JO 2016: Le golf n’a rien à faire aux JO ? C’est pas si simple que ça
GOLF•Très critiqué, le tournoi de golf aux JO a été boudé par beaucoup de stars.B.V.
De notre envoyé spécial à Rio,
Vous n’avez pas encore vu la moindre image, c’est normal : tout le monde s’en fout. Enfin ne nous tombez pas dessus hein, nous, on adore, et puis en plus le Français Grégory Bourdy est en embuscade pour une petite médaille. Non, quand on dit tout le monde, on parle surtout des concernés au premier degré, les joueurs. C’est simple : les trois premiers mondiaux ont boudé le tournoi, seulement quatre des dix meilleurs ont fait le déplacement.
Tous ont avancé des excuses différentes : de Zika au calendrier chargé en passant par la grille du barbecue à laver. Mais c’est la star Rory McIlroy qui a le mieux résumé tout ça :
« « Je ne sens pas du tout que j’ai laissé tomber le golf en me retirant des Jeux olympiques. Je ne joue pas au golf pour le développement de ce sport et pour essayer de le rendre populaire. Je joue au golf pour gagner des championnats et des tournois majeurs. Est-ce que je vais suivre malgré tout les Jeux de Rio à la télévision ? Probablement. Mais il y a peu de chance que je regarde le golf. Je pense plutôt que je regarderai les épreuves d’athlétisme, de natation et de plongeon. Les sports qui comptent dans l’esprit olympique. » »
Tout y est dit ou au moins suggéré : pas d’argent, pas de points pour les classements mondiaux, aucune culture olympique… Ajoutez à ça un plateau d’un niveau moyen, un coût de construction pharaonique pour le parcours et un engouement populaire qu’on qualifiera (poliment) de léger et l’on en vient à se poser la question : mais bon sang qu’est-ce que le golf est (re)venu faire aux JO ?
« Les grandes stars ne sont pas venues non plus lorsque le tennis est revenu au JO (en 1988 à Séoul), explique Patrice Barquez, agent de joueur et consultant Canal +. Le tennis a mis du temps à s’adapter et maintenant on est content. Les JO ne font pas partie de l’ADN du golf professionnel. Mais c’est une question de temps. »
Si, pour lui, l’explication de la crainte de Zika tient plus au golf qu’ailleurs – le parcours est un ancien marécage, la vraie raison de l’absence des joueurs est aussi liée au format. « La formule pas du tout attractive, souffle-t-il. C’est stroke play classique en quatre tours (un peu comme un Grand Chelem, mais sans le cut). Ça prend toute une semaine. Il aurait fallu une formule qui se rapproche du tennis en match-play. Tout ça va de devoir évoluer. »
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Et surtout, on a joué sur la fibre patriotique comme peut le faire la Ryder Cup, qui n’apporte ni argent ni point mais excite tout le circuit. « Dans le tournoi, c’est chacun pour soi, il n’y a pas de notion d’équipe, de pays, poursuit Barquez. Nos deux garçons y vont pour eux, pour se représenter. Alors qu’on a des formules avec des doubles. S’il y avait eu ces formules-là, les meilleurs auraient bousculé leur calendrier et se seraient débrouillés. »
Le problème, c’est qu’avec ce fiasco de Rio, le golf grille l’une de ses deux cartes pour rester dans le jeu olympique. Et qu’il aura dans quatre ans à Tokyo la concurrence de l’escalade, du surf, du baseball, du skateboard et du karaté, eux aussi au programme. « Vous verrez qu’à Tokyo il y a tous les meilleurs mondiaux. Le Japon est un pays de golf très fort, avec 14 millions de golfeurs. Ce sera plus important. » C’est ça ou la porte.