Ces derniers temps, les chose ont changé. Je pense que la France est un peu au-dessus de l’Espagne, même si la différence de niveau entre les deux n’est pas si grande. » »
Les Espagnols sont « sous le charme »
Arrivé au FC Séville en janvier dernier, l’international espoirs Clément Lenglet prend souvent la température avec ses camarades espagnols et le sujet Bleus revient en permanence dans un club à l’accent francés (Trémoulinas, Rami, Nzonzi, Ben Yedder, Nasri et donc Lenglet) .
« Ils me disent qu’ils ne craignent pas l’équipe de France et qu’elle ne leur fait pas peur. Mais c’est parce que ce sont des gens fiers, lance dans un rire le défenseur de 21 ans. Tous s’accordent quand même à dire qu’ils sont sous le charme de cette génération. » A l'annonce de la liste, la surprise fut grande pour Alberto Rubio, journaliste à Marca: « Sidibé, Mbappé, Kimpembe, Mendy, Bakayoko... Outre la non-sélection de Benzema qui nous surprend toujours ici, les choix de Deschamps reflètent l'extraordinaire potentiel des Français. »
Dans une interview à Téléfoot, Diego Costa confesse sans vergogne que la France « est une équipe très forte et qu’elle l’a prouvé à l’Euro 2016. » Mais qu’est-ce qui a rendu cette inversion possible en quelques années ?
Candil a sa petite idée : « Les Français ont su se renouveler avec cette nouvelle génération dorée qui semble très bien s’entendre. Chez nous, le changement tarde à venir depuis la retraite internationale de Xavi. L’équipe a souhaité garder la même philosophie de jeu basée sur la possession du ballon mais avec d’autres joueurs. Aujourd’hui, la Roja a des joueurs plus rapides, il y a des choses à changer. »
Clément Lenglet, qui fait partie de cette belle génération et pourrait un jour toquer à la porte des A, reconnaît que les fiers ibères ne se remettent pas de la liste des talents hexagonaux. « Mbappé, Dembélé, Rabiot… Il n’y a pas deux pays dans cette situation de confort au niveau du réservoir de joueurs, rappelle l’ex-Nancéien. Les Espagnols se disent surtout qu’il y a cette jeune vague, mais que derrière, il y a aussi les confirmés qui sont encore loin de la trentaine comme Varane (23 ans), Pogba (24) ou Griezmann (26). »
« L'âge parfait pour le Mondial 2018 »
Si la hype Kylian Mbappé impressionne même Diego Costa, « c’est un phénomène, il a tout pour devenir un grand », les tauliers des Bleus déjà présents font envie à la Roja. Candil, toujours:
« « La France a construit une équipe jeune depuis quelques temps. Ils sont complémentaires et ce groupe de joueurs atteindra l’âge parfait pour le Mondial 2018 en Russie. Ils auront beaucoup d’expérience.» »
Mais alors, l’Espagne flippe carrément devant nos p’tits Bleus ? «Je ne pense pas que l'on doit parler de peur, affirme Rubio. La tendance est à l'équilibre entre les deux équipes oui. Mais la Roja de Lopetegui redevient une escouade dynamique et elle sera candidate au trophée en 2018 comme la France et l'Allemagne.»
La question fait aussi marrer son "concurrent" dans le monde de la presse. « Non, s’amuse Jaime Candil. Je ne pense pas que la Roja a peur de qui que ce soit. Mais s’il y a une équipe à laquelle il faut faire attention en ce moment, c’est bien la France. » L’inquiétude semble quand même poindre. C’est déjà une première victoire.