FOOTBALLLigue 1 : Comment le PSG a sauvé Adrien Rabiot

Ligue 1 : Comment le PSG a sauvé Adrien Rabiot

FOOTBALLLe milieu de terrain enchaine les grosses performances après avoir longtemps été proche de la rupture avec ses dirigeants et ses coéquipiers…
Julien Laloye

Julien Laloye

Sur Adrien Rabiot, notre avis a changé un soir d’octobre à Bernabeu. Remplacer à froid Marco Verratti et marcher sur le milieu madrilène en trottinant, ça pose son homme. Maintenant que le Parisien enchaîne enfin les matchs et les prestations maousses, comme à Malmö, il est temps de rendre hommage au PSG : Sur ce dossier, il a en fallu de la patience pour ne noyer personne dans la Seine et faire du jeune garçon (20 ans à peine) un joueur majeur du projet qatari. Les dirigeants parisiens ont parfaitement manœuvré pour éviter un nouveau cas Coman.

Laurent Blanc ne l’a jamais lâché

Cela fait partie des qualités de Laurent Blanc, il ne laisse personne sur le bord de la route. Son opinion sur Rabiot n’a jamais varié en dépit des impatiences répétées du garçon. « Si j’ai bon souvenir, depuis 3 ans que j’entraîne le Paris Saint-Germain, dès la première année, il a été à un très bon niveau, explique l’entraîneur parisien. C’est quelqu’un qui a un potentiel très important. Il est en train de progresser. S’il devient lui aussi adroit devant le but, au niveau des frappes et du jeu de tête, ça va devenir un joueur très complet et un joueur très important pour le PSG dans le futur ».



Les mêmes mots étaient employés il y a pile un an, dans un contexte tout autre. Rabiot ne figurait même pas sur la liste de C1 déposée par le club à cause d’un énième mercato agité, mais Blanc avait insisté pour le conserver malgré l’intérêt de la Roma et les états d’âme de son joueur. « Vous savez ce que je pense de ce joueur, je l’apprécie beaucoup. Il est l’avenir du Paris SG, il n’a que 19 ans. On va lui donner le plus de temps de jeu possible ». Parole tenue : Rabiot a joué une petite trentaine de match, dont 17 titularisations en L1, un petit exploit quand on commence sa saison en novembre. Il a pris un peu d’avance cette année, avec 7 titularisations, déjà, en championnat.


Le club a su gérer un entourage compliqué

Il nous faudrait plus qu’un papier pour faire le tour des anecdotes qui courent dans le milieu sur Véronique Rabiot, à la fois mère et agent du jeune homme. Il y a le stage au Qatar finalement zappé par le fiston pour une histoire de voyage non payé par le club, ces conseillers qui partent en courant un à un, ou encore cet « off » savoureux narré par le JDD sur l'équipementier du joueur diligenté par Rabiot mère pour demander aux dirigeants de Manchester United pourquoi le club ne s’est pas encore positionné sur Rabiot fils.

Maman ours/Franck Fife (AFP)

En juillet, Véronique Rabiot explique au Parisien qu’elle a demandé le transfert d’Adrien. Comme l’été d’avant… et encore celui d’avant. « Adrien aime le PSG, il est attaché au PSG, c’est son club de cœur. Il aimerait y faire carrière. Mais ce n’est pas possible. Il lui faudrait 35 matchs pleins par saison pour poursuivre sa progression, Comme il ne peut pas se faire sa place, il est préférable qu’il parte ». Les dirigeants parisiens arrivent pourtant à s’entendre avec cette interlocutrice encombrante. D’abord un prêt sans option d’achat à Toulouse, puis une belle augmentation de salaire (250 000 euros par mois), et enfin le départ de Cabaye, première doublure de l’indéboulonnable trio Motta-Verratti-Matuidi.

Le vestiaire a toléré ses caprices

Il n’y a pas que l’état-major parisien qui s’est arraché les cheveux sur le cas Rabiot. Le vestiaire, aussi, s’est agacé du comportement parfois limite d’un joueur un peu trop ignorant de la place de chacun dans la hiérarchie. Son incroyable bouderie avant la finale de la Coupe du France avait valu à Rabiot une remontée de bretelles sévère en interne, en plus d’une grosse amende. Personne n’avait compris la réaction de l’international espoir, qui avait refusé de rejoindre le groupe au Stade de France après avoir raté le départ du bus de quelques minutes.



Lors de la préparation estivale, sa prise de bec avec Zlatan Ibrahimovic lors d’un match contre Chelsea avait surpris, personne ne se risquant habituellement à contrarier le Suédois. « Avec Ibra, on s’est un petit peu "chauffé" sur le terrain. On en a parlé dans le vestiaire. Tout est rentré dans l’ordre, il n’y a pas eu de souci ! » avait-il évacué dans la foulée, pas embêté le moins du monde. C’est d’ailleurs une constante chez Rabiot, il n’hésite pas à dire ce qu’il pense, parfois oublieux des règles implicites qui régissent le foot. Ainsi, cette interview surréaliste à la mi-temps d’un match en janvier, au cours de laquelle Rabiot glisse tranquillement « qu’il faut arrêter de faire des passes bêtes comme celles de Javier ». Ses coéquipiers ont appris à faire avec.

Les supporters ne l’ont (pas trop) pris en grippe

Le soutien du vestiaire n’est pas qu’une posture médiatique. Les polémiques suscitées par la gestion du cas Rabiot à Paris ont valu quelques remarques acerbes au jeune homme, en particulier l’hiver dernier, d’abord sur Twitter, puis au Parc des Princes, où ses premières prestations après son retour n’ont ébloui personne. Blaise Matuidi avait alors pris sa défense. « Nous sommes des footballeurs, mais, par moments, on aimerait que les gens puissent comprendre les hommes. Ce n’était pas forcément un coup de gueule de ma part après PSG-Rennes, mais quand je pense à Adrien… C’est un garçon formé au club. Il habite à Paris avec toute sa famille. Un joueur comme ça, on se doit d’être derrière lui et espérer qu’il fasse une grande carrière au PSG ».

« Selon VéroniqueMercato, le prix d’Adrien Rabiot est passé à 55 millions d’euros après le match d’hier soir. #MALPSG — WinamaxSport (@WinamaxSport) November 26, 2015 »

Rabiot s’était de son côté contenté d’un message transparent sur les réseaux sociaux. « Ceux qui te critiquent ou (te) jalousent sont souvent ceux qui te voudraient différent, car ils voient en toi ce que eux ne seront jamais (…) ». C’était avant de retourner l’opinion des supporters parisiens sur le terrain.