Comment Sharapova a-t-elle pu ne pas savoir que son médicament n'était plus autorisé?
TENNIS•La Russe assure qu’elle ne savait pas que la liste des produits avait évolué au 1er janvier…N.C.
Régulièrement soupçonné de protéger ses icônes de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un problème avec le dopage, le tennis a peut-être perdu l’une d’entre elles, lundi. Maria Sharapova a révélé avoir été contrôlée positive lors du dernier Open d’Australie au meldonium, un médicament qu’elle prend depuis 10 ans. « Le règlement a changé le 1er janvier dernier et ce médicament est devenu un produit prohibé, ce que je ne savais pas ».
Mais comment est-ce possible, à ce niveau de professionnalisation ? Si ce que la Russe raconte est vrai, une telle négligence est plus qu’inquiétante pour elle et son équipe de quatre personnes qui l’accompagne à plein-temps. Pour ne pas dire que cela paraît complètement invraisemblable. Accéder à la liste des produits interdits prend environ 3,5 secondes sur Internet. Le temps detaper « liste produits interdits ama » dans Google…
Avant cela, l’agence mondiale antidopage prévient les joueurs et les joueuses par mail. Mais la Russe n’a pas jugé bon de prendre quelques minutes pour regarder le fichier mis à jour. « Au niveau de son staff, il y a clairement eu un problème. Je ne sais pas comment ça se passe pour elle et ses rapports avec ses structures nationales, mais nous [en France] nous faisons beaucoup de sensibilisation », assure Arnaud Di Pasquale, le Directeur technique national.
« Il est important que les dirigeants jouent ce rôle, tout le temps. Chaque année nous organisons une réunion où on donne à tous la bonne procédure à suivre, ajoute le DTN. Chez nous, les seules personnes habilitées à prescrire des médicaments sont les docteurs fédéraux et ceux des tournois, briefés par Bernard Montalvan, le chef du service médical de la FFT. » Ce qui n'est apparemment pas le cas en Russie. C'est le médecin de famille de Sharapova qui lui a prescrit son meldonium.
Au-delà de ces procédures, il y a aussi et surtout le bon sens des professionnels. « Il y a beaucoup de peur dans le tennis pro, par rapport à ce qui peut sortir dans d’autres sports notamment, reprend Di Pasquale. Quand on est sportif de haut niveau, on doit être au courant de ça. On n’a pas le droit à l’erreur et on le sait. » Cette erreur, Sharapova l'a faite et personne ne se l'explique.
« Je suis pleinement responsable, j’ai fait une énorme erreur », a tout de suite reconnu Sharapova, lundi. Que l’on soit convaincu ou non de sa bonne foi, le mal est fait. Suspendue à titre conservatoire, la 7e joueuse mondiale risque maintenant entre deux et quatre ans de suspension. A bientôt 29 ans (en avril), cela ressemblerait fort à une fin de carrière anticipée. En tout cas de sa carrière au plus haut niveau mondial.