Ligue 1: Quand Ben Arfa mettait la misère aux entraînements de l’OL
FOOTBALL•Les anciens joueurs lyonnais se rappellent des débuts professionnels du meilleur buteur niçois au milieu des années 2000…J.L.
Pour ce sujet, on remerciera Bernard Lacombe. Sans les penchants nostalgiques du conseille spécial du président Aulas, c’est un souvenir qui ne serait pas remonté à la surface. Il concerne Ben Arfa et son époque lyonnaise. « La qualité intrinsèque d’Hatem, c’est phénoménal. Je me souviens quand il y avait la période Cris, Edmilson, etc, dès le matin c’était chaud parce qu’il faisait des choses qui étaient incroyables ». Racontée avec les yeux de l’amour, c’est une anecdote qui en vaut une autre. Sauf qu’elle ne s’arrête pas là. On a retrouvé la genèse sur un forum de supporters lyonnais, et c’est bien ce qu’on pensait : les envies slalomesques du petit Hatem ont participé à construire son image de dribbleur forcené, hors du temps et hors du jeu.
On est en 2004, et Ben Arfa, annoncé gros comme un Ballon d’Or, cherche à marquer son territoire à son arrivée dans le groupe pro. Mais il monte vite au nez de Cris et des autres défenseurs lyonnais. Version de l’intéressé, quelques années plus tard à France Football. « Je revois cette opposition. Je m’amusais à dribbler et un joueur m’avait crié dessus en me demandant de lâcher le ballon. Vikash [Dhorasoo] était même intervenu pour me défendre. Moi, je voulais juste montrer de quoi j’étais capable. On prenait cela pour de la provocation, comme lorsque je tentais des petits ponts, mais ce n’était pas que pour m’amuser. Parfois Cris se fâchait. Il n’aimait pas. Au contact suivant, il jouait au dur ».
aNicolas Puydebois, observateur privilégié depuis son poste de gardien, confirme les heurts. « Sa facilité technique était bluffante. Il a dû nous mettre sur le cul une ou deux fois, mais il était là pour humilier plus que pour être efficace. Il est arrivé hautain et arrogant, comme tous les jeunes qui savent qu’ils sont au-dessus.Il dribblait beaucoup, Il pensait que le talent suffisait ». Il faut dire que le talent en question est monstrueux et que tout le milieu est au courant. Les supporters lyonnais les plus investis venaient déjà à la Plaine des Jeux voir jouer le phénomène en catégories inférieures. « Un mec aussi fort que lui, j’en ai jamais vu ni avant, ni après », synthétise Sandy Paillot.
Hatem c’est le mec en chasuble qui ne lâche pas son ballon
L’ancien défenseur lyonnais,lui aussi de la génération 87, a vu Ben Arfa monter en équipe première avant tout le monde. Sans jalousie. A la fin de leur entraînement, tous les jeunes équipiers de Ben Arfa en moins de 15 ou en moins de 16 ans courraient voir leur pote jouer avec les pros sur le terrain principal de Tola-Vologe. « Il était tellement facile avec nous, on voulait voir ce que ça donnait au niveau d’après ». Verdict ? Pas mal non plus « Il était capable de les mettre dans le vent de la même façon, même s’il se faisait bouger physiquement ». A partir de là, les versions divergent. « Ce n’était pas un chambreur, il était agaçant parce qu’il était facile mais ce n’était pas le genre à s’arrêter pour attendre le défenseur et lui remettre petit pont. Je n’ai pas le souvenir de quelqu’un qui faisait le malin ».
Pas beaucoup plus en tout cas que Benzema, même si ce dernier comprend plus vite l’intérêt de privilégier le sérieux au one-man show pied gauche. Puydebois : « Karim bossait des heures devant le but avec Anderson et Juninho, il cherchait l’efficacité avant tout. Hatem, lui, n’était pas plus adroit que ça devant le but, ce n’était pas son truc ». Sur ce plan, il a un peu changé. Entraînement à Nice, vu sur youtube. Ben Arfa est lancé devant le but et Puel lui crie à côté « 94e minute Hatem, 94e, allez ». La suite ? Une frappe parfaite dans le petit filet opposé.