En temps normal, on savoure les caramels d’Uini Atonio avec le petit sourire du supporter satisfait de voir son pilier de 150 kg rentrer dans le lard des adversaires. Samedi soir, on a vite relâché les zygomatiques quand on a vu le capitaine anglais Dylan Hartley, pas réputé pour être le plus douillet, s’affaisser brutalement après une rencontre entre sa tête et le genou du Français à la 68e minute.

Le stade de France, pourtant plutôt chaud depuis le début du Crunch, a alors très nettement baissé d’un ton (à l’exception de quelques musiciens récalcitrants), inquiet devant le spectacle des soigneurs affairés à s’occuper d’un joueur complètement immobile.

« Ça s’est passé très vite. J’étais au sol, j’ai regardé en arrière, j’ai vu qu’il était au sol, face contre terre, j’ai eu peur pour lui, raconte Uini Atonio. Il n’arrivait plus à bouger. On est tous là pour faire du spectacle, mais quand on voit quelqu’un comme ça, il faut essayer d’aller l’aider. »

Sa sortie sur civière, Dylan Hartley la fera sous une ovation nourrie d’une enceinte rassurée à la simple vue du joueur évacué dans le calme. Remis sur pieds en coulisses, le talonneur est même revenu brandir le trophée du Tournoi et fêter le Grand Chelem avec ses potes sur la pelouse du Stade de France. A quelques mètres de l’endroit où on a peur pour lui.