JO 2016: Nos chevaux sont bons? Oui, car ils font des inhalations
JEUX OLYMPIQUES•La France peut remporter deux médailles en équitation ce mardi…Romain Baheux
De notre envoyé spécial à Rio,
Julien Clerc n’a sans doute que faire des mésaventures d’Automne Pavia et des déboires des escrimeurs. Il n’empêche qu’en ce mardi, on a méchamment en tête l’air de son tube La Cavalerie. En galère depuis le début des JO, les Français pourraient remporter deux nouvelles médailles dans la journée via l’équitation. Troisième pour l'instant, le concours complet tricolore a largement ses chances, tout comme Astier Nicolas (oui, dans cet ordre) en individuel.
Si on en est là, c’est que nos cavaliers sont un poil débrouillards, mais surtout que leurs montures sont en pleine forme. Depuis leur départ d’Europe, Entebbe de Hus ou encore Piaf de B’Neville sont choyés par le staff tricolore. Car attention, on ne rigole pas avec les chevaux français. Voici leurs six commandements.
A leur transport, tu veilleras
En 1956, les épreuves d’équitation des Jeux de Melbourne avaient eu lieu à Stockholm. Comme c’est tout de même un peu particulier, on a imaginé des moyens de transporter les destriers par-delà les océans. Le 29 juillet, les chevaux européens ont ainsi décollé dans des avions adaptés depuis l’aéroport de Liège.
« Dans le vol, ils peuvent être stressés par le confinement, transpirer ou être victime de colique, raconte Karim Laghouag, l’un des cavaliers français. Il faut faire attention. » L’un des grooms -la personne chargée de veiller sur l’animal- faisait partie du voyage pour veiller sur les bêtes.
Leur box, tu bichonneras
Rassurez-vous, nos chevaux n’ont pas été trop fatigués par le jet-lag. « Un cheval dort par séquences de 2 à 3h, il s’en sort mieux que nous dans ce domaine », glisse Xavier Goupil, vétérinaire de l’équipe de France de concours complet. Qu’ils ne viennent pas se plaindre des boxes en tout cas. « C’est du cinq étoiles, ils ont 3,5 m de large et 5 m de long à eux, poursuit Stéphane Fresnel, un autre vétérinaire des Bleus. En temps normal, vous avez du 3 sur 3. »
Le staff tricolore a aussi dépêché un groom, chargé d’évacuer les crottins de l’animal dès que celui-ci daigne faire la grosse commission. Il ne faudrait pas que Qing du Briot, qui dispose comme les autres chevaux d’une couche de copeaux de bois de 30 cm d’épaisseur en guise de lit, puisse se rouler dans son caca.
Leur nourriture, tu amèneras
Pour commencer à la connaître, la gastronomie brésilienne ne se classe pas parmi les plus fines de la planète. Ça tombe bien, les chevaux feront l’impasse sur les spécialités locales. L’équipe de France a chargé dans l’avion les menus de ses protégés. Des céréales, des carottes, des pommes et du foin, tout ce qu’il faut pour qu’il se sente dans un pré normand. « C’est un animal d’habitude, estime Xavier Goupil. Ce qui les rassure, c’est de mettre ses 3.000 coups de mâchoire chaque jour pour avaler sa ration. »
Leurs naseaux, tu déboucheras
Un grand classique. Malade le mardi matin, l’écolier se retrouve chez papy et mamy. Ces derniers ont évidemment un remède miracle pour désencombrer ce vilain nez : une serviette sur la tête et c’est parti pour l’inhalation. « C’est exactement pareil pour un cheval », explique Stéphane Fresnel.
Pour bien se dégager les naseaux, les chevaux hument des mélanges à base d’huiles essentielles ou de plantes comme l’eucalyptus. « On fait très attention à ce que l’on met, il ne faut surtout pas mettre quelque chose qui puisse s’avérer dopant », poursuit le vétérinaire.
Leur entraînement, tu peaufineras
Vous croyez qu’on se pointe au Brésil, qu’on lâche les animaux dans un pré, qu’on les monte et qu’on gagne ? Ben non, ça demande de l’entraînement. Comme tout sportif de haut niveau, le canasson olympique a droit à son entraînement personnalisé. Avant leur mise au repos, les destriers français ont travaillé sur le même type de terrains vallonnés qu’ils foulent dans le centre olympique d’équitation au nord de la ville.
Ça n’est pas tout. Sur place, les animaux ont droit à des séances d’entraînement particulières. Pas de pompe ou d’abdos ; mais « une préparation physique assez pointue, juge Xavier Goupil. Ils ont des exercices précis, comme du stretching par exemple, à réaliser ». Oui. Du stretching.
De leurs sabots, tu t’occuperas
Un cheval de l’équipe de France = 750 kilos de matériel. Dans les tas, des pompes de rechange. Enfin, des fers. Le maréchal-ferrant de l’équipe a des jeux en stock au cas où l’une des montures déchausse pendant la compétition. Et attention, certains veulent sur du sur-mesure pour leurs petons.
« Le but, c’est d’éviter l’inflammation, décrit Stéphane Fresnel. Les chevaux font beaucoup de mouvements latéraux lors du concours complet et risquent ainsi des inflammations du tendon. D'où l’intérêt des fers adaptés. » Si avec ça, on n’a pas de médaille.