«Dropped»: Alain Bernard «commence à regarder vers l'avant, sans oublier» la catastrophe
DRAME•Alors qu'Alain Bernard participait à l'émission de télévision, deux hélicoptères s'étaient crashés provoquant le décès de plusieurs sportifs français...20 Minutes avec AFP
«C'est très présent. Mais ça paraît irréaliste ». Le nageur Alain Bernard n'a rien oublié de cette journée tragique du 9 mars en Argentine où Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, champions engagés comme lui sur le jeu télévisé « Dropped », ont été tués dans un accident d'hélicoptère.
« Ca a été tellement violent d'un coup », livre le champion olympique 2008 dans un entretien à l'AFP. « On a tous repris nos obligations pour continuer à avancer plutôt que de s'apitoyer sur son sort. Et je ne suis pas le plus triste, les plus tristes ce sont les familles », poursuit-il avec pudeur.
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Les proches des victimes ont eu un début de réponse sur l'accident avec la publication, jeudi, du rapport du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) argentin: selon les enquêteurs, c'est une erreur de pilotage qui est à l'origine de la collision de deux hélicoptères sur le tournage.
« C'est ce que je pensais déjà, mais c'est ce que les familles attendent, assure Bernard. Pour faire leur deuil, elles ont besoin de savoir comment s'est passé l'accident, s'ils ont souffert, s'ils ont eu le temps de réaliser ». Dix personnes sont mortes dans l'accident: la navigatrice Florence Arthaud, la nageuse Camille Muffat, le boxeur Alexis Vastine, cinq membres de l'équipe de l'émission de TF1 et les deux pilotes argentins.
« On a tendance à oublier ces choses simples »
Bernard, retraité des bassins depuis les JO de Londres en 2012, avait été sollicité pour participer à ce nouveau jeu d'aventures. « Pour moi, c'était un défi, j'avais envie de savoir ce que j'avais dans le ventre. C'était un genre de test ».
Une dizaine de jours après le début du tournage, le drame se produit. « Sur le moment, j'ai dit à beaucoup de personnes que je les aimais, se souvient l'ex-nageur. C'est quelque chose d'une extrême violence, beaucoup de tristesse et de douleur. Et petit à petit on reprend notre routine ».
Dès son retour en France, il retrouve ses proches, sa mère et ses deux soeurs, son entraîneur de toujours Denis Auguin. Et passe beaucoup de temps avec eux. « Après, on a tendance à oublier ces choses simples comme ce premier déjeuner avec Denis ou cette première fois ou j'ai revu ma mère et mes soeurs à mon retour... Aujourd'hui, si je repars en week-end avec elles ou déjeune avec Denis, ce ne sera jamais comme ça », assure-t-il.
Une année difficile
« Or, il faudrait que ce le soit tout le temps. J'ai pris un coup de pied au cul. J'étais déjà plutôt un bon vivant mais depuis j'ai envie de me coucher le soir en me disant que j'ai profité à fond de ma journée, sur tous les plans. Me dire: "je suis encore là ce soir, demain je profiterai à fond quoi qu'il arrive"».
D'autant que le champion a enchaîné les épreuves en quelques mois: « En un an et demi j'ai pris pas mal de claques. J'ai perdu mon papa l'année dernière. J'ai ouvert une salle de sport avec un gars que je ne connaissais pas et j'ai perdu de l'argent. Je suis tombé amoureux d'une fille que je pensais connaître et que je ne connaissais pas. J'ai été déçu et c'est cet événement de 'Dropped' qui m'a décidé à rompre ».
« Ca fait grandir. J'ai eu pas mal d'épreuves, on ne dirait pas comme ça. Même si ça touche et ça blesse, je suis toujours là et je regarde vers l'avant, sans oublier », glisse-t-il dans un sourire.