Euro 2016: «Les risques de hooliganisme sont secondaires par rapport aux risques terroristes»
SECURITE•Le patron de l'organisation de l'Euro , Jacques Lambert, évoque la question de la sécurité et notamment des fans zones...N.C. avec AFP
Encore plus depuis les attentats du 13 novembre dernier, la sécurité est une grande préoccupation pour l’Euro 2016. Les fans zones, notamment, sont au coeur de cette question. Le patron de l’organisation, Jacques Lambert est toutefois optimiste quant à leur bonne organisation.
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La sécurité est redevenu LA question cruciale pour l’organisateur de l’Euro que vous êtes. Quelles décisions ont été prises depuis le 13 novembre ?
Aucune. Pour la simple raison que nos interlocuteurs essentiels, les services de l’Etat, le ministère de l’Intérieur, les services de police et de renseignements avaient pour priorité la COP21. De notre côté, nous avions le tirage au sort à préparer. Le travail effectif pour tirer les enseignements de ce qui s’est passé ne se fera qu’après ces deux échéances. On a encore du temps pour faire ce travail de façon posée et raisonnée.
L’UEFA a-t-elle budgété le surcoût en matière de sécurité qui devrait résulter de ce travail ?
Non, on n’a pas commencé a travailler sur les éventuelles modifications du dispositif de sécurité donc, par définition, nous n’en avons pas tiré de conséquences financières. Tout le sens de la coopération entre l’Etat et l’organisateur en matière de sécurité, c’est l’efficacité de l’interface. Et notamment sur les stades, le moment où l’on franchit le périmètre avec d’un côté les forces de sécurité de l’Etat, de l’autre celles de l’organisateur. C’est là que se joue l’essentiel de l’efficacité du dispositif. Cela ne sert à rien de décider de faire ceci ou cela si l’on ne sait pas ce que notre partenaire Etat va faire de l’autre côté. Maintenant, si votre question a pour sens : "Est-ce que vous avez des réserves budgétaires pour faire face aux mesures que vous allez adopter ?", la réponse est oui.
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Craignez vous que certaines villes n’organisent pas de fans-zones ?
Les deux seules villes qui ont émis des doutes sur le sort et la configuration des fans-zones sont Toulouse et Saint-Etienne. Mais les villes elles non plus n’ont pas encore fait le travail de réévaluation des dispositifs de sécurité. Par ailleurs, Alain Juppé (président du club des sites) a émis une position de synthèse favorable au maintien des fans-zones, avec toutes les conséquences que cela a. Personnellement, je m’attendais à un réflexe beaucoup plus prudent. Cela veut dire que les villes ont mesuré ce que représente l’accueil des supporteurs sur leur territoire, et celui de la population locale.
Les équipes jouent dans des stades sans cesse différents. Comment vont être assurés le suivi et la sécurité des supporteurs entre les matchs ?
Le dispositif de sécurité hors match va dépendre de la foule de supporteurs que chaque équipe va drainer derrière elle. On va voir en fonction des achats de billets de chaque association nationale et on en tirera les conséquences. Mais on ne va pas suivre à la trace les supporteurs entre les matchs. Très honnêtement aujourd’hui, les risques liés au hooliganisme sont très nettement secondaires par rapport aux risques terroristes. On ne les néglige pas mais ce n’est pas là-dessus que l’on a le plus de crainte.
Etes-vous satisfait du casting de l’Euro sur le plan sportif, mais également économique, touristique ?
Hormis les Pays-Bas, dont on sait qu’ils drainent avec eux des dizaines de milliers de supporteurs (donc de visiteurs et consommateurs potentiels), tous les grands pays d’Europe sont là. Je ne vois pas ce que l’on pouvait espérer de mieux…
L’Euro aurait pu se préparer de manière plus sereine pour l’équipe de France, plombée par l’affaire Benzema. Vous le déplorez ? Sachant que le succès de la France est aussi un gage de réussite pour la compétition.
Je ne sais pas si le feuilleton Benzema intéresse en dehors de la France. Est-ce que ça peut avoir un impact sur l’attrait des Allemands des Portugais, des Espagnols pour l’Euro ? Je ne le pense pas un instant. Pour le reste, en 1998, le traitement que l’on a fait subir au malheureux Aimé Jacquet n’engendrait pas non plus de très bonnes conditions de préparation. Aujourd’hui, je me garderais bien d’émettre un avis sur le fait de savoir si Monsieur Benzema et Monsieur Valbuena doivent être en équipe de France. Ce n’est pas ma compétence. En revanche, que l’équipe de France fasse de bons résultats ou pas, qu’elle aille au bout ou n’y aille pas, ça change tout pour la vision du succès de l’Euro que l’on aura en France. On n’aurait pas aujourd’hui le même souvenir de 1998 si la France n’avait pas gagné.