Euro 2016: C'était le frère de Kolbeinn Sigthorsson au FC Nantes cette saison ou quoi?
FOOTBALL•L'attaquant, auteur d'une piteuse saison à Nantes, est un élément incontournable de sa sélection islandaise à l'Euro 2016...David Phelippeau
A Nantes,
« C’est mon joueur, c’est mon joueur… » Il y a un an presque jour pour jour (le 2 juillet 2015), le président du FC Nantes Waldemar Kita fanfaronne d’avoir quasiment bouclé l’arrivée d’un avant-centre islandais, venu tout droit de l’Ajax Amsterdam. Ce grand blond (avec des chaussures noires, le jour de sa signature) s’appelle Kolbein Sigthorsson.
Il est aujourd’hui un héros national en Islande, quart de finaliste de l’ Euro face à la France, dimanche. C’est lui qui a inscrit le but de la victoire contre l’Angleterre, lundi soir. Depuis le début de l’ Euro, il est souvent convaincant, parfois épatant. Dans cette compétition, Kolbeinn Sigthorsson est le joueur qui a remporté le plus de duels aériens. Contre la Hongrie, il a été chronométré à 31 kilomètres à l’heure.
A Nantes, certains se demandent si on parle bien du même joueur, acheté par Waldemar Kita il y a un an entre 3,5 et 4 millions d’euros. De celui qui a inscrit 3 buts en 26 matchs de L1.
« Je le trouve en jambes, plus mobile qu’à Nantes, explique Michel Der Zakarian, l’ex coach nantais, désormais aux commandes du Stade de Reims. Il est très affûté sur les images que je vois. » En décembre dernier, Der Zakarian avait soulevé un problème de surchage pondérale pour la tête de pont du recrutement nantais. « Quand t’es rendu à avoir 5 ou 6 kilos de trop, c’est sûr que tu voles un peu moins sur le terrain, estime aujourd’hui MDZ. Kolbeinn a aussi eu un début de saison tronquée car il était blessé au pied. Tout au long de la saison, il a été gêné par des blessures. Il aura fait 5 ou 6 semaines pleines d’entraînement, c’est trop peu ».
A Nantes, le grand blond, âgé de 26 ans, ne s’est jamais bien intégré. Pour diverses raisons. Il ne s’est d’abord jamais plié aux cours de français, qui lui étaient réservés, pour dépasser la barrière de la langue. Les absences répétées de sa famille, souvent restée en Islande, ont accentué le mal du pays.
Une attitude qui agace le vestiaire
Kolbeinn Sigthorsson, dans le top 3 des salaires à Nantes, avait aussi l’étiquette d’un joueur privilégié et protégé par la direction du FCN. Dans le vestiaire, on lui a ainsi souvent reproché son individualisme, son égocentrisme. Sa propension à faire ce qu’il voulait surtout. « Il n’en faisait souvent qu’à sa tête », se souvient un proche du club. Beaucoup s’agacent, surtout en fin de saison, de le voir titulaire alors qu’il ne semble pas toujours tout donner sur le terrain. Certains observateurs en concluent qu’il se préserve pour l’ Euro. Son départ, quinze jours avant la fin du championnat, avec l’accord de la direction et dans le but de soigner un genou douloureux en vue de l’Euro, fera causer à la Jonelière.
« En Islande, il a un peu le statut de celui qui était programmé pour réussir, explique Romain (alias Telefonsson sur Twitter), spécialiste et supporter du foot islandais. Il est le symbole de toute la politique de formation à l’islandaise : préformation locale très performante puis bons clubs européens pour la post-formation [Alkmaar et Ajax Amsterdam]. »
Frère d’Andri, ancien international
En sélection, Kolbeinn Sigthorsson, frère de l’ancien international Andri Sigthorsson, a toujours été efficace avec 21 réalisations en 43 matchs, et il devrait bientôt battre le record d’Eidur Gudjohnsen (26 buts).
Pourquoi ce décalage entre le FCN et l’Islande ? « Je ne vois pas un nouveau Kolbeinn à l’Euro, explique néanmoins le défenseur nantais Léo Dubois. L’Islande joue parfaitement avec les qualités de Kolbeinn. Il a un excellent jeu de tête, est un bon pivot, mais ils ne le cherchent pas dans la profondeur. »
En fin de saison, dans Ouest-France, Waldemar Kita se servira de l’inefficacité de l’Islandais pour « taper » sur son ancien coach, Michel Der Zakarian. « Le joueur vient de l’Ajax, il est international, sauf qu’aucun des trois (coachs) [Der Zakarian, Baronchelli et Amisse] ne parle Anglais. Il n’existe aucun dialogue, aucun travail individuel. Le type [Sigthorsson] a compris et c’est lui qui décidait s’il devait s’entraîner ou pas ! »
Le joueur veut bien rester à Nantes
Aujourd’hui, la cote du joueur, au plus bas avant l’Euro, vient de remonter en flèche. La direction du FCN doit s’en frotter les mains. Alors, départ ou nouvelle chance à Nantes ? Il se murmure que le joueur se verrait bien repartir pour au moins une année supplémentaire sur les bords de l’Erdre. Revanchard peut-être le jeune homme ?