FOOTBALLAvec Chelsea-PSG, va-t-on (enfin) savoir ce que vaut vraiment Kevin Trapp ?

Ligue des champions: Avec Chelsea-PSG, va-t-on (enfin) savoir ce que vaut vraiment Kevin Trapp?

FOOTBALLLe gardien parisien est face à son premier vrai grand défi…
B.V. à Londres

B.V. à Londres

Un petit cri très aigu où s’enchevêtrent deux tons de peur et trois d’un improbable soulagement. Oui, avouons-le, nous avons tous eu cette même drôle de réaction devant l’arrêt incroyable de Kevin Trapp face à la tête de Diego Costa, lors du match aller entre le PSG et Chelsea. Il faut dire que l’occasion était énorme et que jusque-là, le gardien allemand recruté cet été par Paris ne nous avait pas vraiment habitués à ce genre d’exploits.

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Si on se laissait aller à quelques viles pensées, on pourrait même ajouter que Trapp s’est pour l’instant davantage fait remarquer par une demi-douzaine de conneries XXL que par des parades à la Thierry Omeyer. Et a donné l’impression de rater le peu qu’il avait à faire. Laurent Blanc : « Quand tu es le gardien du PSG, tu n’es pas tellement sollicité et ça impose une concentration suprême. C’est là où tu vois les grands gardiens : quand ils ont trois, quatre ou cinq interventions à faire, ils les font. Kevin doit progresser dans ce domaine. »

Bon au pied, moyen dans les airs

Sauf que pour l’instant, ces erreurs n’ont eu aucune conséquence pour le PSG. Et que Trapp a aussi sorti quelques matchs costauds, dont Madrid et Chelsea en Ligue des champions. Et ça tombe bien, car c’est pour ça que Paris est allé le chercher : passer un cap dans la grande compétition européenne. « S’ils vont en demies, c’est que Kevin Trapp aura eu son rôle à jouer, assure Vincent Fernandez, ancien gardien du PSG entre 1994 et 1998. Il sait qu’il est attendu. Le PSG a trop d’avance au niveau national où Sirigu peut tenir la baraque, ils ont fait ce recrutement pour progresser en Ligue des champions. »

Et particulièrement sur le jeu au pied, ce pour quoi le PSG a parié sur lui. Dans ce domaine, Trapp est grosso-modo dans la moyenne (basse) de ce qui se fait de mieux en Europe en termes de précision (voir infographie en dessous). « C’est un point fort : il a une bonne qualité de pied, de l’aisance technique et une vision un peu plus rapide que celle de Sirigu », décrit Gilles Bourges, qui a entraîné l’Italien à Paris pendant la période Ancelotti.

Au rayon points positifs, l’actuel entraîneur des gardiens de Metz lui accorde aussi « plus de vélocité et de rapidité dans ses sorties » que son ancien poulain. Vincent Fernandez y ajoute « une bonne allonge sur sa ligne », même si à ce niveau-là, Bourges estime que Sirigu lui est supérieur : « Salvatore a une envergure phénoménale, il prend une place folle dans le but. »

Et le dégagement aux poings ?

En revanche, au-delà des fautes de concentrations, Trapp présente certaines lacunes techniques. D’abord dans ses prises de balles, où l’Allemand est un des gardiens en Europe qui utilise le moins les dégagements des deux poings. « Ça lui éviterait pourtant certaines fautes de mains, note Bourges. C’est une prise de risque, à force de vouloir trop garder le ballon il se donne la possibilité de faire des erreurs. C’est l’exact inverse de Sirigu, qui déviait, repoussait, dégageait tout ce qu’il pouvait de manière très efficace.

Un problème qui se combine avec une lecture du jeu aérien encore perfectible : « Il a une grosse marge de progression dans ce domaine, note Fernandez. Ça se voit dans son attitude, on ne sait pas s’il va anticiper sur les ballons aériens, il est plus dans la réaction. Sur les coup-francs à 25-30 mètres il hésite souvent à sortir. »

Bref, au bilan technique, il est aussi difficile pour ces experts du métier que pour nous d’assurer que Trapp est pour l’instant une plus-value au jeu parisien. Que ce soit par rapport à son prédécesseur où à une possible « star » (Lloris ? Ter-Stegen ?) qui leur aurait coûté 40 plaques l’été dernier. « Je reste surpris du choix tout de même, confirme Vincent Fernandez. Je m’attendais à ce que Paris fasse le choix d’un gardien plus confirmé qui a l’habitude du haut niveau. Mais Trapp est un choix intéressant car il est jeune (25 ans) et il a de la place pour progresser. » S’il pouvait le faire subitement mercredi soir autour de 20h45 à peu près, ce serait vraiment top.