MMA: En s'obstinant à interdire les Arts Martiaux Mixtes, la France nage à contre-courant
ARTS MARTIAUX MIXTES•Un rapport parlementaire sur le MMA est rendu mardi, alors que l'organisation de compétitions a été interdite par arrêté ministériel le 23 octobre...William Pereira
Cela devait être un jour important pour les adeptes (Arts Martiaux Mixtes) en France. Finalement, la remise du rapport parlementaire par le député PS et le Sénateur LR Jacques Grosperrin (qui ont effectué plus de 100 heures d’audition afin d’en savoir plus sur les Arts Martiaux Mixtes) mardi n’aura peut-être pas l’importance qu’on lui prêtait initialement. La faute à un arrêté ministériel du 23 octobre interdisant l’organisation de combats en octogone au sein de l’Hexagone.
Une décision qui n’est pas « dans l’air du temps » selon , président de la . Et il est difficile de lui donner tort. 20 Minutes vous explique pourquoi l’interdiction de ce sport en France n’a plus vraiment de sens (en plus de présenter quelques inconvénients.)
C’est un sport populaire qui s’institutionnalise
C’est écrit, le MMA sera au XXIe siècle ce que la boxe fut au XXe. Le bannir, c’est donc fermer les yeux sur un phénomène en pleine croissance. Car aujourd’hui, les Arts Martiaux Mixtes, c’est :
- Une Fédération internationale « de 65 nations, et d’environ 90 pays d’ici un an » nous dit Bertrand Amoussou.
- L’UFC, l’équivalent de la Ligue des champions au football, retransmise dans plus de 120 pays à travers le monde et qui pèse 4 milliards de dollars.
- Le deuxième sport le plus populaire au Brésil, juste derrière le football. Au Japon et aux Etats-Unis, il connaît une progression météorique.
- 150.000 Français en moyenne devant les soirées UFC d’RTL9 (aux alentours de 23h) avant que la chaîne ne perde les droits de diffusion du MMA, fin 2014.
- Approximativement 30 à 60.000 pratiquants en France.
L’autoriser permettrait de mieux l’encadrer
Si autant de monde fait des , c’est que sa pratique est paradoxalement autorisée en dehors des compétitions. Mais en l’absence d’une vraie fédération de MMA, sa pratique est encadrée par tout le monde et personne à la fois (les fédés de judo, de karaté, etc.). « Depuis novembre 2015, une circulaire donne seulement aux éducateurs disposant d’un 2e degré en karaté, judo, etc. le droit d’enseigner le MMA », explique Bertrand Amoussou, et de poursuivre :
« « Le risque c’est que ces entraîneurs peuvent n’avoir aucune notion de MMA, et on se retrouve avec des gars qui enseignent de mauvais gestes pouvant entraîner des blessures. » »
Ancien grand combattant français, Cyrille Diabaté (Snake Team) abonde dans le même sens. « nous permettrait d’ajouter de la cohésion dans l’enseignement de cette discipline, que ce soit au niveau des professeurs comme des élèves », dit-il.
L'argument de la dangerosité passe de plus en plus mal
Les deux grands arguments des détracteurs du sport le plus hype de la décennie sont « l’atteinte à la dignité humaine » (à cause des coups au sol, des coups de coude et de la cage) et le danger qu’il représente pour ses pratiquants. Or, ce sont deux points régulièrement démontés par les spécialistes du MMA.
Fernand Lopez, , prend l'exemple de la boxe française pour défendre sa paroisse. « L'on y permet de donner un coup de pied partant du sol, et dont la puissance est multipliée par la vitesse d'exécution, pour aller jusqu’à la tête de l’adversaire. Et on nous dit que le MMA est immoral à cause de coups de poings au sol de faible amplitude et beaucoup moins puissants, au nom de la dignité humaine. De qui se moque-t-on ? »
S’en passer, c’est se priver de nouveaux emplois… et de nouveaux champions
Encore une fois, c'est Fernand Lopez, qui l’affirme. « L’impact du MMA en termes d’emplois qui peuvent être générés est complètement sous-estimé. En le professionnalisant, on pourrait par exemple employer des entraîneurs à plein-temps et faire baisser un peu le chômage à notre échelle », regrette-t-il.
Avec un peu de chance, cela permettrait à la France de retenir vers des terres amies des Arts Martiaux Mixtes pour jouir de conditions d’entraînement et de vie dont ils ne bénéficient pas dans l’Hexagone, comme le souligne Bertrand Amoussou:
« « La moyenne optimiste aujourd’hui, c’est quatre combats par an rémunérés à 3.000 euros chacun. Ce n’est pas ça qui vous fait manger. » »
Et Fernand Lopez de conclure. « C’est vraiment dommage. En France, on a toujours eu un grand réservoir de champions en sports de combat. Et le MMA n’échappe pas à la règle. » Il faudra encore attendre un peu avant d’assister à l’avènement d’un Teddy Riner made in UFC.
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