AUTOMOBILEFormule 1: Pourquoi, en rachetant Lotus, Renault fonce droit dans le mur

Formule 1: Pourquoi, en rachetant Lotus, Renault fonce droit dans le mur

AUTOMOBILELe constructeur français a annoncé jeudi soir son retour officiel en F1…
Guilhem Richaud

Guilhem Richaud

Les discussions auront duré près d’un an. Après être entré en négociations exclusives en septembre, Renault a enfin scellé jeudi soir le rachat de Lotus. Un retour aux sources pour la marque au losange, qui avait vendu son écurie à l’entreprise britannique en 2012. Alors certes, vous vous marrerez bien si dans un an Pastor Maldonado termine champion du monde devant Lewis Hamilton (1 contre 345 millions chez les bookmakers), mais 20 Minutes vous explique pourquoi, avec ce rachat, Renault F1 va se planter.

« [BREAKING] #Renault announces return to #Formula1 in 2016 #F1 pic.twitter.com/yDDFhilAiH — Renault (@Groupe_Renault) December 3, 2015 »

Parce qu’ils ont déjà foiré leur moteur en 2015, alors comment réussir une voiture en 2016…

C’est ce qui a fait la renommée de Renault en F1. La construction des moteurs. Tout le monde se souvient du V6 turbo qui a fait sa légende dans les années 1980 (bon ok, personne s’en souvient, mais si, si, c’était le cas). Sauf que depuis deux saisons, le moteur Renault tourne à l’envers. Red Bull, qui en est équipé, a passé son année à se plaindre. A aucun moment le propulseur n’a été capable de concurrencer Mercedes et Ferrari. « Il ne faut pas qu’ils pensent à 2016, mais plutôt à 2017, prévient Paul Belmondo, ancien pilote et désormais consultant pour Canal + dans l’émission Les spécialistes F1. C’est beaucoup trop tard pour être compétitif. Il leur faudra du temps pour gagner des courses. Une année de travail ne sera pas suffisante. Il faudra reconstruire et engager les bonnes personnes. On a vu les difficultés de Honda cette année, ça s’annonce compliqué. » Seul avantage, Renault pourra, en 2016, bien évaluer la performance de son moteur dans un châssis de pointe sur Red Bull et avoir un élément de comparaison avec leur propre voiture.



Parce qu’ils ont laissé partir Grosjean…

Il est loin le temps où le jeune Grosjean (le pilote, pas le tennisman) se plantait au départ d’un Grand Prix sur deux. Et qu’il se mettait à dos tous les tops pilotes. Aujourd’hui, le Français a fait ses preuves. Depuis deux saisons, il tient Lotus à bout de bras. « Romain Grosjean a vraiment fait une belle saison, analyse Paul Belmondo. Il a vraiment porté Lotus cette année. A chaque fois qu’il a pu marquer des points, il l’a fait. » Mais lassé d’attendre le retour de Renault, Grosjean s’est engagé il y a quelques semaines avec Hass GP. « Il a reçu une proposition ambitieuse, avec un appui technique de Ferrari, reprend l’ancien pilote. C’est normal qu’il soit parti. A ce moment-là, Lotus ne pouvait pas le retenir. »

Parce qu’ils vont prendre deux pilotes payant…

C’est le fléau de la F1 moderne. Des pilotes pas forcément bons (quand ils ne sont pas tout simplement dangereux), qui achètent, via leurs sponsors personnels (voir parfois via papa et maman) une place dans un baquet. La pratique est réservée aux écuries de second plan, qui peinent souvent à boucler leur budget. Mais en 2016, Renault va devoir y céder. Ils vont récupérer Pastor Maldonado et Jolyon Palmer, qui ont déjà payé Lotus. Pas digne de son rang de constructeur historique, au même titre que Ferrari et McClaren. Résultat, il ne faudra pas trop espérer de ces deux-là sur la piste. Maldonado est en place depuis deux saisons chez Lotus. Sur un malentendu, il a même gagné un Grand Prix en 2012 (chez Williams), mais il est surtout coutumier d’erreurs XXL. Pour le Britannique Palmer, c’est une autre histoire. Personne ne sait vraiment ce qu’il vaut. Et rien ne laisse présager une bonne surprise.

Parce que c’est peu probable de voir des pilotes français arriver…

Ça serait logique. Une écurie française, un pilote français. D’autant plus que les circuits de l’Hexagone regorgent de jeunes talentueux qui ne demandent qu’à prendre de l’expérience. Mais ce n’est pas parti comme ça. On vous a déjà dit que le casting 2016 était bouclé. Et il est peu probable que celui de 2017 soit plus favorable à la jeune garde tricolore. « Lors du dernier passage de Renault en F1, dans les années 2000, ils se moquaient complètement d’avoir des pilotes français, rappelle Paul Belmondo. Pas sûr que ça ait vraiment changé. Tout dépendra du marché dans un an. » Et avec une palanquée de fins de contrat, et les rumeurs qui circulent sur la possibilité de mouvement d’Hamilton ou de Rosberg chez Mercedes, il pourrait y avoir pléthore de candidats. « Si Renault a le choix entre récupérer Alonso, et choisir un Français, la question ne se posera même pas », conclut Paul Belmondo. La possibilité d’un retour de l’enfant prodigue est alléchante. Finalement, c’est peut-être le seul espoir de prendre le bon virage.