ATHLETISMEJO 2016: Dimitri Bascou a du lutter contre plein de petits Dimitri méchants

JO 2016: Pour arriver à la médaille, Dimitri Bascou a dû lutter contre plein de petits Dimitri méchants à l’intérieur de lui

ATHLETISMELe médaillé de bronze du 110m haies a enfin réussi dans un grand championnat grâce à un déblocage psychologique…
Bertrand Volpilhac

B.V.

De notre envoyé spécial à Rio,

Il tournait autour depuis déjà un petit moment. Mais il y a avait « toujours des petits détails, je trébuche au départ, je tape une haie ou je sais pas quoi » pour l’empêcher de briller. Cette fois, c’est fait : Dimitri Bascou est médaillé de bronze du 110 mètres haies. Une récompense tardive pour un athlète de 29 ans régulièrement parmi les meilleurs depuis près de six ans.

Mais c’est parce qu’il lui a fallu le temps de bosser sur lui-même. « Je parle de tavail mental parce qu’en passant quatre ou cinq fois à côté de championnat et en comment a se poser des questions, c’est là qu’on touche le fond », expliquait-il après sa médaille. Je voulais repartir à 0. » Son coach, Giscard Samba (« oui, je tiens mon prénom de l’ancien président, mes parents le connaissaient », précise-t-il de lui-même) a donc centré le boulot sur la tête. Ou plutôt « son univers. »

« Il était en périphérie de son propre univers et donc il ne contrôlait rien »

« A un moment donné, il a dû vivre des expériences qui lui ont fait perdre sa confiance, son vécu, explique Samba. C’est ce qu’il fallait reconstruire. Il doit être au centre de son univers et c’est tout le reste qui gravite autour. Lui, il était en périphérie de son propre univers et donc il ne contrôlait rien. »

Vous n’avez rien compris ? Nous non plus. Mais on y voit nettement plus clair quand on demande à Bascou lui-même quelques précisions : « J’ai travaillé pour réussir à savoir qui je suis moi-même et avancer avec moi-même, pas essayer de devenir quelqu’un d’autre. Quand j’arrive dans les starting-blocks aujourd’hui, il n y’a que moi et moi seul. »

Pourquoi, vous étiez combien avant ? « Bah y avait énormément de personnes, répond-il. Y avait le Dimitri qui y croit pas, le Dimitri qui veut trop bien faire, le Dimitri qui ne sait pas ce qu’il va se passer. C’était important de savoir quel Dimitri est le bon et de travailler sur lui. »

Visiblement, lui et son coach ont trouvé le bon Dimitri. A une enfourchade près sur la cinquième haie, Bascou aurait même pu rêver de l’or. « A ce moment-là, je vois tout le monde passer, raconte le héros. Je me fais des scénarios, j’ai le temps d’écrire une histoire. Je me suis dit "garde l’envie". Je me suis calmé, j’ai fait le vide, j’ai repoussé toutes les idées négatives pour aller chercher cette médaille. »

L’application exacte de ce qu’il a travaillé ? Quasi-mystique, Giscard Samba conclut : « on ne fabrique pas des champions, on construit des hommes ». Des hommes avec une médaille autour du cou, quand même.