OM: Un licenciement pour faute grave de Michel pourrait coûter cher au club
FOOTBALL•Un avocat spécialisé en droit du travail a analysé le communiqué du club…Vincent Barros
Le communiqué est pour le moins lapidaire. « Compte tenu du comportement de Michel, notamment durant ces trois dernières semaines », l’OM « l’a suspendu avec effet immédiat et convoqué à un entretien préalable ». Au-delà des résultats immédiats sur la forme de l’équipe, il y a aussi un enjeu juridique. Celui-là ne se jouera pas sur le terrain, mais en coulisses. Eric Rocheblave, avocat spécialisé en droit du travail, se penche sur le bras de fer qui s’engage entre le club et le technicien espagnol, écarté mardi.
Ce qu’il y a dans le communiqué de l’OM
S'il annonce l’éviction de Michel, le communiqué laisse surtout envisager une sanction disciplinaire. « Je ne suis pas certain que cette publicité soit la bienvenue, s’étonne Eric Rocheblave. L’OM pointe un problème de comportement, mais n’en dit pas plus. Juste ce qu’il faut pour jeter l’opprobre sur Michel. C’est inutile et disproportionné. »
Pour l’instant, l’Espagnol est donc mis à pied en attendant l’entretien préalable à son licenciement. Un terme qui est soigneusement évité dans le communiqué. « Cette sanction ne peut être prononcée immédiatement, elle est seulement envisagée, précise l’avocat. Ce sont des contraintes de langage imposées. Avec cette précaution sur le plan du droit du travail, l’OM peut encore faire machine arrière et ne retenir que l’avertissement. Donc cette phrase est normale, contrairement à celle sur le comportement. »
Le club peut-il prouver une faute grave ?
Michel a-t-il commis une faute grave qui aurait échappé à tout le monde sauf à la direction de l’OM, qui s’en servirait pour le mettre dehors ? On peut se poser la question à la lecture de ce communiqué.
« Le club doit qualifier les faits, leur gravité et en fonction de celle-ci, appliquer une peine, qui va de l’avertissement au licenciement, rappelle Me Rocheblave. Là, si l’on s’en tient au communiqué, l’OM médiatise seulement un problème de comportement. » Oui, mais lequel ? Mystère.
« A ma connaissance, reprend l’avocat, Michel n’a frappé ni violé personne. Alors pourquoi cette mise à l’index ? Quelle est l’intention du club ? Cette dérive-là peut même être considérée comme vexatoire par un juge prudhommal et se retourner contre le club. » Sans aller jusque-là, l’OM et Michel pourraient aussi opter pour un accord financier. Qui sait.
Combien ça va coûter au club ?
Quoi qu’il arrive, l’OM devra passer à la caisse. « Les dirigeants vont devoir aller au bout de leur procédure, explique l’avocat au barreau de Montpellier. Michel pourra dès lors, s’il le souhaite, saisir le conseil des prudhommes. Si celui-ci estime que le licenciement est sans cause réelle et sérieuse, les rémunérations se feront proportionnellement à la rémunération de Michel, à son ancienneté et à la taille de l’entreprise. »
L’entraîneur avait signé à l’OM jusqu’en juin 2017. Ses émoluments, selon La Provence, tournaient autour de 120.000 euros mensuels. En considérant qu’il restait encore 14 mois de contrat à l’Espagnol, le club pourrait débourser 1.650.000 euros. Minimum.