FOOTBALLFrance-Portugal? «On peut mourir tranquille nous aussi maintenant»

Euro 2016: France-Portugal? «On peut mourir tranquille nous aussi maintenant », hurlent les Portugais

FOOTBALL20 Minutes a passé la finale de l’Euro France-Portugal avec une petite partie de la communauté de Portugais qui vit à Cerizay, dans les Deux-Sèvres…
David Phelippeau

David Phelippeau

A Cerizay,

Les deux tourtereaux n’en finissent pas de se chamailler. Gladys, une Portugaise, et Axel, un Français, entrecoupent leurs petites querelles de petits bisous. « Les Portugais n’ont gagné qu’une fois avant les 90 minutes pendant la compétition, ce n’est pas mérité », peste Axel. « Et ils sont où les Français ? rétorque Gladys, en jubilant. On va en parler pendant longtemps. » A quelques mètres du jeune couple, des centaines de Portugais ont investi un rond-point du centre de Cerizay, considéré comme la ville la plus lusitanienne de France.

Les « Força Portugal » sont à peine recouverts par le bruit des klaxons. Il n’est pas loin d’une heure du matin. La nuit ne fait que commencer pour tous ses supporters, vêtus de rouge et vert.

Des Portugais ivres de bonheur dans le centre de Cerizay.
Des Portugais ivres de bonheur dans le centre de Cerizay. - D.P. / 20 minutes

Pour une cinquantaine d’entre eux, la soirée avait débuté au siège de l’équipe de foot ASP (Association sportive portugaise). Un écran géant de fortune sur un drap blanc a été installé dans le local du club.

La cinquantaine de fans avant la finale.
La cinquantaine de fans avant la finale. - D.P. / 20 minutes

Lorsque l’hymne portugais retentit, l’ambiance monte d’un cran. Desio a les larmes aux yeux, le drapeau portugais serré contre le cœur. Pendant 120 minutes, les aficionados passeront par tous les états. De l’agacement lorsque le ralenti montre l’intervention de Payet sur leur Cristiano Ronaldo. Du soulagement quand leur héros revient tant bien que mal sur la pelouse. Puis du dépit lorsque ce dernier doit se résoudre à jeter l’éponge. Les visages se crispent encore davantage. « Cette sortie de Ronaldo nous met un coup, il y a une forme d’injustice », souffle Jimmy.

Des supporters crispés quasiment tout le match.
Des supporters crispés quasiment tout le match. - D.P. / 20 minutes

Decio : « On peut gagner sans lui, moi, j’y crois… » Griezmann et Giroud glacent l’ambiance. Quand Gignac touche le poteau juste à la fin du temps réglementaire, Nendès y voit « un signe du destin ». A côté de lui, Decio semble implorer le ciel. « Je prie toujours pour mon pays… »

Desio prie...
Desio prie... - D.P. / 20 minutes

La prolongation commence. Une tête de Pepe juste à côté du but français déclenche un début d’hystérie. « T’as flippé, t’as flippé ? ! », lance en notre direction un fan. Plutôt silencieux jusqu’alors, les supporters du Portugal chantent en l’honneur de leur pays. Guerreiro touche la barre sur coup franc. « Je sens que la chance est en train de fuir les Français… », lâche Octavio. Une déclaration prémonitoire car quelques secondes plus tard, Eder fait chavirer la petite salle à 11 minutes de la fin de la prolongation. Les bières et les chaises volent. C’est l’hystérie collective. Un journaliste d’une radio manque de se faire écraser son matériel.

« Qui ne saute pas n’est pas dégueulasse, ouais, ouais !!!!! »

Sergio a perdu 100 euros au Loto Foot : il a misé cette somme sur le Portugal victorieux avant la fin du temps réglementaire, mais « je m’en fous car on va être champion d’Europe », s’égosille-t-il. La présence de 20 Minutes, qui avait créé une grosse polémique en titrant en 8e de finale sur un Portugal « dégueulasse », inspire un chant un poil ironique. « Qui ne saute pas n’est pas dégueulasse, ouais, ouais !!!!! »

Le titre n'est plus très loin...
Le titre n'est plus très loin... - D.P. / 20 minutes

Le coup de sifflet retentit. Il est suivi d’une grande clameur. « Personne ne croyait en nous, seuls les vrais supporters croyaient en cette équipe, avoue Joël, en retenant ses larmes. On vient de montrer qu’on était la meilleure équipe d’Europe. » Au loin, les klaxons vocifèrent déjà. La salle s’est vidée. « On peut mourir tranquille nous aussi maintenant », lance Nendes, en faisant un clin d’œil. Le plus tard possible évidemment. Et surtout pas cette nuit. Le convoi du bonheur rejoint à vitesse grand V le bourg de Cerizay.

Une petite vengeance vis-à-vis des critiques

« La communion est totale entre tous les fans du Portugal. « C’est trop d’émotions, c’est de la folie, exulte Nicolas. C’est une petite vengeance car il y en a eu des critiques. » Carlos est moins poli : « C’est une belle victoire. Et on emm… tous les commentateurs français qui nous ont critiqués ! » La sarabande dans le rond-point ne s’arrête plus. Certains fans n’en finissent plus de s’étreindre. Elio, la voix cassée : « En 2004, quand on avait perdu en finale de l’Euro, chez nous, contre la Grèce, j’avais pleuré toutes les larmes de mon corps… » Douze ans plus tard, Elio verse encore des larmes, mais de joie cette fois-ci.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies