Si Federer est revenu le meilleur, c’est qu’il a remis son génie à jour (et que la concurrence patauge)
TENNIS•Roger Federer est chaud patate et ses concurrents sont dans le dur…Aymeric Le Gall
En plus d’avoir offert au tennis un je-ne-sais-quoi d’une beauté indescriptible, Roger Federer, 36 ans, est en train de redonner au mot « extraordinaire » ses plus belles lettres de noblesse.
Car il n’y a pas d’autres mots aujourd’hui pour qualifier le retour en grâce du Suisse, déjà vainqueur de deux tournois depuis janvier, dont un du Grand Chelem ( Open d’Australie). Après une année 2016 frappée du sceau du néant, RF est en train de réaliser un come-back… extraordinaire, tout simplement.
« Je ne pensais pas qu’il pourrait un jour revenir à ce niveau-là, nous confie Sarah Pitkowski, ancienne tenniswoman professionnelle. C’est juste incroyable. » Tiens, tiens. De son côté, Arnaud Di Pasquale change de formule mais le registre, lui, reste le même.
« « Je suis surpris, bluffé, époustouflé. On ne s’attendait tellement pas à ça. C’est un champion d’exception. » »
Si l’on ne peut jamais se déclarer totalement surpris face à des monstres de la trempe de Roger, il faut bien avouer que ce retour en grâce à quelque chose de complètement fou.
Il faut toujours de se méfier du Suisse qui dort
« On ne va pas se mentir, poursuit Pitkowski, parmi les observateurs, personne n’aurait imaginé un tel scénario en 2017. On pensait qu’il allait se fixer un petit objectif histoire de faire un gros dernier coup, mais jamais on aurait imaginé qu’il serait premier de la race au bout de trois mois. Je pense qu’il s’est surpris lui-même. » L’ancien DTN du tennis français, lui, demande pardon: « on l’avait enterré trop tôt ».
Cet enterrement reporté doit beaucoup au travail acharné qu’a réalisé le Suisse durant les 6 derniers mois de 2016. « On a l’impression qu’il a fait une cure de jouvence, sourit Sarah Pitkowski. Je pense qu’il a dû sentir au mois de janvier qu’il retrouvait un niveau de jeu incroyable. Mais à aucun moment il n’a fait de déclarations tapageuses pour dire "je suis prêt, je reviens bien", il est resté très humble. »
Pour Di Pasquale, les gens comme Federer « ont cette faculté à remettre à jour leur génie. Alors qu’il a déjà tout gagné, et à plusieurs reprises, il arrive encore à se réinventer, à se dire ‘là je suis encore perfectible’, il ne se repose jamais sur ses lauriers. Je trouve ça incroyable. »
Des concurrents qui font grise mine
Mais si Monsieur Federer écrase tout (avec élégance, cela va sans dire) sur son passage, il ne faut pas non plus oublier qu’en face, la concurrence tire un peu la tronche. Loin de nous l’idée de relativiser le début de saison canon du septuple vainqueur de Wimbledon, mais il faut bien regarder les choses en face.
« C’est vrai qu’il profite un peu de la faiblesse de ses adversaires, concède volontiers Di Pasquale, notamment lors de l’Open d’Australie où les deux, Murray et Djoko sont sortis avant de le jouer. » On rappelle quand même qu’en finale, Federer a battu Wawrinka à Indian Wells et Nadal à l’Open d’Australie… Il y a pire.
Pour la co-animatrice des Grandes Gueules du sport sur RMC, « c’est un concours de circonstances. Il y en a un qui a retrouvé une seconde jeunesse, je ne sais pas quelle potion magique il a prise pour ça (rires), et il y a les autres qui sont moins bien que ce que l’on aurait imaginé. »
Face à ce come-back retentissant de leur aîné, ses concurrents pourraient-ils carrément se mettre à douter ? « Oui, répond l’ex-tennisman français. Et ça ne peut qu’être bénéfique pour tout le monde car ça élève le niveau général. D’ailleurs c’est Federer, par ses performances, qui a poussé Djokovic, Murray et Nadal à progresser dans plein de secteurs tout au long de leur carrière. C’est lui qui a montré la voie. »
« A 36 ans… C’est dingo ! »
Même son de raquette du côté de Pitkowski : « Quand on voit Wawrinka qui a les larmes aux yeux [en finale d’Indian Wells] tellement il voue une admiration à Federer, ça paraît invraisemblable. Il inspire un tel respect, que le fait de le revoir à ce niveau-là ça peut effectivement lui donner un petit ascendant psychologique sur ses concurrents. »
En revanche, sur le papier et à armes égales, nos deux intervenants ne sont pas unanimes à propos du rapport de force. Pour Pitkowski, « un Murray ou un Djoko en pleine forme sont plus forts qu’un Federer aujourd’hui. Ce sont des machines à lancer des balles à 15 000 à l’heure… » Le natif de Casablanca voit la chose autrement.
« « J’ai vraiment l’impression qu’il est revenu sur la même ligne que les autres, limite un peu devant. A 36 ans… c’est dingo ! » »
Une chose est sûre, cette saison de tennis va être plus disputée que jamais car les adversaires de Federer ne se laisseront certainement pas manger sans broncher. Mais pour les voir s’affronter, il faudra patienter encore un peu car le n°1 et le n°2 mondial ont déclaré forfait pour le Master 1000 de Miami… Ce n’est que partie remise.