JO 2016: Plus que l’or olympique, Florent Manaudou joue-t-il aussi l’avenir de la natation française?
NATATION•Une contre-performance du favori du 50 mètres pourrait pousser la fédération un peu plus dans la crise…B.V.
De notre envoyé spécial à Rio,
La dernière fois, c’était aux Jeux de Sidney en 2000. Une époque où, disons-le comme c’est, la France était une petite nation de la natation et revenir sans médaille d’or des JO ne choquait personne. Seize ans plus tard, la nage française est devenue une référence mondiale et un vrai pourvoyeur de titres olympiques (six)… prêt à retomber presque aussi bas qu’elle démarrait en Australie. Car si Florent Manaudou ne conserve pas son titre sur 50 mètres nage libre, l’équipe de France n’aura pas de champion olympique.
Ajoutez-yles polémiques, sorties médiatiques et performances d’ensemble plutôt médiocres, ça fait beaucoup. A tel point qu’on puisse se demander si de la course de Manaudou ne dépend pas l’avenir d’une fédération. Ne nous méprenons pas, l’idée n’est pas de prophétiser ni la défaite du coureur français ni ses conséquences, simplement de comprendre l’enjeu d’une simple longueur.
« Quand t’as pas de capitaine, ton bateau part à la dérive »
« Rien ne repose sur lui uniquement, il nous faut du calme car il aura besoin de l’énergie positive de chacun »,tentait le DTN Jacques Favre au milieu des remous Agnel. C’est vrai, il y a aussi Aurélie Muller en eau libre lundi, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. « Et si Florent gagne, est-ce que ce n’est pas quand même la cata ? » enchaînait Alain Bernard mercredi.
L’ancien champion olympique, abasourdi par « l’amateurisme le plus complet » de la Fédération, réclame du changement à sa tête. « Quand t’as pas de capitaine, ton bateau part à la dérive et ça fait depuis je ne sais pas combien de temps, poursuit-il, évoquant le haut de l’organigramme de la FFN, et particulièrement son président Francis Luyce. Je ne suis pas le seul à le penser. Ce serait bon qu’il y ait du changement non ? Si tout le monde le souhaite, pourquoi ça n’arrive pas ? »
Manaudou ? Il s’en fout
Peut-être parce que jusque-là, les excellents résultats sportifs parlaient pour l’actuelle direction. Ca pourrait ne plus être le cas vendredi soir, et c’est peut-être ce que certains attendent pour reposer les grandes questions : critères de sélections, formation, méthodes d’entraînement, gestion humaine et évidemment gouvernance.
Et sinon, Florent Manaudou dans tout ça ? Bah ça va. Considéré dans le milieu comme un bon camarade plutôt renfermé sur lui-même, il ne semble pas se laisser bouffer par l’ambiance morose du clan français. En témoigne son temps canon en demi-finale (1er en 21’32). « Quand on est bon aux Jeux, c’est qu’on ne s’occupe pas de tout ce qui est autour », a-t-il lâché, placide, après les séries du matin.
Sans doute parce qu’au fond, les enjeux politiques de bords de piscine, il s’en fout. Et c’est probablement mieux comme ça.