Vendée Globe: Mains gonflées, manque de sommeil et envies de douche, Jean-Pierre Dick raconte la fatigue du marin
VOILE•Après deux mois de course, l'actuel 4e du classement du Vendée Globe commence à tirer sur la corde...Propos recueillis par Romain Baheux
«Désolé, je suis un peu en retard. » Oh pas de problème, on peut concevoir que naviguer un bateau au beau milieu de l’Atlantique puisse légèrement décaler le créneau horaire de l’interview. Actuel quatrième du Vendée Globe, Jean-Pierre Dick, le skipper de Saint-Michel Virbac commence à accuser le coup après plus de deux mois en mer. Alors qu’il se dirigeait vers l’Equateur mardi, le marin raconte l’usure physique et mentale des marins du Vendée.
La fatigue du marin : « De plus en plus envie de dormir »
« On sent qu’elle est là quand il faut aller chercher loin dans ses ressources. J’ai une marge de manœuvre en termes de dépense physique, mais elle est petite. On sent que l’on tire sur la corde et on a de plus en plus souvent envie de dormir. On a aussi des difficultés à retenir des choses car on est fatigué. On se dit qu’on doit faire ça, on oublie puis on s’y remet. J’essaie de garder une chose en tête : continuer à faire avancer le bateau. »
La fatigue du corps : « Mes mains, c’est pas joli à voir »
« Les deux zones sensibles, ce sont les pieds et les mains. Mes pieds sont dans des bottes mouillées et ils sont pas mal traumatisés par cette humidité. Je n’arrive pas à travailler avec des gants donc mes mains gonflent, il y a des cals et de la corne, ce n’est pas joli à voir. Je me passe des produits pour me soigner, mais ça reste mineur comme réparation. »
La fatigue de l’esprit : « Pas non à une petite douche »
« Ce qui manque le plus après deux mois de course, c’est le contact avec les gens que l’on aime. Avec les gens en général d’ailleurs. Sur le plan de l’hygiène, je ne dirai pas non à une bonne douche. Pour ce qui est de la nourriture, ça manque d’avoir de vrais repas même si je me fais quelques plaisirs culinaires. Je me repose beaucoup sur mon paquet de galettes. »
La fatigue du compétiteur : « Encore pas mal de problèmes potentiels »
On a envie d’arriver le plus rapidement, même s’il y a encore pas mal de problèmes potentiels sur la route. Il y a un Pot-au-noir à passer, puis des vents forts plus au Nord où l’on sait que l’on peut subir de la casse. Pour l’instant, il faut sécuriser la quatrième place tout en mettant un peu de pression devant sur Jérémie (Beyou) au cas où. De manière générale, j’évite de me refaire le film de ma course depuis le début. Ça, ça serait un coup à devenir dingo.